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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Correspondance entre Paul Sébillot et Théodore Hersart de La Villemarqué (1880-1895)

Éditée par Fañch Postic

2007
Référence complète

Correspondance entre Paul Sébillot et Théodore Hersart de La Villemarqué (1880-1895), éditée par Fañch Postic, 2007, in Bérose, encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie, Paris.

Publiant en 1880 son tout premier recueil de contes populaires, Contes de la Haute-Bretagne, Paul Sébillot en adresse aussitôt un exemplaire dédicacé à un compatriote breton, Théodore Hersart de la Villemarqué, auteur du Barzaz-Breiz, qu’il n’a encore jamais eu l’occasion de rencontrer, mais auquel il dit devoir pour une part sa vocation de folkloriste. C’est le début d’une correspondance qui, si l’on en croit Sébillot, se poursuivra jusqu’à la mort de La Villemarqué en 1895. Toutefois seules 8 lettres de Sébillot ont été conservées dans le fonds d’archives La Villemarqué : Sébillot y évoque la littérature orale, ses nombreux projets de publications, ses recherches sur Gargantua, la jeune Société des Traditions populaires pour laquelle il sollicite l’appui et la collaboration d’un La Villemarqué qui, de son côté, cherche à attirer son compatriote à la Société Archéologique du Finistère, société savante dont il est le président depuis 1876, et à l’Association Bretonne, autre société dont il est un membre influent… Si bien des points les séparent, l’âge, les opinions politiques – Sébillot est républicain, La Villemarqué légitimiste – tous deux manifestent une réelle estime réciproque et les critiques de Sébillot sur la méthode de La Villemarqué demeurent très mesurées. S’il se refuse à voir en lui un « maître », il le considère toutefois comme un précurseur dont le rôle a été déterminant. Des lettres de La Villemarqué, nous ne connaissons malheureusement que les extraits cités par Sébillot lui-même dans différents articles. L’ensemble contribue à éclairer les points de vue et les relations de deux personnalités importantes dans le développement en France de l’intérêt pour la culture populaire.

Cette édition a été établie par avec l’aimable autorisation de la famille La Villemarqué.
Une version précédente en a été publiée dans « L’invention d’une science nouvelle : la littérature orale d’après la correspondance échangée entre La Villemarqué et Sébillot », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXVIII, 1999, p. 293-305.

de La Villemarqué [1]
[1880]

[...] Je ne me doutais pas que les cultivateurs de l’arrondissement de la Haute-Bretagne d’où je suis venu dans la Basse, et qui ne parlent plus breton, eussent conservé les vieux récits de nos pères sous des noms différents... En retrouverai-je encore, de ces fleurs de la Haute-Bretagne, dans les ruines de mon vieux manoir de Hénan-Bihen ? Mais j’ai bien de la peine à comprendre le patois de mes fermiers, et je regrette toujours la langue qu’ils ont perdue. [...]


de Sébillot
24 mai 1880,

Monsieur et honoré compatriote,

J’ai été vivement touché de votre aimable lettre que j’ai reçue ce matin, et parmi les marques de sympathies que j’ai recueillies depuis l’apparition de mon volume [2], aucune ne pouvait m’être plus précieuse que la vôtre : vous avez été l’un des initiateurs des études bretonnes, et celui de tous qui a su le mieux conquérir le public, non seulement breton, mais aussi français. Je vous devais bien l’envoi de mon volume [3], que je n’eusse peut-être pas songé à faire, s’il y a seize ou dix-sept ans, au sortir du collège [4] - car c’est à ce moment que j’ai commencé à recueillir des légendes - je n’avais lu le Barzaz-Breiz et le Foyer breton de Souvestre. [5]
Le volume que je vous ai envoyé n’est que le premier d’une série qui embrassera à peu près toute la littérature orale de la Haute-Bretagne : vers janvier, je publierai un second volume de Contes populaires, composé de ceux que j’ai encore en cartons (un choix : j’en ai près de 200 inédits), et de ceux que je recueillerai au bord de la mer [6]. Il sera suivi d’un volume de Contes de marins [7], qui est à moitié prêt, et précédé d’un volume actuellement sous presse, et qui paraîtra en octobre dans une nouvelle collection [8] : il est intitulé Littérature orale de la Haute-Bretagne [9], et contiendra des spécimens des principaux cycles de contes, avec des rapprochements surtout bretons et français (je trouve qu’on a un peu abusé en ces derniers temps des références aux contes allemands, slaves ou indiens) ; un recueil de proverbes gallots, des devinettes, des chansons, des formulettes, et même un chapitre intitulé l’"Esprit à la campagne", et qui sera composé de nouvelles à la main rustiques.
Plus tard paraîtra mon Glossaire gallot [10] contenant près de 600 mots, et qui ne reste inédit que faute d’un éditeur raisonnable ; parmi les autres ouvrages assez avancés que j’ai encore seront les Traditions et superstitions et légendes non chrétiennes ; les Traditions, superstitions et légendes d’origine religieuse [11], et, mais bien plus tard, un ouvrage sur les coûtumes des gallots [12].
J’arrête ici ce catalogue pour ne pas vous ennuyer, et je reviens à votre lettre : je vous croyais absolument bas-breton d’origine, ce qui prouve une fois de plus combien on connaît peu parfois son pays. Je suis en effet de Matignon [13], et dans la commune même existe une ferme qui s’appelle la Ville Marqué, et que je connais mieux que la Ville Marqué en Hénanbihen [14]. Ce pays, surtout dans la partie qui avoisine la côte a conservé pas mal de noms bretons ; sur la route de Matignon à St Cast on trouve à droite et à gauche : Léhouet ; le Bois-Bra (Coat-Bras), la ville Sausson, la ville Audren, la ville Saloup, etc, non loin de là Penguen, Bénau, le Bé, Chêlin, Lesrot (Lez-ro’ch ?) etc., qui prouvent, joints à de nombreux noms propres, que l’élément breton a dû résister au français jusqu’à une époque relativement moderne, mais que je ne puis déterminer. Je retourne d’ailleurs cette année à Saint-Cast, et si dans votre visite à Hénanbihen, vous avez un moment à perdre, je serai enchanté de vous parler de ce joli pays et de vous le faire voir, si vous l’avez oublié.
Je connais le recueil de Miss Maive Stokes [15] et j’en fais grand cas en regrettant que l’auteur ait été avare de ses trésors au point de ne les publier qu’à cent exemplaires : j’en ai même traduit quelques récits, entre autres celui de Sachuli le simple [16] dont je connais plusieurs parties pour les avoir entendues dire à mes conteurs gallots.
Ainsi que vous l’avez remarqué, les gallots sont moins abondants dans leurs narrations que les Bas-Bretons ; ils aiment en général la précision et la suite dans le récit, et il est rare qu’ils le chargent d’incidents [17]. C’est ce qui explique la brièveté relative de mes récits, où j’ai serré du plus près qu’il m’a été possible, la narration de mes conteurs. Quand il s’agira de tirer de ce volume, et de ceux qui vont suivre, un volume illustré - qui paraîtra pour les étrennes de 1882 [18], - je fondrai dans un récit unique les diverses variantes que je possède de certains contes, et j’essaierai une sorte de restauration du récit primitif, ce qui n’aura nul inconvénient, mon texte exact subsistant dans les autres volumes.
Je termine ma lettre en vous remerciant bien vivement de votre aimable épître, que je trouve si à mon gré que si je ne craignais d’être importun, je vous demanderais l’autorisation d’en publier une partie. Quant aux réflexions que vous voudrez bien faire, elles seraient bien précieuses pour la suite de mes publications, et je ne doute pas que si vous vouliez bien les écrire quelque part, elles n’eussent sur le succès de mon livre une influence considérable.
Veuillez agréer, monsieur et honoré compatriote, avec mes remerciements l’assurance de mes sentiments de respectueuse sympathie.

Sébillot 4, rue de l’Odéon.

[Archives La Villemarqué, pièce 40.27]


de Sébillot
3 juin 81,

Monsieur et cher Compatriote

Hier il soufflait de Bretagne un bon vent : je recevais un article très-aimable et très-étudié de la Revue de Bretagne et de Vendée sur la Littérature orale de la Haute-Bretagne [19], M. Ernault [20] m’envoyait des chansons, dont plusieurs fort originales, enfin pour couronner le tout, m’arrivait votre lettre. Vous voyez que je n’avais pas tort de prétendre qu’un bon vent soufflait de Bretagne.
Je ne sais pas si je pourrai assister au Congrès Breton [21] ; je vous serais obligé de m’en envoyer le programme. Bien que je ne sois pas orateur, peut-être pourrai-je y prendre part et y soulever quelques questions [22] qui ne seraient pas inutiles aux études qui nous sont chères. Je pourrais parler de Gargantua par exemple au sujet duquel j’ai recueilli un certain nombre de légendes en Haute-Bretagne, et dont vous trouverez ci-joint une sorte de questionnaire composé à l’aide de dépositions. J’en ai eu de tous les coins de la France, et mon enquête pour être, sinon complète, du moins intéressante, n’attend plus en ce moment que le résultat d’investigations tentées dans 25 départements qui m’ont jusqu’ici échappé, mais que je ne désespère pas d’avoir. Je serais très-heureux, monsieur, de joindre s’il y a lieu, votre déposition à celle des soixante-et-un correspondants qui m’ont envoyé des renseignements inédits.
Je vous serais bien obligé de me donner le titre du volume pour lequel vous avez écrit une préface [23]. Je pourrais en rendre compte dans la Revue de linguistique, le seul recueil où je puisse faire un compte-rendu avec quelque liberté.
J’aurais bien voulu vous faire hommage de ma Littérature Orale de la Haute-Bretagne ; mais c’est un volume de luxe et mon éditeur n’a pas été bien généreux pour le nombre des exemplaires.
Puisque mes travaux vous intéressent, je crois devoir vous donner ici la liste des livres qui sont ou prêts ou en préparation :
chez Charpentier (en mars 82). Contes des marins 3e partie des Contes populaires.
chez Maisonneuve : Traditions et Superstitions de la Haute-Bretagne, t. 1er. L’homme, les esprits et les démons (sous-titre provisoire). (sous presse). 2e partie (à moitié faite, mais à compléter) Les animaux, les plantes et les météores - Avec des références aux Superstitions des autres pays de France et surtout à la Basse-Bretagne.
Gargantua dans les traditions populaires (sera mis sous presse en décembre.) [24]
Viendront ensuite :
1 Les Coûtumes et les fêtes de la Haute-Bretagne en préparation
2 Les Chansons
3 Le Glossaire gallot. Il est prêt à imprimer ; mais c’est un morceau de résistance qui fait reculer les éditeurs. Cependant j’espère en commencer la publication l’hiver prochain.
Vous voyez que j’ai, comme on dit, du pain sur la planche.
En attendant, monsieur et cher Compatriote, le plaisir de vous voir personnellement au Congrès ou à Paris, je vous prie d’agréer l’assurance de mes sentiments dévoués.

Sébillot
4, rue de l’Odéon

[archives La Villemarqué, pièce 31.53]

Gargantua dans les traditions populaires. [Sur un feuillet séparé.]

§1. Popularité de Gargantua. Dans le patois des environs de Semur, (Côte d’Or), on appelle Gargantua « Gargantia ».
On emploie les locutions suivantes : en parlant d’un ivrogne : « il a une gueule de Gargantia » d’un gourmand « c’est un Gargantia » d’une personne qui a un gros ventre : « C’est un ventre de G. »
communiqué par M. H. Marlot de Semur [25]
§2. Lieux qui portent son nom. Près d’Avallon, au lieu dit Gargant, existe un monolithe de cinq à six mètres de hauteur connu sous le nom de Petit Doigt de Gargantua ; à Sainpoints, lieu à noter : « les Gargantuas ».
Salmon. Dictionnaire topog. de l’Yonne. [26]
§3. Légende Gargantuesque. Gargantua n’était pas de notre pays, mais il y est passé... C’était un homme sept fois haut comme le clocher de Lectoure. Avec cette taille, il n’avait qu’à ouvrir la bouche pour avaler les oiseaux du ciel. Il mangeait tout ce qui se trouvait à sa portée, même les pierres, quand il n’avait pas mieux pour contenter son appétit... Par bonheur, il ne demeura pas longtemps chez nous. Il n’y a pas à souhaiter qu’il revienne. Pourtant, je n’ai pas entendu dire qu’il fût méchant, ni qu’il ait fait tort à personne.
conté par Cazaux de Lectoure et recueilli par M. J. f. Bladé. [27]
§4. Popularité des géants similaires grands mangeurs et faisant d’énormes enjambées, tels que Roland (Alpes et Pyrénées) Samson (Auvergne), Rannou (Basse-Bretagne) etc.
Le dolmen de Saillant en Saint Nectaire (Puy de Dôme) est connu des paysans sous le nom de Palet de Samson [28].
Dans les Alpes Maritimes, on voit un gros rocher de forme arrondie qu’on nomme la Peaume de Roland, et l’on raconte qu’il a été jeté là par Roland un jour qu’il jouait à la peaume avec Olivier. Communiqué par M. André, de Grasse. [29]

[Archives La Villemarqué, pièce 31.46]


de Sébillot
[1er septembre 1882]

La Saudraie près St Glen

Monsieur et honoré Compatriote

Jusqu’au dernier moment j’ai espéré pouvoir disposer de quelques jours et assister au Congrès de l’Association bretonne [30] ; mais mon frère et sa famille viennent de fixer leur voyage annuel à la Saudraie pour le 3 septembre, et je ne puis les quitter juste au moment de leur arrivée.
J’aurais eu pas mal de choses à dire sur la 23e question du programme [31], j’aurais parlé non-seulement de ma récolte personnelle, mais de celle qui s’opère en ce moment sur divers point de la Haute-Bretagne. Comme vous le dites avec toute justesse, la source est aussi intarissable, bien que l’eau n’en soit pas toujours aussi limpide, dans le pays gallot que dans le Breiz-Izel. Dans mes trois volumes Charpentier, et dans les trois volumes Maisonneuve, j’ai publié environ 300 contes, et ce n’est qu’une partie de ma récolte. Le catalogue que j’ai fait des contes recueillis jusqu’à présent, est en ce moment au n° 721, et bien qu’il s’y trouve plusieurs variantes de récits déjà publiés, il en est au moins une centaine du plus haut intérêt. Ce matin encore, on me racontait une très-belle légende religieuse, qui n’a son similaire dans aucun des recueils que je connais : un seul épisode se retrouve dans un conte russe d’Affanasief [32]. Je pense au reste, dans un avenir prochain, publier un volume de Légendes religieuses de la Haute-Bretagne [33] ; ce que j’ai en ce moment forme une série parfois parallèle, mais presque aussi souvent différente du recueil de Luzel [34].
J’ai aussi tout un cycle de Contes gargantuesques ; qui font partie d’un volume fait et dont on commence en ce moment l’impression.
Pour les chansons, j’en ai recueilli un peu plus de 200, et c’est sur ce sujet que va maintenant porter le fort de mon enquête. Dans le pays que j’habite maintenant et qui est plus rapproché de la Basse-Bretagne que ceux que j’avais explorés auparavant, j’ai trouvé à l’état jusqu’à présent fragmentaire, deux morceaux d’une inspiration plus épique que les chants ordinaires des gallots, et c’est dans tout ce que j’ai recueilli, ce qui se rapproche le plus, de l’inspiration grave des Bas-Bretons.
J’espère, Monsieur, que cet hiver vous assisterez à l’une des réunions parisiennes où l’on parle de la Bretagne, et qu’à ce moment aussi j’aurai de mon côté l’honneur de vous connaître personnellement.
Veuillez agréer, Monsieur et honoré Compatriote, l’assurance de mes sentiments dévoués.
Sébillot
1er septembre 82.

[Archives La Villemarqué, pièce 31.47]


de Sébillot
30 août 85,

Monsieur et cher confrère,

Je serais très heureux d’assister à votre Congrès de St Malo [35] ; malheureusement, cela ne dépend pas de moi. Je ne suis à Dinan que temporairement et seulement pour les couches de ma femme. Or il est vraisemblable que l’enfant que nous attendons naîtra dans les premiers jours de septembre [36], précisément au moment où se tiendra votre Congrès, dont les séances ont lieu le soir. Vous comprenez que je ne puis m’absenter dans ce moment. C’est là la seule raison qui m’empêchera d’assister à vos séances : si comme particulier et comme citoyen j’ai des opinions très arrêtées, en matière scientifique, je n’en connais qu’une, c’est la recherche la plus exacte possible de ce qui est, la vérité dût-elle être contraire à ce que je souhaite et à ce que je pense. La question politique à laquelle vous faites allusion dans votre lettre, même si elle n’avait pas été aussi écartée du Congrès qu’elle le sera, ne m’en aurait pas éloigné. J’aurais eu beaucoup à y apprendre, et peut-être aurais-je pu être de quelque utilité dans certaines questions. Ce sera pour une autre année, à moins de dérangement imprévu.
Je vous remercie d’avoir bien voulu me servir de parrain avec Luzel [37] : je ne pouvais en avoir de meilleurs ni de plus sympathiques. Dès que je trouverai quelque sujet intéressant, je me ferai un plaisir de prendre part à vos travaux en vous l’envoyant.
Vous avez eu une excellente idée, en communiquant à la Société archéologique ma petite note sur les limites des dialectes [38] ; c’est un bon moyen d’arriver à plus de précision. Au Congrès [39] vous pourrez obtenir aussi des lumières précieuses. Je vous serai obligé de vouloir bien me les communiquer. Dans une quinzaine, mon travail sera prêt ; il ne me manque plus que quelques documents statistiques, qu’on me promet à bref délai.
J’ai repris une des questions de ma première brochure : celle des colonies bretonnes en France et à l’étranger. Pour la première, j’ai, je crois, des documents assez complets. Quant à la seconde, qu’on pourrait libeller ainsi :
« Existe-t-il en dehors de la France, soit en Algérie, soit aux États-Unis, au Canada, ou en Australie, des groupes de Bretonnants assez compacts pour avoir - comme les Gallois aux États-Unis - une sorte d’existence commune, avec des prêtres prêchant dans la langue maternelle ? »
Mes efforts ont été vains jusqu’ici. Si vous la soumettiez au Congrès, quelqu’un pourrait peut-être y répondre [40].
Pour les superstitions phalliques, je sais combien il est difficile de les recueillir, et combien les sorciers et les rémégeux sont défiants. J’ai eu beaucoup de mal à ramasser une trentaine de pages sur la médecine superstitieuse en Haute-Bretagne, et ce n’est que par des moyens diplomatiques que j’ai pu me procurer certaines formules. Pour les superstitions phalliques, c’est encore pis. Les paysans qui sont assez volontiers pornographes - j’emploie ce mot à défaut d’un autre - entre-eux, sont très bégueules en présence de ceux qui ne sont pas de leur caste.
Veuillez agréer, monsieur et cher confrère, l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Sébillot.
8, place Duguesclin.

Veuillez me donner votre adresse à St Malo, pour le cas où j’aurais au moment du Congrès, quelque chose à vous envoyer.

[Archives La Villemarqué, pièce...]


de La Villemarqué
[20 janvier 1886] [41]

Si l’on me l’eût demandée [42] dans le temps, pour Mélusine, j’aurais peut-être essayé de faire quelque chose ; aujourd’hui à mon âge, il est tard pour que l’on recommence. Tout au plus si l’on peut achever !...


de La Villemarqué
[28 janvier 1886] [43]

Vous êtes trop aimable mille fois d’insister. Mais comment résister ? N’avez-vous pas entendu, dans notre cher pays commun, nos bons paysans à table ? « À votre santé, mamezelle, et à la santé de celui-là qui se promène sur les remparts de votre cœur ! » Une fille bien élevée, comme l’étaient toutes celles de Maître Alain, de Hénan-bihen, devait répondre au galant : « il n’en est d’autre sine chez nous ». Et le mariage était conclu ; je donne donc aussi la mienne à votre projet, ô parfait galant homme que vous êtes, et en attendant que je vous la donne en réalité, je vous prie de croire aux sentiments profonds du dernier des joculatores bas breton.


de Sébillot
21 Janvier 87,

Monsieur et cher Confrère

Peut-être avez-vous reçu une circulaire signée de M. M. Carnoy, Vicaire [44] et quelques autres, nous recommandant - sous enveloppe aux chiffres de la Société [45] - de voter pour une certaine liste. Cette liste, qui se présentait avec une sorte d’apparence officielle, n’est en effet que l’émanation d’un groupe de brouilleurs contre lesquels je lutte depuis quelques mois, et qui voudraient encombrer notre Revue - fondée pour faire faire partout l’enquête dont vous avez été l’un des initiateurs - de morceaux de fantaisie comme la Petite Reine [46] et quelques autres. Pour arriver à ce but ces messieurs m’ont éliminé des fonctions de Secrétaire-Général, et ont biffé au Comité Central les noms de MM. D’Arbois de Jubainville, Bourgault-Ducoudray etc.
Au cas, où trompé par cette liste, vous auriez voté pour elle, je vous serais obligé de revenir - mieux informé - sur ce vote, en envoyant la liste ci-jointe, et en mettant à côté de votre signature la date de votre envoi.
J’espère bien avoir le plaisir de vous voir cet hiver à Paris. En attendant - quoique tardivement - je vous la souhaite bonne et heureuse & vous prie d’agréer l’assurance de mes sentiments les plus dévoués.

Sébillot.

[Archives La Villemarqué, pièce 40.28]


de Sébillot
Paris, le 10 Mars 1888, [47]

Monsieur et cher Confrère,

J’aurais été bien désireux de m’entretenir avec vous pendant votre séjour à Paris : j’aurais eu bien des choses à vous dire, et plusieurs renseignements à vous demander. J’espère que ce n’est que partie remise.
La veille de mon départ de la Saudraie pour Paris, je vous ai écrit une lettre qui se sera probablement égarée (novembre 1887), dans laquelle je répondais à votre demande de renseignement sur Saint Guinoux et le bugle de st Coulban. Je n’ai rien recueilli personnellement à ce sujet, et je vous signalais un passage de Mme de Cerny [48] à peu près semblable à ce que vous avez publié [49].
Dans cette même lettre, je vous parlais également de votre belle cathédrale de Quimper, et des flèches si bien exécutées par M. Bigot [50] qu’elles ont l’air d’avoir poussé en même temps que leur base. J’émettais la pensée, puisqu’on voulait rendre justice à votre compatriote, qu’un moyen pratique serait peut-être de faire apposer une plaque de marbre sur un des piliers à l’entrée de la nef (ou une plaque de votre admirable Kersanton), et d’y graver avec les dates de construction ou de restauration le plan de la cathédrale. Peut-être en ce qui concerne la façade y aurait-il lieu d’en graver une vue en indiquant par un trait spécial où commence l’œuvre de M. Bigot.
Je vous remercie en mon nom et en celui de mes collègues de l’intérêt que vous prenez à notre société, dont vous avez été un des adhérents de la première heure, et pour le développement de laquelle vous avez bien voulu envoyer une offrande. Je voudrais bien qu’à cette preuve matérielle, qui nous est très agréable, vous en joigniez une autre plus intellectuelle, en écrivant quelque chose pour nous. Ne pourriez-vous par exemple raconter l’entrevue avec Châteaubriand, dans laquelle notre illustre compatriote vous fredonna : Le roi à Pavie ? [51] et si vous vous rappelez l’air le faire noter ? Châteaubriand goûtait évidemment la poésie populaire, sans cela il n’aurait pas fait Combien j’ai douce souvenance ! où il y a plus de cœur et de poésie véritable que dans les patientes et précieuses ciselures des poëtes contemporains.
Comme à lui la Bretagne « à mes amours - toujours » [52]. Actuellement je voudrais provoquer une enquête sur son art populaire : c’est en partie pour arriver à ce résultat que nous avons maintenant du dessin dans la Revue. Je réunis peu à peu un dossier, et plusieurs de mes amis font de même. Actuellement j’ai un certain nombre de documents sur l’imagerie. Le Musée de Quimper a eu l’amabilité de faire tirer pour moi des épreuves des bois qu’il possède ; je publierai les deux ou trois qui présentent le plus d’intérêt, en regrettant que leur caractère breton ne soit pas plus nettement accusé [53]. M. Luzel m’a envoyé en communication les images qu’il possède, et qui sont les plus intéressantes : je vous envoie la réduction au quart de l’une d’elles. M. du Cleuziou [54] a aussi quelques images qu’il m’a communiquées. Mais tout cela est une simple « amorce ». Il doit y avoir d’autres images : en possédez-vous ou connaissez-vous quelqu’un qui en possède ? Si l’on veut bien me les confier, j’en aurai le plus grand soin, et les renverrai dès qu’elles auront été gravées.
Avez-vous été témoin de représentations de mystères bretons ? J’ai l’intention de publier une note à ce sujet dans le numéro d’Avril [55] qui paraîtra quelques jours après celui de Mars : après cela nous aurons gagné les premiers jours du mois, ce que j’ai toujours ambitionné.
J’ai signalé l’an dernier dans la Revue p. 144, une nouvelle traduction en vers du Barzaz-Breiz ; je pense que l’auteur vous l’a envoyée [56]. Dernièrement l’éditeur de Chamber’s Cyclopedia m’a envoyé l’article Bretagne de cette encyclopédie, en me priant d’en corriger les erreurs et d’y faire des additions. L’article est très bien fait, et je n’ai eu pour le compléter qu’une trentaine de lignes à y ajouter. Le jugement de l’auteur sur vos œuvres était très équitable, et vous auriez eu lieu d’en être satisfait. Pour mon compte j’ai été très content de voir cette appréciation venant de l’étranger où souvent les jugements sont plus justes, parce qu’il ne s’y mêle pas des passions ou des rivalités. J’ai eu aussi lieu d’être satisfait en ce qui me concerne, en voyant qu’à l’étranger je suis « un peu plus prophète » qu’en France ; c’est une constatation que j’ai depuis quelques mois l’occasion de faire assez souvent.
Pour Hamy [57], je vous écrirais à sa prière, et pour le cas seulement où vous n’auriez pas eu de préférence à un second tour de scrutin, si la candidature de M. de la Borderie s’était trouvée abandonnée.
J’attends pour vous l’envoyer un tirage à part d’une communication faite au Congrès de Nantes sur les héros populaires bretons (en 1885 : vous voyez qu’on met le temps à imprimer les comptes rendus) [58].
Actuellement la Société compte 235 membres, dont 60 étrangers. Avec les abonnements, et la vente au numéro nous atteignons un tirage qui approche de 350 : c’est plus du double du plus favorisé de nos concurrents français, et nous dépassons même d’une trentaine celui de Folk-lore journal. J’espère bien que nous n’avons pas atteint notre maximum.
Agréez, cher monsieur et confrère, l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Sébillot.

[Archives La Villemarqué, pièce...]

de Sébillot
Paris 28 mars 1888, [59]

Monsieur & cher Confrère,

Je vous remercie de votre très aimable lettre ; je voudrais bien le roi à Pavie avec votre note au sujet de la conversation que vous avez eue avec Châteaubriand.
Puisque vous avez réunion demain à Quimper, vous pourriez poser à nos collègues une question sur l’imagerie populaire en Bretagne. Je serais très-aise de pouvoir traiter un peu cette question. J’ai entre les mains une trentaine de pièces fournies par M. M. Luzel, du Cleuziou et quelques autres. Ce n’est pas évidemment pas tout. Je pourrais faire graver une dizaine de planches pour illustrer l’article.
La traduction nouvelle du Barzaz-Breiz est intitulée :
Breton Ballads translated from the Barzaz-Breiz of the vicomte de la Villemarqué by Henry Carrington. Edingburgh, Privately printed by Thurnbull and Spears 1886 in 18 de X - 183 pages.
La traduction est en vers : les pièces traduites sont : Azenor la Pâle - Les jeunes hommes de Plouyé - Le page de Louis XI - Le Siège de Guingamp - Le carnaval de Rosporden - Geneviève de Rustéphan - N.-D. du Folgoat, - Les ligueurs - La Fontenelle - l’Héritière de Kéroulaz - La marquise de Guérande - M. de Nevet - La mort de Pontcalec - La Bataille de St Cast - Jannig Skolan (2 traductions) - Le pardon de St Fiacre - Le chant du Pilote - Les Laboureurs - Le chant du prêtre exilé - Les Bleus - Les Chouans - Ballade de Yann Marek - l’Ancien temps -
(Légendes et chants religieux)
La légende de S. Renan - La légende de St Efflamm - La tour d’Armor - Le Départ de l’âme - l’Enfer - Le Paradis.
La préface est très courte, elle signale une traduction en vers faite par M. Lewis Morris, de trois pièces seulement, sans autre indication. Elle contient en outre un passage d’une lettre que j’avais écrite à Mme la comtesse Martinengo, et que je ne songeais pas devoir être imprimée. Le voici : Depuis 40 ans le folklore a subi une évolution considérable ; romantique et pittoresque au début, il est devenu peu à peu scientifique. M. de la Villemarqué a subi l’influence de son temps ; à cette époque un embellissement à la muse populaire était regardée comme chose permise ; nous sommes plus rigoureux aujourd’hui, mais je crois qu’on aurait tort de conclure à priori que le tableau, pour avoir subi quelques retouches, n’est pas quant au fond et à beaucoup de détails, authentique.
Si vous le désirez, je demanderai pour vous à l’auteur un exemplaire de la traduction.
Veuillez agréer, Monsieur et cher Confrère, l’assurance de mes sentiments dévoués

Sébillot

[Archives La Villemarqué, pièce...]

de Sébillot
Paris, le 22 avril 1888, [60]

Monsieur et cher Confrère,

Au reçu de votre complainte sur la captivité de François Ier, j’ai envoyé la musique à Mr Tiersot qui a mis les paroles, au-dessous des notes. Je vous envoie son travail et vous prie de me dire s’il a bien interprété votre air.
Vous seriez bien aimable d’ajouter quelques lignes disant dans quelles circonstances Châteaubriand vous fredonna cet air. Vous avez pu voir que nous recherchons avec soin les précurseurs de nos études et que nous constatons avec plaisir que nombre de grands esprits étaient des traditionnistes sans le savoir.
J’ai reçu votre Nicolas.
Agréez, monsieur et cher Confrère, l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Sébillot.

[Archives La Villemarqué, pièce...]

de La Villemarqué
[janvier 1895] [61]

Plus ne m’est rien, rien ne m’est plus,
Hormis vos Folks toujours relus.

Complainte sur la captivité de François Ier  [62]

Quand le roi départit de France,
Vive le roi !
A la male heure il départit,
Vive Louis !
A la male heure il départit (bis)

Il départit jour de dimanche,
Vive le roi !
Et jour de lundi il fut pris,
Vive Louis !
Et jour de lundi il fut pris. (bis)

 Retire-toi, grand roi de France,
Vive le roi !
Retire-toi, ou tu es pris,
Vive Louis !
Retire-toi ou tu es pris (bis)

 Je ne suis pas le roi de France
Vive le roi !
Vous ne savez pas qui je suis,
Vive Louis !
Vous ne savez pas qui je suis. (bis)

Je suis un pauvre gentilhomme
Vive le roi !
Qui va de pays en pays,
Vive Louis !
Qui va de pays en pays (bis)

En demandant la caristade,
Vive le roi !
Un petit morceau de pain bis,
Vive Louis !
Un petit morceau de pain bis (bis)

Le soldat qui bien le regarde,
Vive le roi !
Sourit aux paroles qu’il dit,
Vive Louis !
Sourit aux paroles qu’il dit. (bis)

A mis la main sous sa cuirasse,
Vive le roi !
Découvre les trois fleurs de lys,
Vive Louis !
Découvre les trois fleurs de lys. (bis)

V’la qu’on le prend, v’la qu’on l’emmène,
Vive le roi !
Tout droit au château de Madrid,
Vive Louis !
Tout droit au château de Madrid. (bis)

V’la qu’on le met dans une chambre,
Vive le roi !
Où on ne voyait jour ni nuit,
Vive Louis !
Où on ne voyait jour ni nuit. (bis)

Que par un’ petite fenêtre,
Vive le roi !
Qui était au pied de son lit,
Vive Louis !
Qui était au pied de son lit. (bis)

A regardé par la fenêtre,
Vive le roi !
A vu un postillon venir,
Vive Louis !
A vu un postillon venir. (bis)

 Beau postillon qui portes lettres,
Vive le roi !
Que dit-on du roi dans Paris ?
Vive Louis !
Que dit-on du roi dans Paris ? (bis)

 S’il est mort y aura grand’ guerre,
Vive le roi !
S’il est pris y aura encore pis,
Vive Louis !
S’il est pris y aura encore pis. (bis)

 Beau postillon qui portes lettres,
Vive le roi !
Retourne-t-en vite à Paris,
Vive Louis !
Retourne-t-en vite à Paris. (bis)

Va-t-en dire à mes gentilshommes,
Vive le roi !
Qu’ils viennent vite ici me qu’ri,
Vive Louis !
Qu’ils viennent vite ici me qu’ri. (bis)

S’il manque de l’argent en France,
Vive le roi !
On en trouv’ra à Saint-Denis,
Vive Louis !
On en trouv’ra à Saint-Denis. (bis)

Que l’on fonde croix et lanternes,
Vive le Roi !
Jusqu’aux dorures du lambris,
Vive Louis !
Jusqu’aux dorures du lambris. (bis)




[1[Le Fureteur breton, … p. 175.

[2Contes populaires de la Haute-Bretagne, Paris, Charpentier, 1880.

[3Avec la simple dédicace : « à M. de la Villemarqué Hommage de son compatiote ».

[4Collège de Dinan.

[5Voir Revue des traditions populaires, tome XXVIII, n° 2, février 1913, p. 49-62 : « Notes pour servir à l’étude du folklore en France ». Sébillot évoque alors la seule lecture du Foyer breton de Souvestre.

[6Contes des Paysans et des Pêcheurs, deuxième série des Contes Populaires de la Haute-Bretagne, Paris, Charpentier, 1881.

[7Contes de Marins, troisième série des Contes populaires de la Haute-Bretagne, Paris, Charpentier, 1882.

[8« Littératures populaires de toutes les nations », chez l’éditeur Maisonneuve à Paris.

[9Littérature orale de la Haute-Bretagne, Paris, Maisonneuve, 1881. Premier volume de la collection « Littératures populaires de toutes les nations ».

[10Ce travail restera dans les cartons, même si, dans la « Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne » qu’il publie dans le tome V de la Revue celtique (1881-83), il l’annonce (p. 282) comme comprenant 5000 mots environ et destiné à paraître en 1883, complété par des notes d’Émile Ernault.

[11Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, Paris, Maisonneuve, 1882. Volumes IX et X de la collection « Littératures populaires de toutes les nations ».

[12Coutumes populaires de la Haute-Bretagne, Paris, Maisonneuve, 1885. Volume XXII de la collection « Littératures populaires de toutes les nations ».

[13Paul Sébillot y est né le 6 février 1843.

[14Berceau de la famille La Villemarqué.

[15Miss Maive Stokes, Indian Fairy Tales, Calcutta, 1879. Elle est la fille du celtisant Whitley Stokes avec lequel La Villemarqué a entretenu une très abondante correspondance.

[16Sachuli l’innocent : voir Littérature orale de la Haute-Bretagne, op. cit., p. 90, 108-109.

[17C’est un thème que Sébillot développera à plusieurs reprises.

[18Les Contes de terre et de mer, légendes de la Haute-Bretagne, illustrés par Léonce Petit, Sahib et Bellanger, paraîtront seulement en 1883 à Paris chez Charpentier.

[19Revue de Bretagne et de Vendée, tome IX, mai 1885, p. 399-405 : « Notices et comptes rendus. Les littératures populaires de toutes les nations. I Littérature orale de la Haute-Bretagne. » par Olivier de Gourcuff.

[20Né à Saint-Brieuc en 1852, enseignant au collège Saint-Charles de la ville, puis à l’université de Poitiers, Émile Ernault a bénéficié du constant soutien de La Villemarqué avec lequel il entretient une abondante correspondance. Le 10 août 1881, Ernault rend visite à Sébillot et c’est de chez ce dernier qu’il adresse une lettre à La Villemarqué (Archives La Villemarqué, pièce 34.42) dans laquelle il écrit : « M. Sébillot a été très sensible à vos éloges, du reste bien mérités, et il me prie de vous en remercier. »

[21Congrès de l’Association bretonne de Redon (5-10 septembre 1881).

[22Parmi les questions proposées par la Classe d’archéologie, aucune ne concerne Gargantua. Cependant la question 21 qui a pour sujet « contes et chansons populaires de la Haute-Bretagne » était sans doute destinée à Sébillot. Elle sera en partie traitée par Arthur de la Borderie. Ernest du Laurens de la Barre établira quant à lui un « court parallèle » entre les contes de la Haute-Bretagne de Paul Sébillot et les siens. Il lira même un conte extrait de l’ouvrage du premier avant de raconter l’un des siens : « La clef merveilleuse ou le bedeau qui a perdu son recteur ».

[23Sans doute les Nouveaux Fantômes bretons publiés en 1881 par Ernest du Laurens de la Barre chez Dillet à Paris.

[24Gargantua dans les traditions populaires. Volume XII de la collection "Littératures populaires de toutes les nations » Paris, Maisonneuve, 1883.

[25Gargantua..., p. 229-230.

[26Ibid., p. 230-231.

[27Ibid., p. 294.

[28Ibid., p. 261.

[29Ibid., p. 302-303.

[30Congrès de Châteaubriant (4 - 9 septembre 1882).

[31« Littérature populaire de la Haute-Bretagne (légendes, contes, chansons, etc.) ». Cette question ne sera finalement pas traitée.

[32Alexandre Nikolaiévitch Afanassiév (1826-1871). Les contes populaires russes qu’il publie en 1840 serviront notamment de corpus de référence à Vladimir Propp pour sa Morphologie du conte.

[33Ce ne sera pas le cas, mais des « Légendes chrétiennes de la Haute-Bretagne » paraîtront en 1885 dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère (p. 412-427) et, en 1891 dans la Revue de Bretagne de Vendée et d’Anjou, V, p. 324-329, 370-8-380, 479-484 ; VI, p. 7072, 239-245, 482-490.

[34Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne, Paris, Maisonneuve, 1882. 2 vol. (tomes 2 et 3 de la collection « Littératures populaires de toutes les nations »).

[35Congrès de l’Association bretonne du 1er au 6 septembre 1885.

[36Paul-Yves Sébillot est né à Dinan le 24 septembre 1885.

[37Sébillot est admis comme membre de la Société archéologique du Finistère à la séance du 30 juillet 1885.

[38La limite du breton et du gallo en Bretagne est un sujet que Paul Sébillot travaille depuis plusieurs années et qu’il a évoqué dès le 6 juin 1878 lors d’une séance de la Société d’anthropologie. Ce n’est, semble-t-il, qu’à la séance du 29 octobre 1885 de la Société archéologique du Finistère que La Villemarqué communique la note de Sébillot. La Villemarqué, dit encore le compte rendu, « donne lecture de quelques contes de la Haute-Bretagne, sur la Mort et ses voyages, recueillis par l’infatigable M. Sébillot, non sans égayer ce sujet sinistre par quelques bonnes histoires semblables dont notre Ankou breton fait l’objet. » Ces deux contributions seront publiées dans les Mémoires du Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1885, tome XII, p. 412-414 : « Légendes chrétiennes de la Haute-Bretagne. La Mort en voyage » ; p. 425-427 : « Limites des dialectes bretons ».

[39Lors du Congrès de l’Association bretonne à Saint-Malo, séance du 4 septembre 1885, La Villemarqué donne lecture « d’une note sur la ligne de démarcation des dialectes divers de la langue bretonne » qui appelle effectivement des réserves de la part de certains participants, expliquant sans doute la non-publication de cette note dans le bulletin comme l’avait proposé La Villemarqué..

[40Cette question ne sera pas inscrite au programme.

[41Citée par Paul Sébillot dans « Ce que m’a dit La Villemarqué », Fureteur breton, 1912, tome VIII, p. 176.

[42Il est question de l’adhésion à la Société des traditions populaires.

[43Citée par Paul Sébillot dans « Ce que m’a dit La Villemarqué », Fureteur breton, …1912, tome VIII, p. 178.

[44Gabriel Vicaire (1848-1900). Surtout connu comme poète il collabore à la Revue des traditions populaires. Dans le numéro du 25 juillet 1886, il se fait même le porte-parole du comité de rédaction pour exposer le projet sous le titre : « Nos idées sur le Traditionnisme » (p. 189-191). Émile, dit Henri Carnoy (1861-1930 ) a publié de bons recueils de littérature orale : Littérature orale de Picardie (1883) chez Maisonneuve dans la collection « littératures populaires de toutes les nations » et Contes français chez Leroux, dans la collection « Contes et chansons populaires », en 1885. Écartés de la Société des traditions populaires lors de l’Assemblée générale du 27 janvier 1887 ( cf. Revue des traditions populaires du 25 février 1887, p. 92 ), ils publieront aussitôt leur propre revue, La Tradition, dont le premier numéro paraît au mois d’avril 1887.

[45La Société des traditions populaires.

[46Publié par Charles Lancelin dans la Revue des traditions populaires de novembre 1886, p. 319-325.

[47Sur papier à en-tête de la « Société des Traditions Populaires. Revue des Traditions Populaires ». Le siège de la rédaction est au domicile de Sébillot, au 4, rue de l’Odéon.

[48Elvire de Cerny (1818-1899), Saint-Suliac et ses traditions, Dinan, 1861 (réédition, Rennes, Rue des Scribes, 1987, p. 65-69. : « La mare et le beugle de Saint-Colman ».

[49« Anciens poètes du Léon : saint Goënou », Revue de Bretagne et de Vendée, I, 1888, p. 81.

[50On doit à Joseph Bigot, architecte du département du Finistère et de l’évêché de Quimper et du Léon, la construction en 1858 des flèches de la cathédrale de Quimper.

[51« Complainte sur la captivité de François Ier » ; cf. Revue des traditions populaires, août 1888, p. 418-421 et Annuaire de Bretagne pour l’année 1897, par René Kerviler et Paul Sébillot, Rennes, Plihon et Hervé, 1897, p. 355-356. Sébillot signale en note que la chanson lui fut chantée pour la première fois par La Villemarqué en 1883 à l’occasion du Dîner celtique. La chanson lui avait été chantée vers 1835 par l’écrivain Chateaubriand.

[52La « Romance de l’Émigré », publiée en 1806 dans le Mercure du 31 mai, puis en 1826 dans Les Aventures du dernier Abencérage, est plus connue par son incipit « Combien j’ai douce souvenance… ». Cf. Paul Bénichou, Nerval et la chanson folklorique, Paris, Corti, 1970, p. 59-67.

[53« Souhaits de bonne année en rébus » dans la Revue des traditions populaires, décembre 1887, p. 568 (cf. L’imagerie populaire bretonne, catalogue de l’exposition du Musée départemental breton de Quimper, 1992, p. 14). Paul Sébillot, « L’imagerie en Basse-Bretagne » dans la Revue des traditions populaires, 1888, p. 309-316 et « L’imagerie populaire en Haute Bretagne », ibid., p. 407-417.

[54Henri Raison du Cleuziou, écrivain et archéologue, né à Lannion (Côtes-d’Armor), en 1833.

[55« Représentations de Mystères bretons » par Anatole Le Braz dans le numéro d’avril 1888 de la Revue des traditions populaires, p. 222.

[56Revue des traditions populaires de mars 1887, p. 144 : « Une traduction anglaise du Barzaz-Breiz. - M. Henry Carrington vient de publier à Edimburg (en 1 petit vol. in-8° de XII-184 pages imp. Turnbull et Spears) sous le titre de Breton Ballads, une élégante traduction en vers des pièces du Barzaz-Breiz qui n’avaient pas été traduites par M.M. Tom Tylor (1885) et Lewis Morris. Cette dernière est-elle la même que celle en vers anglais parue sans nom d’auteur dans The Catholic World, juillet 1873, sous le titre : Britanny, its people and its poems ? »

[57Ernest Hamy (1842-1908). Anthropologue, ethnographe et archéologue, fondateur et premier conservateur du Musée d’ethnographie du Trocadéro à Paris.

[58Les Héros populaires en Bretagne, Vannes, Lafolye, 1889 ; tiré-à-part de la Revue de Bretagne et d’Anjou, tome IV, p. 98, 113, 133, 146.

[59Même en-tête que la lettre précédente.

[60Même en-tête que la lettre précédente.

[61Distique écrit sur une carte de visite, cité par Paul Sébillot dans « Ce que m’a dit La Villemarqué », Fureteur breton, … 1912, tome VIII, p. 178.

[62Sur ce chant, on peut se reporter aux études de Paul Bénichou dans Nerval et la Chanson folklorique, 1970, p. 82-86 où l’auteur s’interroge sur « l’authenticité de cette version », et à l’article de Georges Delarue « Quelques tendances évolutives de la chanson folklorique », paru dans Tradition et histoire dans la culture populaire. Rencontres autour de l’œuvre de Jean-Michel Guilcher, Le Monde alpin et rhodanien, Grenoble, 1990, p. 31-36.