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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Né en 1908 à Bruxelles, Claude Lévi-Strauss est l’un des grands anthropologues français de la seconde moitié du vingtième siècle. Issu d’une famille juive, agrégé de philosophie, il milite dans la mouvance socialiste dans sa jeunesse, avant de se tourner vers l’ethnologie au milieu des années 1930. Accompagné de sa première épouse Dina, il rejoint en 1935 l’université de São Paulo où il enseigne la sociologie trois ans. Pendant ses années brésiliennes, il conduit deux expéditions ethnographiques chez les Indiens caduveo, nambikwara et bororo, sur le plateau du Mato Grosso. Il s’exile à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, enseigne l’ethnologie à la New School for Social Research. Il fréquente les surréalistes exilés, rencontre Alfred Kroeber, Robert Lowie, Franz Boas et bien d’autres anthropologues étatsuniens. Il travaille à la rédaction de sa thèse depuis la New York Public Library. Grâce à Alfred Métraux, il collabore au projet du Handbook of South American Indians dirigé par Julian Steward. La rencontre avec Roman Jakobson qui lui fait découvrir le structuralisme linguistique, la méthode structurale, est décisive. Rentré en France en 1948, il est nommé maître de recherche au CNRS et sous-directeur du musée de l’Homme jusqu’en 1949. La publication de sa thèse en 1949, Les structures élémentaires de la parenté, est très remarquée. Après deux échecs au Collège de France, il est élu en 1950 directeur d’études à l’EPHE (sur la chaire occupée en son temps par Marcel Mauss) et secrétaire général du Conseil international des sciences sociales de l’Unesco en 1953. Les publications s’enchaînent : l’ « Introduction » à l’œuvre de Marcel Mauss paraît en 1950, Race et histoire en 1952, Tristes Tropiques en 1955, Anthropologie structurale (un recueil d’articles) en 1958 – les disputes intellectuelles aussi, avec Georges Gurvitch, Roger Caillois, Jean-Paul Sartre, etc. Les portes du Collège de France s’ouvrent en 1959 : Claude Lévi-Strauss est élu professeur titulaire de la nouvelle chaire d’anthropologie sociale. En 1960, avec Isac Chiva, il fonde le Laboratoire d’anthropologie sociale (sans chercher pour autant à fonder une école et former des disciples, ce qui l’indiffère) et, en 1961, L’Homme. Revue française d’anthropologie, avec Émile Benveniste et Pierre Gourou (sans chercher aucunement à en faire la revue d’une école de pensée, le structuralisme anthropologique). Des années d’une intense fécondité scientifique découlent de l’enseignement à l’EPHE et au Collège de France, ses ouvrages bénéficiant d’une reconnaissance et d’un rayonnement considérables : Le totémisme aujourd’hui (1962), La Pensée sauvage (1962), les quatre Mythologiques (1964-1971), Anthropologie structurale deux (1973), La voie des masques (1975). Dans l’incompréhension de son milieu disciplinaire, il candidate et est élu à l’Académie française en 1974. Il part à la retraite en octobre 1982. Suivent Le Regard éloigné (1983), La Potière jalouse (1985), Histoire de lynx (1991), Regarder écouter lire (1993), Saudades do Brasil (1994). Il meurt en 2009 à Paris, centenaire. Auteur d’une œuvre théorique ambitieuse qui interroge à nouveaux frais les rapports nature/culture et affirme la singularité de la démarche anthropologique vis-à-vis des autres sciences sociales, il cherche à identifier les invariants des sociétés humaines, les logiques symboliques à l’œuvre dans le fonctionnement de l’esprit humain en société. L’attention extrême que Claude Lévi-Strauss porte à l’infini chatoiement de la diversité ethnographique, fortement ancrée à l’origine dans les matériaux américanistes, est notable dans de nombreux domaines de recherche : parenté, mythologie, art, pensée sauvage, etc. S’il n’a jamais dominé le champ anthropologique français dans les années 1950-1980, profondément pluriel et composé de fortes personnalités, il a inspiré de nombreux anthropologues dans des directions très différentes, en France comme à l’étranger, son œuvre se prêtant à de multiples lectures, prolongements ‒ et critiques.

Mots-clés : Linguistique | Anthropologie sociale et culturelle | Ethnologie/anthropologie française | Structuralisme | XXe siècle | France | Brésil | Amazonie | Australie | Études amérindiennes | Américanisme | Bororo | Caduvéo | Nambikwara | Anthropologie de la parenté | Mythes | Anthropologie symbolique | Art | Franz Boas | Marcel Mauss | Collège de France | Alfred Kroeber

Sources secondaires

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