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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Paul Kirchhoff (1900-1972). Note biographique

Judith Syga‑Dubois

Université de Haute-Alsace (Institut de Langues et Littératures européennes)

2025
Pour citer cet article

Syga–Dubois, Judith, 2025. « Paul Kirchhoff (1900-1972). Note biographique », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article3863.html

Paul Kirchhoff nait en 1900 en Allemagne à Hörste en Westphalie. De 1907 à 1919, il fréquente le « Gymnasium » humaniste de Zehlendorf à Berlin. Il effectue ensuite deux semestres d’études en théologie protestante à l’université de Berlin, avant de se réorienter vers la philosophie, l’économie et l’ethnologie qu’il étudie à Berlin et à Fribourg-en-Brisgau. Il fréquente ensuite l’université de Leipzig où l’ethnologie devient sa matière principale, complétée par des cours en sociologie et en psychologie. En juin 1927, Kirchhoff soutient sa thèse de doctorat préparée sous l’égide de Fritz Krause. Son mémoire porte sur les liens de parenté chez les populations indigènes d’Amérique du Sud. Parallèlement, Kirchhoff travaille à partir de 1926 au Musée ethnologique de Berlin dirigé par Konrad Theodor Preuss. Son intérêt scientifique se déplace alors vers l’Amérique du Nord.

En 1928, Kirchhoff obtient une bourse du Laura Spelman Rockefeller Memorial pour effectuer un séjour de recherche aux États-Unis. Après un passage à Londres où il rencontre Malinowski, il arrive aux États-Unis à la fin de l’année. Conseillé par Franz Boas, Edward Sapir et Frank Speck, il mène ses premières enquêtes de terrain auprès des Catawba en Caroline du Sud et des Cherokee en Caroline du Nord. Il travaille aussi auprès de Sapir à Chicago et noue des relations étroites avec Alfred L. Kroeber et Robert H. Lowie à Berkeley. Enfin, il rassemble des matériaux pour élaborer une grammaire apache. De retour en Allemagne en septembre 1930, Kirchhoff obtient une bourse de la Notgemeinschaft der deutschen Wissenschaft (novembre 1930 à octobre 1931). En août 1931, il se marie avec Johanna Faulhaber.

Kirchhoff prévoit alors de partir en Afrique avec la bourse qui lui a été attribuée par l’Institut international africain de Londres pour y effectuer des recherches sociologiques et ethnologiques, mais le Colonial Office britannique lui refuse le droit d’entrer dans les colonies britanniques en Afrique en l’accusant d’être communiste. Kirchhoff se tourne alors vers l’Australian Research Council mais y rencontre les mêmes difficultés. La fondation Rockefeller lui attribue en octobre 1932 un soutien financier pour une durée de huit mois (grant-in-aid). Après un séjour en Irlande, Kirchhoff se rend au début de l’année 1934 à Paris où il travaille au Musée du Trocadéro. A l’automne 1934, il quitte l’Europe pour les États-Unis, ayant trouvé un poste temporaire d’assistant à la Columbia University. En 1936, Kirchhoff émigre au Mexique, pays dont il obtient la citoyenneté en 1941. Il travaille sur les cultures mésoaméricaines, terme qu’il introduit en 1943. Kirchhoff mène ensuite une longue carrière d’ethnologue au Mexique au sein de l’Ecole nationale d’anthropologie et d’histoire et à l’Université nationale autonome du Mexique, tout en enseignant aussi comme professeur invité aux États-Unis et en Allemagne. Ses multiples centres d’intérêts font de lui un spécialiste reconnu de l’ethnologie du Mexique, de l’Amérique centrale et du sud-ouest des États-Unis. Paul Kirchhoff meurt en 1972 à Mexico.