Au sortir de la guerre, la sociologie universitaire française est en piteux état, tant sur le plan institutionnel qu’intellectuel. La plupart des maîtres de la discipline, notamment les durkheimiens « historiques » ont disparu. Elle ne comptabilise que quatre chaires, ce qui la réduit à la portion congrue, ceci d’autant plus qu’aucun diplôme n’existe jusqu’en 1958. En 1946 est créé le Centre d’études sociologiques (CES), seul et unique laboratoire de sociologie, qui ne compte toujours que douze chercheurs en 1950, et dont le statut est précaire (selon le décompte de Johan Heilbron [1991]).De manière générale, la discipline est balkanisée et « oligopolistique » pourrait-on dire, fractionnée en plusieurs champs de recherche associés à un « patron » (au sens de Terry Clark), qui en général a débuté dans l’entre-deux guerres, et qui cumule position institutionnelle, prestige et ressources (...)
Georges Gurvitch, les anthropologues de la Sorbonne et la reconstruction de la sociologie (1945-1960)
Jean‑Christophe Marcel
Université de Bourgogne
2024
Marcel, Jean-Christophe, 2024. « Georges Gurvitch, les anthropologues de la Sorbonne et la reconstruction de la sociologie (1945-1960) », in Laurière Christine (dir.), Les années 50. Aux origines de l’anthropologie française contemporaine, Les Carnets de Bérose n° 14, Paris, Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie, pp. 276-304.
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