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International Encyclopaedia
of the Histories of Anthropology

Le primitivisme allemand au début du XXe siècle et l’œuvre de Leo Frobenius

Karl‑Heinz Kohl

Goethe-Universität Frankfurt-am-Main
Institut für Ethnologie

2022
To cite this article

Kohl, Karl–Heinz, 2022. « Le primitivisme allemand au début du XXe siècle et l’œuvre de Leo Frobenius », in BEROSE International Encyclopaedia of the Histories of Anthropology, Paris.

URL BEROSE: article2580.html

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Published as part of the research theme « History of German and Austrian Anthropology and Ethnologies », directed by Jean-Louis Georget (Sorbonne Nouvelle, Paris), Hélène Ivanoff (Institut Frobenius, research in cultural anthropology, Frankfurt am Main), Isabelle Kalinowski (CNRS, Laboratoire Pays germaniques UMR 8547, Ecole Normale Supérieure, Paris), Richard Kuba (Institut Frobenius, research in cultural anthropology, Frankfurt am Main) and Céline Trautmann-Waller (Université Sorbonne nouvelle-Paris 3/IUF).
Dossier « Leo Frobenius » coordinated by Hélène Ivanoff and Richard Kuba

Aussi différents que puissent être les phénomènes subsumés sous le terme de « primitivisme », ils mettent cependant tous en évidence que la valeur de l’objet sur lequel porte l’intérêt primitiviste résulte d’une tension personnelle avec sa propre culture [1]. Cette valeur primitiviste dépend en effet, d’une façon générale, du rejet opposé à cette dernière. Par conséquent, cela signifie que cette valeur reste toujours liée aux normes de la culture de l’observateur. En tant que figure idéale, le primitif incarne les qualités et les vertus qui ont été perdues par sa propre culture au cours de son histoire conçue – dans le discours primitiviste –g comme une histoire dégénérescente. Cependant, ses qualités et vertus peuvent être conçues très différemment. D’une part, nous trouvons la conception d’un primitivisme « doux » d’un état plus originel, dans lequel les hommes ont une vie facile dans un environnement qui leur donne tout en abondance. Toutes les nécessités matérielles peuvent être satisfaites sans grand effort, et la société est toujours dans un état d’harmonie. Mais cette approche « soft » de la vie originelle – et simple – est dès le départ opposée à la conception d’un primitivisme « dur » (Lovejoy & Boas 1935). La nature et l’environnement social y sont au contraire considérés comme potentiellement hostiles, le primitif devant faire ses preuves au combat et lutter contre la nature pour les nécessités de la vie, se protéger et protéger les siens de nombreux ennemis et faire preuve de courage, de piété, de sincérité, de persévérance et de force physique. Les premiers exemples modernes des deux conceptions primitivistes se manifestent, d’une part, dans la description par Christophe Colomb des « doux » Caribéens vivant dans l’abondance (Colomb 1992 [1492]) et, d’autre part, dans la présentation par Montaigne des Tupinamba (Montaigne 1988 [1580]) [2], virils et guerriers, n’acceptant aucune soumission à un souverain et recherchant toute leur gloire au combat.

Ces deux primitivismes antagonistes sont encore présents dans la pensée des représentants les plus importants de l’ethnologie du XXe siècle. Avec sa description de La vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la Mélanésie en 1930, Bronisław Malinowski se situe incontestablement dans la tradition d’un « primitivisme soft » lorsqu’il dresse le tableau des coutumes et des traditions libres d’une société qui semble vivre en harmonie précisément parce qu’elle ne connaît pas les nombreuses formes d’oppression sexuelle dont l’Europe de l’époque victorienne a tant souffert. Élève de Malinowski, Edward Evan Evans-Pritchard préfère, en revanche, la vision « hard » du primitivisme (Evans-Pritchard 1968 [1940]). Les Nuer du sud du Soudan, qu’il idéalise, ne défient pas seulement un environnement naturel hostile. Les querelles constantes entre les tribus, les clans et les sous-clans déterminent également leur vie quotidienne. Cependant, dès qu’ils doivent faire face à un ennemi extérieur, les anciennes inimitiés sont rapidement oubliées. Car les membres de cette société, extrêmement égalitaire et libre, s’opposent à une chose avant tout : se soumettre à autrui.

Ce qui distingue le primitivisme – que ce soit dans sa version « soft » ou « hard » – ce sont ses traits caractéristiques d’identification. En cela, il se différencie d’une autre forme de discours sur l’altérité, qui lui est étroitement liée, à savoir le discours sur la « barbarie ». Comme le primitivisme, l’accusation de barbarie relève d’une position eurocentrée. Ce discours ne comprend pas, cependant, d’éléments idéalisateurs. La barbarie est clairement rejetée. Dans le discours colonial, elle joue le rôle d’une justification narrative centrale. Étaient jugées « barbares » les chasses aux esclaves des Arabes en Afrique de l’Ouest et de l’Est, raison pour laquelle il était du devoir des civilisés de libérer le continent noir de ce joug. Le régime despotique des dirigeants africains, à qui la vie de leurs sujets importait peu et qui ne reconnaissaient que le principe de leur propre arbitraire, était également considéré comme « barbare ». D’autre part, les despotes africains eux-mêmes vivaient dans un état d’insécurité permanent, car leur propre tribunal menaçait de les tuer dès qu’ils montraient le moindre signe de faiblesse. L’archéologue et ethnologue britannique James Frazer fut si impressionné par la coutume archaïque du meurtre royal sacré qu’elle donna lieu à la rédaction d’un livre en douze volumes sur les coutumes, les traditions et les représentations magiques des peuples primitifs de la terre (Frazer 1981-1984 [1890]), qui exerça une forte influence sur les hypothèses théoriques de Sigmund Freud concernant le meurtre du père primitif. La barbarie était la véritable antithèse de la civilisation ; elle ne pouvait être satisfaisante et demeurait enfermée derrière une barrière de tabous à l’image de ces pieux sur lesquels séchaient des têtes humaines, et qui étaient là pour dissuader l’ennemi, et délimitaient si clairement le sombre royaume de M. Kurtz dans le récit de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (2017 [1899]).

Le fait que le primitivisme, dans ses variantes « douces » et « dures », n’ait jamais joué un rôle aussi central en Allemagne que dans les pays anglo-saxons est sans doute dû au fait qu’il manquait ici son antithèse : le progrès et la civilisation. Avec ses réflexions romantiques sur l’esprit du peuple, Johann Gottfried Herder avait produit un concept qui, en mettant l’accent sur l’unicité et la ténacité de chaque culture humaine, conduisait à s’éloigner de l’idée d’un progrès commun du genre. En ethnologie, il devait engendrer le relativisme culturel d’un Franz Boas. Le concept du primitif est donc rare dans le discours ethnologique allemand et, lorsqu’il est employé, c’est principalement dans des formes de discours marquées par le darwinisme. Au lieu de cela, les ethnologues allemands ont préféré parler des peuples de la Nature (Naturvölker), un terme dont ils étaient même fiers : il mettait l’accent sur la proximité de ces peuples avec la nature, mais sans les repousser complètement dans la nature. Le fait que les peuples de la nature n’étaient pas « sans culture » à leurs yeux était déjà attesté dans les prémices de l’ethnologie allemande par les tentatives esquissées, depuis Friedrich Ratzel, pour identifier, en Afrique et en Océanie, des cercles culturels en se basant sur la diffusion d’éléments culturels uniformes. Le diffusionnisme culturel de l’ethnologie allemande, déterminé par des paramètres spatiaux, est à mettre en rapport avec l’évolutionnisme temporel de l’anthropologie britannique, de même que le concept de culture avec celui de civilisation. Contrairement à la civilisation envisagée comme étant la somme de tous les progrès réalisés dans l’histoire de l’humanité, on pouvait aussi parler de cultures au pluriel. Chaque culture est unique et incarne en elle-même les valeurs particulières des peuples qu’elle a produites. Si, cependant, les valeurs des différentes cultures n’étaient pas universelles mais particulières par nature, le verdict contre la barbarie deviendrait obsolète. Sur la base de quel jugement devait-on juger où la culture s’arrête et où la barbarie commence ? Cette réflexion a également été à l’origine de la forme spécifiquement allemande du primitivisme du début du XXe siècle. Il a trouvé son expression littéraire dans les œuvres d’écrivains expressionnistes tels que Kasimir Edschmied, Robert Müller et Alfred Döblin. En ethnologie, il était représenté par Leo Frobenius, qui, grâce à ses nombreux voyages de recherche en Afrique dans les années 1920, était devenu le plus célèbre ethnologue allemand de son temps dans le monde.

Né à Berlin en 1873 et fils d’un général prussien, Frobenius avait acquis ses connaissances ethnologiques en autodidacte. Il publia son premier essai scientifique à l’âge de vingt ans. Sa tentative de soutenir une thèse de doctorat portant sur les sociétés secrètes africaines échoua cependant, ce qui lui ferma donc la voie d’une carrière académique classique. En 1898, il fonda ses archives privées sur l’Afrique à Munich, qui devinrent ensuite l’Institut de morphologie culturelle. La même année, il publia un essai sur le « Cercle culturel ouest-africain », qui allait servir de fondement à la théorie allemande des cercles culturels (Frobenius 1898 : 193, 265). De 1904 à 1906, il entreprit sa première expédition de recherche dans le bassin du Congo, qui sera suivie de neuf autres voyages en Afrique jusqu’en 1930. L’un de ces voyages, qui le conduisit en 1915 en Érythrée via la Turquie, eut lieu sur l’ordre direct de l’empereur Guillaume II, et Frobenius dut assumer une mission similaire à celle effectuée, au même moment, du côté britannique par l’archéologue Thomas Edward Lawrence : provoquer des soulèvements auprès des sociétés tribales de la Corne de l’Afrique (Guiral 2016 : 93-116). Bien que cette mission ait échoué, Frobenius avait personnellement reçu le titre de conseiller privé de l’Empereur à cette occasion, qu’il conserva avec fierté jusqu’à la fin de sa vie. Quelques années seulement avant sa mort, ses réalisations scientifiques furent reconnues, comme en attestent le titre de professeur honoraire que l’université de Francfort lui accorda et la gestion du musée d’ethnologie que la ville lui confia.

Bien que le développement de sa théorie sur la morphologie culturelle ait également reposé sur l’expérience de ses premières grandes expéditions à l’intérieur de l’Afrique, ce n’est cependant que dans ses ouvrages publiés après 1914 qu’il lui donna une forme systématique. Dans son essai Paideuma, publié en 1921, il en décrit les principales caractéristiques. Sa conférence « La culture comme problème » (Kultur als Problem), qu’il tint le 21 mars 1923 dans l’un des clubs masculins les plus renommés de la ville de Francfort, était probablement aussi basée sur les considérations développées dans ce livre. Selon toute vraisemblance, il doit à cette conférence le fait qu’un an plus tard, Francfort acquit ses Archives africaines pour la somme considérable de 260 000 marks or. Sous le titre « Le Problème de la Civilisation », Frobenius présenta une version française de ce texte d’abord à Paris, puis à la Residencia de Estudiantes à Madrid (Guiral 2016 : 93-116). Malheureusement, le manuscrit n’a pas été conservé. On peut cependant conclure des articles de journaux contemporains que « La culture en tant que problème » contenait un résumé de certains de ses points de vue publiés deux ans plus tôt dans Paideuma.

Ses explications ont dû toucher la sensibilité des auditeurs de l’époque, bien qu’elles semblent plutôt bizarres et hautement spéculatives de nos jours. Frobenius émet l’hypothèse que ce n’est pas l’être humain qui façonne la culture, mais plutôt la culture qui modèle l’être humain individuel. En fonction de leur style particulier, de leur Paideuma, il distingue deux cultures primitives, qu’il qualifie d’hamitique et d’éthiopienne. Les représentants de la culture hamitique étaient des chasseurs, tandis que ceux de la culture éthiopienne étaient des agriculteurs et des cueilleurs. Les Hamites se sont orientés en fonction de la forme de l’animal, pendant que les Éthiopiens ont laissé la forme de la plante devenir l’expression de leur attitude envers la vie. Ces deux styles, caractérisés par de nombreux autres contrastes, sont non seulement très répandus en Afrique, mais sont aussi à la base des cultures européennes. Le Hamite se caractérise par un sens prononcé des faits, de la rationalité et de la détermination, tandis que le sens de la réalité, le mysticisme et la dévotion à la vie sont des caractéristiques centrales de l’Éthiopique. Ce dernier trouve son berceau en Europe dans la culture – pleine d’âme – allemande et russe, le Hamite, quant à lui, a son berceau dans la civilisation anglaise et française. Dans l’économie des cultures « hamites », la chasse aux animaux a laissé la place aujourd’hui à la chasse à l’argent et aux richesses matérielles.

À côté de cette typologie culturelle particulière, dont l’orientation politique est évidente, Frobenius a également mis en place un modèle général pour expliquer le développement de l’histoire culturelle, structuré d’après les phases de la vie humaine. L’enfance, la jeunesse et la virilité correspondent dans ce schéma aux stades culturels de la barbarie, de la culture et de la mécanique, auxquels Frobenius assigne à son tour trois périodes culturelles : celle du jaillissement créatif, de la mise en forme et de l’accomplissement. L’« enfance » de la culture est pour Frobenius la phase réellement créatrice. À ce stade, les hommes sont saisis par certaines idées nouvelles qui les submergent complètement. L’émotion amène cependant alors à l’expression, c’est-à-dire qu’elle conduit à des actions qui donnent aussi aux nouvelles idées une forme extérieure.

Selon la théorie de Frobenius, l’une des premières intuitions de l’homme fut la découverte du lien inséparable entre devenir et mourir. La loi selon laquelle la mort et la fertilité dépendent l’une de l’autre, selon laquelle l’ancien doit périr pour créer de l’espace pour le nouveau, s’applique aussi bien à la nature qu’aux êtres humains. Cette intuition s’est exprimée dans la violence des rituels archaïques. Frobenius prend comme premier exemple la coutume du meurtre royal sacré répandue en Afrique. Dès que le dirigeant montrait des faiblesses et ne pouvait plus remplir ses devoirs conjugaux, par exemple, il devait être éliminé de force, car la fertilité de tout le pays dépendait de lui. C’était un devoir sacré, auquel il se soumettait selon les normes morales strictes d’un « ordre qui se déroulait dans une discipline de fer ». Le plus important élève et successeur de Frobenius, Adolf Ellegard Jensen, associa d’autres cérémonies à ce premier aperçu central : les circoncisions sanglantes lors des cérémonies d’initiation des peuples africains, les cérémonies rituelles de sacrifices des jeunes filles, que racontent les mythes d’origine, ou le cannibalisme rituel associé au viol collectif chez certains peuples des hautes terres de Nouvelle Guinée. Pour Frobenius et Jensen, la « barbarie » fut l’étape la plus créatrice de l’histoire humaine, suivie de la « culture » – l’étape de la conception – et de la « mécanique » – l’étape de l’accomplissement et le début du déclin culturel.

Comparé aux déclarations de ses collègues britanniques et français, Frobenius brise ici un tabou. Lui et ses élèves ont en quelque sorte démoli les clôtures qui entouraient le terrain barbare jusqu’alors. Le meurtre royal, le sacrifice humain et le cannibalisme, que la civilisation moderne se vantait d’avoir éliminés, sont soudain rendus socialement acceptables. En tant qu’expression d’une idée qui a conquis le cœur des hommes, ils ont alors atteint une sorte de dignité philosophique. Même le pire des actes barbares peut être l’expression d’une volonté humaine de connaissance, et donc de culture. D’où vient cette violation du tabou ? On ne peut qu’émettre des hypothèses. Y avait-il une identification consciente avec l’accusation de barbarie portée contre les troupes allemandes pendant la Première Guerre mondiale ? Par rapport à cette supposition, on peut cependant soutenir que la limite avait été franchie auparavant : cette violation du tabou émerge déjà dans le célèbre discours des Huns [3] que Guillaume II, l’ami et admirateur de Frobenius, a tenu à Bremerhaven le 27 juillet 1900. Frobenius n’était en aucun cas le seul à réhabiliter la barbarie en Allemagne au tournant du siècle. C’est ce dont témoigne également une déclaration de Thomas Mann datant de l’année du déclenchement de la Première Guerre mondiale. En opposant la culture allemande et la civilisation occidentale, Mann écrit :

La culture peut inclure les oracles, la magie, la pédérastie, le Vitzliputzli, les sacrifices humains, les formes de culte orgiastiques, les inquisitions, les autodafés, la danse Vitus, les procès de sorcières, l’avènement du meurtre par poison et les abominations les plus diverses. Mais la civilisation, c’est la raison, l’illumination, la saponification, la fondation, le scepticisme, la dissolution (Mann 2002 [1914] : 27).

Le meurtre royal sacré observé par Frobenius en Afrique – et parfois décrit par lui comme un « spectacle sublime » – ne vient que trop bien s’intégrer dans cette énumération. Frobenius et ses thèses rencontrèrent également l’approbation de ses collègues universitaires, après qu’il eut finalement ouvert son institut à Francfort en 1925. L’un des plus connus d’entre eux était l’ancien historien Walter F. Otto, avec lequel il entretenait une étroite amitié. Selon les propos des élèves de ce dernier, les dieux grecs s’étaient révélés à Otto dans les montagnes. « Saisi » par cette rencontre, il aurait plaidé pour la réintroduction du sacrifice humain [4].

Leo Frobenius était un penseur tout à fait conservateur, mais il n’était pas national-socialiste. En 1930, il avait même pris publiquement position contre l’antisémitisme. Bien qu’il ait essayé d’approcher les nouveaux dirigeants après 1933, il est resté suspect parce qu’il continuait à rejeter l’idée que la culture pourrait avoir quelque chose à voir avec la race. Les nazis s’abstinrent de fermer son institut – dans lequel il employait également du personnel juif – uniquement en raison de sa réputation internationale. Frobenius mourut en 1938 et ne put donc voir par lui-même comment le « démon » de ces nouvelles « forces créatrices » – dont il aimait tant parler – prit possession de l’humanité et conduisit finalement à la grande rupture avec la civilisation du XXe siècle. Même l’œuvre de sa propre vie ne fut pas épargnée par les circonstances de l’époque. Le NSDAP refusa à son successeur désigné Adolf E. Jensen de prendre la direction de l’Institut de morphologie culturelle parce qu’il était marié à une femme « non aryenne ». Jensen ne put succéder à Frobenius qu’en 1946, un an après la chute du Troisième Reich. Il est vrai qu’il ne révisa jamais la théorie culturelle discutable de son maître. Néanmoins, dans ses écrits d’après-guerre, il prit ses distances avec celles de tous les « zélotes » qui cherchaient à appliquer concrètement la vision créatrice dans le contexte « des procréations et des mises à mort [5] ».

Bibliographie

Colomb Christophe, 1992 [1492]. Journal de bord, Paris, Imprimerie Nationale.

Conrad Joseph, 2017 [1899]. Au cœur des ténèbres, Paris, Flammarion.

Frazer James, 1981-1984 [1890]. Le Rameau d’or, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins ».

Frobenius Leo, 1898. « Der westafrikanische Kulturkreis », Petermanns Geoagr. Mitteillungen, n° 44, p. 193, 265.

Frobenius Leo, 1921. Paideuma: Umrisse einer Kultur- und Seelenlehre, Munich, Beck.

Jensen Adolf E., 1948. Das Weltbild einer frühen Kultur, Wiesbaden, Franz Steiner, p. 185.

Lanzarote Guiral José, 2016. « À la quête des Atlantides. Léo Frobenius et les intellectuels espagnols », in Georget Jean-Louis, Hélène Ivanoff & Richard Kuba, Kulturkreise. Frobenius und seine Zeit / Cercles culturels – Leo Frobenius et son temps, Berlin, Reimer, p. 93-116, série « Studien zur Kulturkunde », n° 129.

Lovejoy Arthur O. & Franz Boas, 1935. Primitivism and Related Ideas in Antiquity, Londres, Oxford University Press, Humphrey Milford.

Malinowski Bronisław, 1970 [1930]. La vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la Mélanésie. Description ethnographique des démarches amoureuses, du mariage et de la vie de famille des indigènes des Iles Trobriand de la Nouvelle-Guinée, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot ».

Mann Thomas, 2002. Essays II. 1914-1926, Francfort-sur-le-Main, S. Fischer, p. 27.

Montaigne, 1988 [1580]. Essais, Paris, Presses universitaires de France.

Otto Walter F., 1933. Dionysos. Mythos und Kultus, Francfort-sur-le-Main, Vittorio Klostermann, p. 26-30, coll. « Frankfurter Studien zur Religion und Kultur der Antike », n°4.




[1Traduction de l’allemand par Hélène Ivanoff.

[2Voir le chapitre 31.

[3Hunnenrede est le discours prononcé par Guillaume II lors du départ des corps expéditionnaires d’Asie de l’Est au moment de la révolte des Boxers, encourageant les soldats allemands à se battre comme les Huns sous la houlette d’Attila.

[4Le fait qu’Otto croyait réellement à l’existence des Dieux grecs est perceptible dans plusieurs de ces ouvrages. Voir en particulier Otto (1933 : 26-30).

[5Jensen assimile ici les zélotes à des fanatiques religieux et fait référence ainsi aux nazis, voir Jensen (1948 : 185).