Durkheim, Émile (1858-1917)
Issu d’une famille de rabbins, agrégé de philosophie, Émile Durkheim (1858-1917) est l’un des plus grands sociologues du tournant du XXe siècle, mais aussi une figure marquante de l’histoire de l’anthropologie par l’influence de sa pensée holiste et organiciste, en France comme à l’étranger, par les dialogues et confrontations qu’il a entretenus avec les anthropologues britanniques et allemands en particulier. Il est le fondateur d’une méthode scientifique pour la sociologie, d’une École – dite École sociologique française – et d’une revue, L’Année sociologique (1896), autour de laquelle gravite une pléiade de disciples brillants, dont son neveu Marcel Mauss et Henri Hubert. D’abord enseignant à l’université de Bordeaux (1887), il est nommé à la Sorbonne en 1902. Expliquer le social par le social, considérer les faits sociaux comme des choses, mettre en évidence la puissance coercitive des faits sociaux qui s’imposent à l’individu, insister sur l’importance de la conscience collective et des représentations collectives, montrer la part collective de la psychologie individuelle : voici quelques-uns des principes méthodologiques défendus par Durkheim. Auteur d’une œuvre comprenant plusieurs classiques de la sociologie – dont De la division du travail social (1893), Les règles de la méthode sociologique (1895), Le Suicide (1897) –, Durkheim était particulièrement attentif à la littérature ethnologique et ethnographique de son temps. Il participa au débat totémique, s’intéressa aux classifications primitives, aux origines de l’interdiction de l’inceste. Sa sociologie religieuse puise dans des matériaux ethnographiques récents, surtout d’Australie centrale, à l’instar de son dernier grand opus Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie (1912), dont la tonalité apparemment évolutionniste n’enlève rien à sa dimension iconoclaste : si Durkheim s’attaque aux approches psychologisantes qui réduisent la religion à une illusion, lui-même compte parmi les figures iconiques qui ont tué Dieu, en sapant la dimension transcendantale de la religion, en instituant des fondements exclusivement sociaux au religieux. Ce dernier ouvrage fut fraîchement accueilli par de nombreux anthropologues contemporains qui désapprouvèrent son utilisation des faits ethnographiques au service de sa théorie. L’œuvre et la pensée d’Émile Dukheim exercent encore une influence durable sur les sciences sociales, les études durkheimiennes connaissant un certain rayonnement international, en Grande-Bretagne en particulier.
Mots-clés : Linguistique | Psychologie | Sociologie | Philosophie | Sociologie religieuse | Ethnologie/anthropologie française | Totémisme | Seconde moitié du XIXe | Premier quart du XXe | France | Marcel Mauss | Lucien Lévy-Bruhl | Henri Hubert | École durkheimienne
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« Science de l’Homme ou “ Science de Dieu ” ? Révélation primitive et formes élémentaires du religieux [Redirection dossier Anthropos] »
André Mary, 2015
L’année 1912 constitue sur le plan des études consacrées aux phénomènes religieux un moment exceptionnel de synthèse et d’aboutissement. C’est d’abord la publication de l’ouvrage majeur de Durkheim : Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie, dont (…)
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« Émile Durkheim, Sigmund Freud, Rudolf Otto. Dialogues sur l’altérité »
Marcello Massenzio, 2015
Durant le bref intervalle qui sépare les années 1912 et 1917 paraissent trois livres de fondamentale importance dans l’histoire de la pensée occidentale : Les formes élémentaires de la vie religieuse : le système totémique en Australie d’Émile Durkheim (1912) ; Totem et tabou. Quelques (…)
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