Du fait de sa faible institutionnalisation en France dans le premier XXe siècle, l’ethnologie, science en construction, est une discipline qui, comparée aux autres sciences sociales, accueille un grand nombre de femmes dans ses rangs. Dès les années 1930, les femmes « constituaient un bon cinquième des étudiants » et « partaient elles aussi sur le terrain » (Laurière 2015 : 50), mais des attentes spécifiques pesaient alors sur leurs travaux, eu égard à leur identité de genre. Ainsi, Paul Rivet, espérant que « ces femmes ethnographes pourraient observer et pénétrer plus aisément la sociabilité féminine » (Laurière 2017 : 427), justifie l’intérêt scientifique de leur présence sur le terrain en arguant que « par sa sensibilité », « la femme a beaucoup plus de possibilités de pénétrer les secrets de la vie sociale et familiale que l’homme [1] ». Si l’ethnologie apparaît alors comme une discipline particulièrement accueillante pour les femmes, cet accueil est motivé par l’existence supposée de qualités féminines leur permettant, sur le terrain, d’obtenir des renseignements sur des sujets considérés plus difficilement accessibles par les hommes [2]. Corollairement, c’est à la collecte de données et non à la théorisation – affaire d’hommes, cette fois – que semblent être destinées les femmes ethnologues aux yeux des animateurs de la discipline comme Paul Rivet.
Plus tard, avec l’institutionnalisation croissante de la discipline en France dans les années 1950-1960, plusieurs de ces femmes entrées en ethnologie avant-guerre obtiennent des positions institutionnelles et une reconnaissance intellectuelle (à l’image des ethnologues africanistes Denise Paulme et Germaine Tillion, directrices d’étude à la VIe section de l’École pratique des hautes études, EPHE) dans un contexte où, si les femmes constituaient déjà plus d’un tiers des étudiants en France (Marry 1995 : 591), comme le note l’historienne des sciences Françoise Waquet, « au niveau professoral elles commençaient à peine à devenir visibles » (Waquet 2008 : 300). Toutefois, en dépit du bon accueil réservé aux femmes par l’anthropologie française à cette période, celles-ci demeurent soumises à des contraintes de différentes natures eu égard à leur identité de genre. Dans ses travaux sur les femmes ethnologues en France dans l’entre-deux-guerres, Marianne Lemaire montre que ces contraintes, qui peuvent concerner l’accès au terrain, pèsent aussi dans les choix d’écriture et d’objets d’étude des chercheuses qu’elle étudie : celles-ci apparaissent soucieuses de mettre à distance les soupçons de subjectivisme qui pèsent sur leurs travaux pour pouvoir être reconnues comme de véritables ethnologues (Lemaire 2011).
L’objectif de cet article est d’éclairer la permanence du poids des normes de genre dans le champ de l’anthropologie française au-delà du premier XXe siècle par l’analyse du parcours de Françoise Héritier, de ses premiers terrains en Haute-Volta à son élection au Collège de France au prisme des études de genre.
Françoise Héritier présente une double spécificité dans le champ de l’anthropologie française : d’une part, ses travaux sur la parenté samo, qui aboutissent à la formulation d’une théorie générale du fonctionnement des systèmes semi-complexes d’alliance (Héritier 2019 [1981]) et ceux portant sur l’interdit de l’inceste (Héritier 1979, 1994) et la valence différentielle des sexes (Héritier 1996, 2002) font de son œuvre l’une des plus ambitieuses de l’anthropologie du second XXe siècle sur le plan théorique ; d’autre part, en succédant à Claude Lévi-Strauss au Collège de France et à la direction du laboratoire d’anthropologie sociale (LAS), elle se hisse, à 49 ans, au sommet du cursus honorum universitaire, position institutionnelle alors presque exclusivement réservée aux hommes.
Si cette double spécificité fait du parcours de Françoise Héritier un exemple de subversion des normes de genre, nous montrerons que la chercheuse subit néanmoins celles-ci à différents égards tout au long de son itinéraire.
Son parcours constitue ainsi un poste d’observation privilégié pour éclairer le poids de ces normes dans le champ de l’anthropologie française de la fin des années 1950 au début des années 1980. Dans cette perspective, nous nous concentrerons dans un premier temps sur les années de formation et de terrain de la chercheuse avant de nous intéresser à ses choix d’objets d’étude et à la manière dont elle est parfois essentialisée dans la réception de son œuvre [3].
Le couple Françoise Héritier et Michel Izard en Haute-Volta, une collaboration sur un pied d’égalité ?
Françoise Héritier découvre l’anthropologie en 1955. Elle prépare alors l’agrégation d’histoire à la Sorbonne et y rencontre un jeune étudiant en philosophie, Michel Izard [4], de deux ans son aîné [5]. Ils entretiennent rapidement une relation amoureuse [6] et il l’emmène assister aux cours de Claude Lévi-Strauss à la Ve section de l’EPHE (Héritier 2009 : 36). L’année suivante, Lévi-Strauss leur fait part, à son séminaire, d’une demande d’étude émanant du gouvernement général de l’Afrique-Occidentale française (AOF) en Haute-Volta en vue de la réalisation d’un projet de construction d’un barrage sur la Volta. Sont requis, pour cette étude, un ethnologue et un géographe. Lévi-Strauss propose à Michel Izard d’endosser le costume d’ethnologue et pense à Françoise Héritier pour occuper le poste de géographe, celle-ci étant titulaire d’une licence d’histoire et ayant été, à ce titre, également formée en géographie (Héritier 2009 : 39). Françoise et Michel sont ainsi embauchés comme chargés de recherches à l’Institut des sciences humaines appliquées de l’université de Bordeaux (ISHA) avec pour mission « d’étudier, pour le compte du Service de l’hydraulique d’AOF., les problèmes humains que poserait la réalisation du projet d’aménagement hydro-agricole de la vallée du Sourou, envisagé par cette administration, et de proposer des solutions à ces problèmes » (Izard-Héritier & Izard 1958 a : 1-2).
Le couple part ainsi pour son premier terrain pour une période de près d’un an (juillet 1957 - juin 1958) et se marie sur place en février 1958 [7]. Comme les femmes ethnologues de l’entre-deux-guerres, Françoise Héritier réalise son premier terrain en équipe. En effet, toutes sont parties accompagnées de leur conjoint, de collègues masculins ou encore d’une collègue de même sexe (Lemaire 2011 : 85 ; Laurière 2017 : 427). Le fait de partir en couple, s’il peut faciliter l’accès au terrain pour les femmes anthropologues, présente également le risque d’être considérée davantage comme une accompagnatrice que comme une chercheuse à part entière. Ainsi, Georgette Soustelle, dans une interview publiée le 17 février 1935, doit détromper le journaliste Claude Janel qui lui demande si la mission menée avec son mari était un « voyage de noces » (Lemaire 2011 : 85) et c’est sous son seul nom que Jacques Soustelle publie les résultats de leur enquête. À rebours de cette tendance, si le couple de Françoise et Michel tend à différents égards à subvertir les normes de genre, il les reproduit également de diverses façons.
L’équipe Izard-Héritier : une collaboration et une admiration réciproque qui n’efface pas le partage genré des tâches domestiques et scientifiques
Si Françoise Héritier a été recrutée comme géographe pour sa première mission en Haute-Volta, son mari et elle mènent en réalité leurs recherches en commun et c’est ensemble qu’ils signent les différents travaux issus des matériaux de leur première année de terrain (Izard-Héritier & Izard 1958a, 1958b, 1959). Michel semble soucieux d’instaurer entre eux une forme d’égalité de traitement. Il formule ainsi à son ami, le futur ethnologue indianiste Olivier Herrenschmidt [8], dans une lettre du 2 août 1959, la demande « d’écrire à Françoise parce que ça lui fera plaisir et aussi parce que ton choix (m’écrire) est trop nettement antiféministe, comme d’autres choses [9]. ».
Sa correspondance témoigne, en outre, de l’admiration précoce qu’il nourrit à l’endroit de son épouse, concernant ses compétences en matière d’étude de parenté. Le 1er septembre 1960, alors qu’il effectue son service militaire, il écrit à Herrenschmidt qu’il suit : « le travail de Françoise, notamment ce qu’elle fait […] sur la parenté, à travers des lettres d’une haute technicité dont la lecture me donne parfois l’impression (je suis sincère) tant je suis comateux, d’être définitivement en dehors du rayon d’action de l’acide glutamique [10] », confessant ainsi que les compétences de Françoise en la matière sont désormais supérieures aux siennes. Dans une autre lettre, il se réjouit de former avec son épouse « une équipe parfaite [11] ».
Le travail de Françoise Héritier et Michel Izard apparaît ainsi, dans le regard de ce dernier, comme une collaboration à parts égales [12]. La dimension égalitaire du couple s’illustre également dans la manière dont ils combinent parentalité et recherche sur le terrain.
Catherine, leur fille, naît le 5 février 1960. Françoise n’est alors partie qu’une seule fois sur le terrain entre 1957 et 1958 et sa maternité aurait pu constituer une entrave pour la poursuite de ses travaux en Haute-Volta. À titre d’exemple, Rose-Marie Lagrave, sociologue spécialiste des questions de genre, relate dans ses mémoires que Germaine Tillion, apprenant qu’elle avait deux enfants, ne l’a pas laissée partir sur le terrain à Alger. Elle a finalement effectué une thèse sur le village dans le roman contemporain, sous la direction du sociologue ruraliste Placide Rambaud, lui permettant, selon ses propres mots de se « faire rat de bibliothèque et concilier travail de mère et formation doctorale » (Lagrave 2021 : 225-227). Si l’ethnologue amazoniste Simone Dreyfus-Gamelon part quant à elle pour son premier terrain en 1955 en laissant sa fille de 7 ans sous la garde de sa mère (Segalen 2018 : 3), au début des années 1960, la naissance d’un second enfant lui fait renoncer aux missions lointaines et motive, selon Martine Segalen, le glissement « d’une recherche ethnologique classique avec travail sur le terrain » vers « une recherche d’anthropologie historique dont les sources se trouvent dans les archives » (Segalen 2018 : 6).
À contre-pied des normes académiques qui font de la maternité une entrave à la recherche en terrain exotique, Françoise Héritier poursuit ses recherches en Haute-Volta. Son premier carnet de terrain, rédigé entre novembre 1963 et mars 1964, révèle qu’ils emmènent Catherine, alors âgée de 3 ans et demi, avec eux [13]. Pour le terrain suivant, qui débute à l’automne 1964, Michel et Françoise décident de partir sans Catherine qui passe l’année chez les parents de Michel [14]. Après ces six mois passés loin de leur fille, les époux, tantôt se relayent (l’un part sur le terrain tandis que l’autre s’occupe de Catherine), tantôt confient à nouveau leur fille aux grands-parents (Héritier 2009 : 41) ou à des amis [15].
Si Michel Izard tend à présenter sa relation avec Françoise Héritier sous l’angle d’une collaboration sur un pied d’égalité, le premier carnet de terrain de Françoise révèle pourtant que celle-ci cumule, en qualité de mère et d’épouse, travail de recherche et tâches domestiques. Ainsi, c’est toujours elle qui, pendant les six mois de terrain, « lave Catherine » et la « fait manger [16] ».
Cette dissymétrie dans la prise en charge de la vie pratique au sein du couple est également présente dans le partage du travail scientifique. En effet, si Françoise et Michel cosignent les ouvrages issus de leur première année de terrain, la chercheuse se voit confier des tâches subalternes, s’occupant de la dactylographie et de la mise en forme de leurs travaux comme l’atteste notamment une lettre de décembre 1957 dans laquelle Michel écrit à Herrenschmidt que, s’il a du temps libre, Françoise « en a moins […] à cause de la dactylographie [17] ».
En outre, Michel Izard élabore des projets dans lesquels il prévoit de faire travailler Françoise sans que cette dernière soit créditée. Dans une lettre du 14 août 1959 à Herrenschmidt, il lui fait part d’un projet d’ouvrage dans la collection Que-sais-je ? sur l’ethnologie française. Si le livre est présenté comme un ouvrage à six mains, Izard précise qu’ils ne seront que deux à le signer : « Le Que sais-je ? Auteurs : Toi et moi (…) Françoise nous aiderait mais 1) 3 auteurs ça fait con (surtout pour 128 pages) ; 2) c’était originellement un projet à deux [18]. ».
La chercheuse apparaît finalement dominée à différents égards et le couple reproduit par certains aspects (prise en charge de la vie matérielle, répartition du travail scientifique, travaux sans rétribution effectués par Françoise pour son époux), les normes de genre en vigueur dans le monde social français des années 1960.
Après des années initiatiques marquées par une collaboration entre époux, rapidement, les travaux de Françoise et Michel se différencient et chacun travaille sur un objet propre et un terrain spécifique. Françoise Héritier se retrouve alors seule sur le terrain, parfois pendant plusieurs mois. Elle n’en reste pas moins considérée par les institutions de recherche comme l’épouse d’un chercheur plutôt que comme une ethnologue à part entière.
Les pesanteurs institutionnelles : Françoise Héritier comme épouse de son mari
Au cours de l’année 1963, Françoise Héritier commence une thèse sous la direction de Denise Paulme sur la parenté et le mariage chez les Samo de Haute-Volta (au nord-ouest du pays), tandis que Michel Izard entame la sienne sur « L’organisation politique ancienne du Yatenga », travaillant sur les Mossi du nord de la Haute-Volta [19]. Les époux passent donc de plus en plus de temps loin l’un de l’autre, chacun sur son terrain, produisant des travaux en leur seul nom [20]. Ainsi, dans une lettre du 25 janvier 1968, Michel écrit à son ami Herrenschmidt : « Je suis rentré le 23 de Dakar et le 24 je suis parti rejoindre Françoise en pays samo. En fait, Françoise a fait beaucoup de terrain : elle a passé le mois de décembre et la première quinzaine de janvier en brousse [21]. ». En dépit de cette autonomisation, aux yeux des institutions de recherche, elle est bien, avant tout, la femme de son mari.
La discrimination que subit Françoise Héritier en raison de son identité de genre apparaît avec force lorsque, le 29 juillet 1966, Pierre Aigrain, directeur des enseignements supérieurs au ministère de l’Éducation nationale, refuse de lui accorder des crédits pour partir sur le terrain sous prétexte que « les crédits de mission demandés pour M. Izard ont été refusés par la Commission compétente » [22]. L’anthropologue se voit ainsi refuser un financement au motif que son mari n’en a pas obtenu. Elle est de la sorte renvoyée à son statut d’épouse qui prend visiblement le pas, aux yeux de l’institution, sur son statut de chercheuse. Elle proteste dans une réponse du 25 septembre 1966, écrivant qu’elle s’« élève contre la procédure qui consiste à associer mon sort à celui de mon mari » et rappelle qu’ils mènent « des recherches différentes, sur des terrains différents, à l’aide de crédits qui ne sont pas accordés au couple, mais à chacun de nous en particulier [23]. ». Cette protestation reste lettre morte et c’est seulement après son entrée au CNRS comme attachée de recherche qu’elle peut repartir sur le terrain en septembre 1967 [24]. Une fois entrée au CNRS, Françoise multiplie les missions : elle en effectue quatre entre septembre 1967 et avril 1971 pour un total de vingt-et-un mois passés sur le terrain [25]. Elle peut ainsi recueillir les matériaux nécessaires à l’élucidation du système de parenté samo.
En nous penchant, dans une seconde partie, d’une part sur les choix d’objet d’étude et d’écriture de Françoise Héritier et, d’autre part, sur la réception de ses travaux et le traitement médiatique qui lui est réservé, nous verrons comment, en dépit de ses précautions, la chercheuse est renvoyée de manière récurrente à son identité de genre et aux stéréotypes qui y sont attachés.
Françoise Héritier, théoricienne ou technicienne
Dans ses travaux sur l’écriture féminine dans l’entre-deux-guerres, Marianne Lemaire formule l’hypothèse selon laquelle les femmes ethnologues françaises, pour asseoir leur autorité scientifique, se sont efforcées de choisir des objets d’étude présentant d’importantes contraintes formelles, laissant le moins de place possible à la figure de l’autrice afin de dissimuler leur identité de genre sous celle de la scientifique et ainsi « se soustraire à l’accusation d’amateurisme dont les femmes étaient fort susceptibles d’être menacées. » (Lemaire 2011 : 89). À cet égard, les choix d’objets d’étude et d’écriture de Françoise Héritier présentent des points communs certains avec ceux des femmes l’ayant précédée dans la discipline.
Le choix de la démographie et des études de parenté : un rempart contre l’accusation de subjectivisme
Dès son entrée en ethnologie, Françoise Héritier porte un vif intérêt à la démographie. Dans une lettre à Herrenschmidt du 17 décembre 1957, Michel Izard écrit : « Dans le prochain rapport, le passage sur la démographie est de Françoise qui, je te l’ai dit, est assez fana de ces questions [26] ».
De retour de son premier terrain, en 1958, elle a l’occasion de perfectionner ses compétences en la matière comme « chercheur contractuel au bureau d’analyses statistiques de l’Ined [Institut national d’études démographiques] » où elle travaille notamment avec le démographe et généticien Jean Sutter sur le traitement de données matrimoniales (Héritier 2009 : 71).
L’année suivante, forte de cet intérêt, elle rédige un compte rendu portant sur un manuel de recherche démographique en pays sous-développés pour L’Année sociologique [27] et une lettre d’Izard du 2 août 1959 à Herrenschmidt nous apprend que les époux se voient proposer « de rédiger un chapitre sur l’enquête démographique sur le terrain dans le tome I » de l’Ethnologie générale de Jean Poirier [28] qui ne paraîtra qu’en 1968 (Izard & Izard 1968).
Dans un programme de travail envoyé à Clemens Heller [29] – alors coordinateur de la division des aires culturelles de la VIe section de l’EPHE au sein de laquelle Françoise est chef de travaux depuis 1961 [30] – non daté mais manifestement rédigé en 1963 dans le cadre de la préparation de son deuxième terrain en Haute-Volta (octobre 1963-avril 1964), elle écrit que « l’appel conjoint aux méthodes et aux objectifs de l’ethnologie, de la démographie et de la génétique des populations nous paraît propre à éclairer certains problèmes que posent les faits de parenté et d’alliance et tout particulièrement les problèmes de dimension et de structure des ensembles au sein desquels, pour un Ego, se trouvent la totalité des conjoints possibles [31] ». Françoise Héritier entend ainsi au début des années 1960, appliquer les méthodes usitées en démographie et en génétique des populations pour étudier les systèmes d’alliances.
Il est significatif que l’intérêt de la chercheuse pour la démographie se développe dans un contexte dans lequel Lévi-Strauss – qui s’affirme au cours des années 1950 comme l’une des figures dominantes de l’ethnologie française – désigne la démographie comme une des routes sûres qui permettra aux ethnologues de scientificiser leurs travaux. En effet, dans le chapitre « La notion de structure en ethnologie » de son Anthropologie structurale, il écrit que l’anthropologie « se rapproche de l’expression mathématique en abordant les propriétés numériques des groupes, qui forment le domaine traditionnel de la démographie », se réjouit de l’alliance nouvelle des ethnologues et des démographes et définit la « socio-démographie » qui en découle comme étant « déjà de plain-pied avec l’anthropologie sociale », suggérant enfin qu’elle pourrait un jour devenir « le point de départ obligatoire de toutes nos recherches » (Lévi-Strauss 2003 [1958] : 348-349).
Françoise Héritier décide, dès le début de sa carrière, d’investir un domaine considéré par son maître comme une des pointes avancées de la scientificité en anthropologie sociale. C’est d’ailleurs à l’aide du traitement informatique d’un matériel statistique recueilli dans un isolat matrimonial samo, qu’elle formule une première solution à l’énigme du fonctionnement des systèmes semi-complexes d’alliance (Héritier 1976). Il apparaît ainsi que ce choix d’objet d’étude de Françoise Héritier constitue un gage de scientificité, condition indispensable aux femmes anthropologues pour accéder à la reconnaissance symbolique et institutionnelle.
Il est saisissant, d’ailleurs, de constater l’effacement permanent de la figure de l’autrice dans les différents travaux de Françoise Héritier portant sur la parenté samo, de son premier article paru sur le sujet (Héritier 1968) à la publication de L’exercice de la parenté (Héritier 2019 [1981]). Ces travaux ne prennent pas la forme de récits mais d’analyses formelles du fonctionnement des systèmes de parenté.
Le souci de la chercheuse de mettre à distance tout soupçon de subjectivisme est particulièrement saillant dans l’introduction de L’exercice de la parenté. Elle y défend la scientificité de sa démarche, écrivant qu’elle se fonde « non sur de pures vues de l’esprit, mais sur des comptes rendus détaillés d’études ethnographiques particulières qui constituent en quelque sorte pour les anthropologues les données expérimentales », données qui lui permettent de mettre au jour des « lois statistiques » (Héritier 2019 [1981] : 12). En se revendiquant de la méthode expérimentale et en définissant ses résultats comme des « lois », Françoise Héritier définit explicitement sa démarche comme une démarche scientifique au sens fort du terme, comparable aux sciences de la nature.
Mais en dépit de ces précautions, de la même manière que ses prédécesseures, Françoise Héritier se voit régulièrement essentialisée dans la réception de ses travaux.
Une réception essentialisée
Dans ses archives, Françoise Héritier a conservé un texte écrit à la fin des années 1970 par l’anthropologue belge Luc de Heusch qu’elle a annoté à la demande de ce dernier. Il y pose les conditions pour s’assurer que le fonctionnement du système de parenté samo mis au jour par la chercheuse est opérant pour les systèmes de parenté omaha en général, écrivant : « On ne pourra y répondre que lorsque d’autres analyses, de la même ampleur et de la même minutie, auront été entreprises ». Cette phrase retient notre attention en ce qu’elle est annotée par Françoise Héritier qui barre le mot « minutie » et le remplace par « qualité » [32]. Il est en effet significatif que Luc de Heusch emploie cet adjectif, associé, comme l’ont montré des sociologues du travail (Guilbert 1966) [33], quasi exclusivement au genre féminin, pour qualifier un travail qui s’efforce pourtant de masquer au maximum l’identité de genre de son auteur.
Les gestes d’essentialisation des travaux de Françoise Héritier ne sont pas toujours aussi subtils. Ainsi, lorsque l’historien de la famille André Burguière chronique le premier ouvrage de Françoise Héritier dans l’hebdomadaire le Nouvel Obs du 20 mars 1982, il écrit : « Chez cette anthropologue de 40 ans au sourire pétillant, à la douceur un peu campagnarde, l’abstraction intimidante du structuralisme prend l’allure d’une compétence intimidée. On croit qu’elle va nous confier une recette de confitures – ce qu’elle fait aussi très bien –, et sur le même ton bon enfant elle vous explique la règle de projection oblique dans les systèmes terminologiques crow et omaha [34] ». André Burguière la renvoie ici à son identité de genre, à mi-chemin entre la figure de la grand-mère – à travers la mention de la recette de confiture – et de la petite fille, douce et intimidée. L’auteur présente d’ailleurs comme une curiosité l’écart entre l’être social qu’il décrit et la complexité théorique de son objet d’étude.
En dépit d’un biais essentialiste qui a pu, parfois, colorer la réception de son œuvre, le choix de l’objet d’étude de Françoise Héritier s’avère payant sur le plan institutionnel. Les résultats de ses recherches sur les Samo, débouchant sur une théorie générale du fonctionnement des systèmes semi-complexes d’alliance, lui ouvrent les portes du cursus honorum institutionnel français et lui assure d’importants bénéfices symboliques.
Dès 1974, elle remarque, à partir des premiers résultats du traitement informatique des données recueillies chez les Samo, que les alliances contractées par Ego « réintègrent des cognats dans le champ de la parenté proche », et suggère la possibilité que l’on retrouve de tels bouclages consanguins « dans de nombreuses sociétés de type omaha » (Héritier 1974 : 212). Cette hypothèse est réaffirmée dans un article de 1976 et érigée en clé de voûte d’un modèle d’interprétation générale des systèmes crow-omaha. L’anthropologue entend ainsi démontrer que les systèmes semi-complexes d’alliances sont structurés, comme les systèmes élémentaires, par des règles positives qui orientent le choix du conjoint vers une certaine catégorie d’individus ou de groupes. Comme elle le résume en conclusion de son article :
« un système omaha doit être perçu comme un système de répartition des femmes au même titre que les systèmes élémentaires, qui fonctionnant à l’envers de ceux-ci, utilise cependant les mêmes procédés pour s’accomplir. Alors que les systèmes élémentaires décident que certains parmi les consanguins proches sont les partenaires privilégiés et laissent les consanguins éloignés à la disposition des autres groupes pour qui ils sont des consanguins proches, les systèmes semi-complexes […] revendiquent pour les membres du groupe (lignager ou cognatique) les consanguins éloignés, laissant à la disposition des autres leurs consanguins proches pour qui ils sont des consanguins éloignés. » (Héritier 1976 : 42) [35].
Farnçoise Héritier répond ainsi au défi lancé par Lévi-Strauss qui, dans la préface à la deuxième édition des Structures élémentaires de la parenté [36], pose les conditions pour aboutir à une théorie générale de la parenté applicable à l’ensemble des sociétés humaines. Après avoir désigné les systèmes crow-omaha comme « la charnière grâce à laquelle les structures de parenté élémentaires et les structures complexes peuvent s’articuler », il formule l’hypothèse « qu’en dépit de son apparence aléatoire, un système crow-omaha engendre des retours périodiques, de sorte que partant d’un état initial quelconque, après quelques générations, une structure d’un certain type devrait nécessairement s’imposer » avant d’affirmer que « jusqu’à ce que cette théorie naisse, […] les études de parenté marqueront le pas » (Lévi-Strauss 1967 : 27-30).
Avec son article de 1976, la chercheuse propose donc une solution au problème désigné par Lévi-Strauss comme le plus grand défi à venir en anthropologie de la parenté et confirme l’hypothèse de ce dernier, ce qui lui vaut une accélération fulgurante de carrière. En 1977, elle est successivement élue maître de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS dès sa première tentative, le 17 décembre [37]. Les lettres qui appuient sa candidature à une direction d’études témoignent de l’importance accordée à ses travaux sur les systèmes semi-complexes d’alliance. Marshall Sahlins, passé par le LAS en 1968-1969, la décrit à cette occasion comme ayant « the best mind and the most profound anthropological sensitivity of any of the people working with M. Lévi-Strauss » et désigne ses travaux sur le fonctionnement des systèmes omaha comme « a major anthropological statement [38] ». Claude Tardits parle quant à lui de la résolution d’une « véritable énigme anthropologique » et affirme que « l’on peut, à propos de Françoise Héritier, parler sans rhétorique du progrès qu’elle a fait accomplir à la recherche scientifique [39]. » Luc de Heusch écrit de son côté que les travaux de la chercheuse renouvellent « complètement la théorie des structures complexes » et que ses « découvertes […] feront date dans l’histoire de l’anthropologie française [40]. » Progrès scientifique, découverte historique, résolution d’une « véritable énigme », de telles formules, rares dans le champ des sciences humaines et sociales attestent, malgré la nature des sources citées – des lettres de soutien destinées à appuyer une candidature et à mettre en valeur la candidate –, l’importance que revêtent les résultats des travaux de Françoise Héritier dans la communauté anthropologique française de l’époque. À cet égard, les archives de l’assemblée des enseignants de l’EHESS du 17 décembre 1977 donnent l’image d’une élection en grande pompe. L’assemblée doit élire deux directeurs d’études et la candidature de Françoise Héritier y est soutenue oralement par Denise Paulme, Jean-Claude Gardin, François Bresson, Maurice Godelier, Georges Condominas, Simone Dreyfus-Gamelon, Nathan Wachtel, Serge Moscovici, Pierre Bourdieu, Joseph Goy et Claude Lévi-Strauss. Jacques Le Goff, président de l’institution entre 1972 et 1976, souligne avant le vote « l’occasion qui est donnée à l’École d’intégrer en son sein des personnalités scientifiques de tout premier plan comme Mme Héritier et M. Marin » et la chercheuse arrive en tête du scrutin avec 44 voix sur 62 votants devant Louis Marin [41]. Françoise Héritier obtient ainsi haut la main des promotions qui constituent encore à l’époque, pour la majorité des femmes chercheuses en France, un « plafond de verre » souvent infranchissable [42]. L’année suivante, les résultats de ses recherches lui valent la médaille d’argent du CNRS pour les sciences humaines et sociales, distinction alors très majoritairement réservée aux hommes puisque, entre 1960 et 1978, sur 216 lauréats, on compte seulement 23 femmes, soit 10,6 % du total [43].
Son travail sur les systèmes semi-complexes d’alliances trouve une expression définitive dans L’exercice de la parenté, paru en 1981 [44]. Plus qu’un simple exposé de ses résultats, ce livre marque le passage de sa pensée vers une théorie anthropologique à portée universelle : elle y ajoute à la prohibition de l’inceste « une deuxième loi fondamentale de la parenté, condition même de l’existence de la première […] la valence différentielle des sexes, ou si l’on préfère, la place différente des deux sexes sur une table des valeurs, plus généralement la dominance du principe masculin sur le principe féminin » (Héritier 2019 [1981] : 69), dominance qui rend symboliquement possible l’échange des femmes par les hommes et la règle d’exogamie à l’origine de l’interdit de l’inceste. En posant cette deuxième loi fondamentale comme condition à l’existence de la première, désignée par Lévi-Strauss comme « la démarche fondamentale par laquelle s’effectue […] le passage du biologique au social, de l’état de Nature à celui de Culture » (Lévi-Strauss 1967 [1949] : 35), elle place sa réflexion anthropologique à l’échelle de l’espèce humaine et revendique avec force le statut de théoricienne [45].
Le 27 juin 1982, Françoise Héritier, présentée par Claude Lévi-Strauss, est élue à l’Assemblée des professeurs du Collège de France à une « chaire d’étude comparée des sociétés africaines » [46]. Elle est la deuxième femme à y siéger depuis la création de l’institution en 1530, après Jacqueline de Romilly. Cette élection est d’autant plus prestigieuse qu’elle prend la forme d’une succession [47]. En effet, Lévi-Strauss présente sa candidature pour prendre sa suite non seulement au Collège de France, mais aussi à la tête du Laboratoire d’Anthropologie Sociale qu’il a fondé en 1960 [48]. Françoise Héritier apparaît de la sorte comme le successeur désigné du plus célèbre anthropologue français de l’époque, fait rare dans un monde universitaire où, comme le note Françoise Waquet « le savoir et donc la transmission du savoir se trouvent être sexués » dans la mesure où « les professeurs partant à la retraite cherchent leur clone » et s’identifient ainsi « plus facilement à un enseignant qu’à une enseignante » (Waquet 2008 : 302).
Il reste que la présentation de la candidature de Françoise Héritier par Lévi-Strauss à l’Assemblée des professeurs du Collège de France trahit elle aussi, dans une certaine mesure, le poids des normes de genre dans la manière de considérer les travaux réalisés par des femmes. Si le professeur qualifie la candidate de « grande théoricienne », cette étiquette est immédiatement contrebalancée par son insistance sur son savoir-faire technique comme l’atteste le passage suivant : « il me semble important que, grande théoricienne, Mme Héritier ait fait ses débuts comme géographe et démographe. Cette formation initiale explique que, chez elle, les spéculations les plus neuves, parfois hardies, ne décollent jamais du réel ». Pour appuyer son propos, il vante ensuite le fait que la candidate soit « la première africaniste, et même la première ethnologue, à qui soit venue l’idée d’apprendre les humbles techniques des arpenteurs géomètres pour lever les cadastres des indigènes ». Cette précision, anecdotique et sans lien manifeste avec les « spéculations » en question, semble mobilisée comme pour justifier la légitimité de la chercheuse à la montée en abstraction. Dans le même esprit, Lévi-Strauss insiste sur les compétences en informatique de la candidate, la dépeint comme « le chercheur en sciences humaines le mieux familiarisé avec le maniement des ordinateurs » [49] (souligné par moi) et consacre près d’un quart de son rapport de quatre pages aux programmes informatiques qu’elle a mis au point [50], soit une place équivalente à celle qu’il accorde à son programme d’enseignement. En mettant sur un pied d’égalité la dimension de théoricienne de Françoise Héritier et son savoir-faire technique, Lévi-Strauss reproduit les normes de genre en vigueur dans le champ universitaire. Il choisit en effet d’équilibrer la présentation de la candidate comme théoricienne – la figure du théoricien et la capacité d’abstraction qui lui est associée renvoyant au genre masculin – par une insistance sur ses compétences techniques lui permettant de valoriser, en creux, sa minutie et sa dextérité, compétences associées au genre féminin.
L’accession de Françoise Héritier à ce poste prestigieux, position institutionnelle traditionnellement réservée aux hommes, n’abolit pas tout à fait le poids des normes de genre qui pèse sur la représentation du travail de l’anthropologue et la chose est encore plus saillante au regard du traitement médiatique de cette élection.
Une femme au Collège de France, Françoise Héritier comme curiosité
Les articles de presse portant sur la leçon inaugurale de Françoise Héritier au Collège de France, prononcée le 25 février 1983, ne laissent aucune place à l’équivoque : avant d’être une scientifique, c’est bien une femme qui a été élue. En effet, ces articles insistent moins sur le contenu de la leçon inaugurale de l’anthropologue – qui annonce pourtant un ambitieux programme d’anthropologie symbolique du corps à même d’éclairer « la manière universelle dont l’homme se pense, pense sa relation au monde et se pense en société » (Héritier-Augé 1984 : 32) – que sur sa tenue vestimentaire, son apparence physique et son attitude intimidée, le tout donnant lieu à une forme d’infantilisation de la chercheuse qui apparaît comme une sorte de curiosité.
Dans Le Nouvel Observateur, Mona Ozouf insiste sur « l’éclat exotique » de sa « robe cerise », « ses cheveux noirs sagement partagés » et les « traits charmants » d’une chercheuse ayant « la gorge nouée des débutantes [51] ». Dans le quotidien Suisse 24 heures, Jacqueline Baron la dépeint comme une « bonne élève de Claude Lévi-Strauss » qui « soigne sa mise [52] ». L’infantilisation de la chercheuse atteint son paroxysme dans la brève du journal le Point du 30 mai 1983 : « Élève de Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier-Augé, 49 ans, une fille, occupe depuis janvier la chaire d’études comparées des sociétés africaines au Collège de France [53]. »
L’élection au Collège de France a la particularité d’accorder un important pouvoir symbolique et confère bien souvent au chercheur élu, aux yeux du grand public, le statut de maître de sa discipline. Il est ainsi d’autant plus saisissant d’apprécier la manière dont Françoise Héritier y est présentée : en effet, les figures de débutante, d’étudiante modèle et de jeune fille qui émergent des articles de presse cités ci-dessus apparaissent aux antipodes de celle du maître généralement associée à un tel statut et révèle, en creux, la très grande difficulté pour les femmes chercheuses d’acquérir ce titre de plein droit. Il apparaît que l’anthropologue a également souffert de l’ombre de son maître. En effet, les différents articles portant sur son élection ne manquent pas de rappeler qu’elle est l’élève de Claude Lévi-Strauss, un moyen de signaler implicitement qu’elle doit sa position institutionnelle au prestige de son maître et, corollairement, de lui dénier le rang de maître.
Nous souhaitons, pour conclure, donner la parole à Françoise Héritier qui, sur une feuille volante écrite dans les dernières années de sa vie, a exprimé, pour elle-même, la frustration associée au fait de n’avoir jamais vraiment été reconnue, en dépit de son parcours exceptionnel, du fait de son identité de genre, comme une figure de maître à part entière :
« Utiliser mes idées, éventuellement mes mots et les concepts que j’ai lancés comme s’ils étaient là de toute éternité, sans auteur. C’est le cas régulièrement pour l’inceste du 2e type et la valence différentielle des sexes. On en pratique l’utilisation ou la mention allusive avec parfois, une note en bas de page : “comme a pu l’écrire Françoise Héritier”. Eh bien, non. Elle n’a pas pu l’“écrire ”, elle en est l’auteur. […] De façon assez courante chez des proches pour qui une ‘“tutelle”‘ ou une ‘“ascendance”‘ féminine ou une “reconnaissance” de ce qu’on doit à une femme est impossible, oublier ce qui leur est venu de moi, apprentissage, formation, et le plus souvent carrière et promotion, pour se rapprocher comme par filiation directe de l’auguste mémoire de Claude Lévi-Strauss. » [54].
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