André Leroi-Gourhan et la formation des ethnologues de terrain pour la France coloniale de l’après-guerre

Durant toute sa vie de chercheur et d’enseignant, André Leroi-Gourhan (1911-1986) eut un parcours scientifique original et diversifié dans ses thèmes tout en étant complémentaire et cohérent dans ses perspectives. Original et diversifié car il passe successivement de la paléontologie et l’anthropologie (avec Raoul Anthony et Georges Papillault) à l’orientalisme à Langues O’ (Paul Boyer et Marcel Granet) et au musée Guimet (Jean Buhot), puis à la technologie, l’ethnologie et la muséographie au musée d’ethnographie du Trocadéro, puis au musée de l’Homme (avec Anatole Lewitsky, Paul Rivet et Georges Henri Rivière) et une mission au Japon. À partir d’octobre 1944, il enseigne à sa façon l’ethnologie et la préhistoire, à la faculté des lettres de Lyon (1944-1957), puis à celle de Paris (1956-1968) et, enfin, au Collège de France (1969-1982). Complémentaire et cohérent car il s’agit toujours pour lui de parvenir à définir et décrire l’homme dans son évolution, à partir des traces retrouvées, de leur contexte chronologique et environnemental. Pour cela, il veut ne s’appuyer que sur des manifestations observables et mesurables permettant une démarche expérimentale conduite soit à partir de propositions établies sur des faits soit d’hypothèses qu’il s’agit alors de mettre à l’épreuve des faits. La décennie de l’après-guerre qui nous concerne ici (1944-1954) a été celle de profonds renouvellements tant institutionnels que générationnels et de méthodes dans la recherche française. (...)

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