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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

La perte durable - Étude sur la notion de « patrimoine immatériel »

Gaetano Ciarcia
2006
Référence complète

Ciarcia, Gaetano. 2006. La perte durable - Étude sur la notion de « patrimoine immatériel ». Paris, CNRS & ministère de la Culture et de la Communication, 2006, 76 p. (Les Carnets du LAHIC, 1)

L’opération « Les archives du sensible », entreprise au sein du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée dans la région du Languedoc-Roussillon, constitue une manifestation spécifique à la mise en œuvre de la notion de « patrimoine immatériel ». Utilisée d’une manière récurrente dans les programmes internationaux visant la préservation d’un être dynamique mais invisible de la vie culturelle, cette notion fait appel à des indices concrets ou à des traces matérielles, qui puissent simultanément figer, conserver, rendre explicite et transmissible la fluidité « immatérielle » des biens identifiés comme patrimoine. La production de ces biens peut instituer les origines - encore « vivantes » et pourtant déjà « muséales » au sens large - d’un territoire, à travers son aménagement architectural, la valorisation de restes archéologiques, de pratiques populaires, de narrations littéraires ou érudites. De telles opérations semblent réinventer le réel à travers la visualisation ou la transmission du passé d’entités censées être en voie de disparition. Ces entités sont alors pensées comme les miroirs ou les écrans d’une perte durable, voire de la paradoxale obsolescence de temporalités exotiques à conserver et à valoriser en vue d’un « développement durable » des lieux qui les expriment. À travers la comparaison avec des contextes africains, comme le Sanctuaire naturel et culturel des Falaises de Bandiagara, en pays dogon au Mali, et le projet d’itinéraire intercontinental de la Route de l’esclave au Bénin, cette étude analyse la relation problématique entre des pratiques mémorielles et les mythologies implicites, assumées comme intangibles ou spirituelles, dans diverses formes d’institution de l’histoire culturelle locale.

Cet ouvrage est le premier numéro des Carnets du LAHIC, une collection éditée électroniquement par le LAHIC et la Mission à l’ethnologie.

Gaetano CIARCIA est maître de conférences (HDR) en ethnologie à l’Université Montpellier 3, membre du CERCE (Centre d’études et de recherches comparatives en ethnologie, EA 3532, Université Montpellier 3) et chercheur associé au LAHIC (Laboratoire d’anthropologie et histoire : l’institution de la culture, Paris). Il a mené des enquêtes en pays dogon (Mali), dans le Bénin méridional, en Languedoc-Roussillon et à la Martinique. Dans ses recherches, l’intérêt pour les notions d’exotisme et de fiction dans la formation du discours anthropologique se connecte à un examen des relations que ce discours entretient avec l’institution de mémoires collectives « mises en culture » sous forme de patrimoines.

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