Contrairement à l’anthropologie, qui fut une invention de la Renaissance et de l’humanisme (De Angelis 2010), l’ethnographie et sa sœur cadette, l’ethnologie, furent des produits des Lumières [1]. Leur genèse eut lieu dans le cadre de l’Aufklärung germanique au cours du XVIIIe siècle, comme je l’ai montré dans mon ouvrage de 2015, Before Boas. L’ethnographie en tant que description des peuples (Völker, ou narody) émergea en Sibérie au début des Lumières, tandis que l’ethnologie fut définie un peu plus tardivement à Göttingen, en Allemagne du Nord, et à Vienne, en Autriche, comme étant l’étude des peuples et des nations en général. Toutes les deux, la première de nature descriptive et la deuxième de nature générale et comparative, renvoyaient à un nouveau domaine de recherche que désignent en Allemagne les termes Völker-Beschreibung (1740) et Völkerkunde (1771-1775), tout comme les termes néo-grecs ethnographia (1767) et ethnologia (1781-1783). Il s’agissait de concepts nouveaux qui, ensemble, ciblaient un nouveau champ théorique et pratique dans l’univers académique, impliquant un ou plusieurs programmes de recherche.
Dans ce qui suit, je passerai en revue ces développements tout en me focalisant sur les enquêtes menées en Russie au XVIIIe siècle, particulièrement sous l’influence de Gerhard Friedrich Müller (1705-1783), l’un des pères fondateurs de l’ethnographie. Je rattacherai ce processus à la fondation de la Kunstkamera en 1714 et de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, en 1724-1725. Ma thèse consiste à dire que l’ethnographie est née en Sibérie des échanges très fertiles noués entre, d’un côté, des historiens et des naturalistes germanophones et, de l’autre, des savants et des administrateurs russes. Je me pencherai sur les questions suivantes : la fondation de la Kunstkamera et de l’Académie des sciences ; les premières expéditions académiques en Russie et celles qui s’ensuivirent ; le programme ethnographique de Müller entre 1732 et 1747 ; les successeurs de Müller et la transition de l’ethnographie vers l’ethnologie dans les années 1770 et 1880 ; et enfin le rapport entre l’ethnographie naissante et la Kunstkamera de Saint-Pétersbourg. Les principales lacunes de la recherche seront également mentionnées.
La Kunstkamera et l’Académie des sciences
La Kunstkamera de Saint-Pétersbourg, officiellement nommée « Museum Imperialis Petropolitani », fut fondée en 1714 par Pierre le Grand (1672-1725) dans le cadre de son programme de promotion de la science et de l’éducation dans une Russie réformée. Le fonds était d’abord constitué par les collections personnelles du tsar, c’est-à-dire des collections anatomiques et d’histoire naturelles achetées en Europe occidentale, et par les collections scientifiques de l’Apothicairerie (Aptekarskii Prikaz). Pierre le Grand conçut la Kunstkamera comme une encyclopédie tridimensionnelle sous la forme d’un musée comprenant également une bibliothèque et des ateliers. Les collections qu’il acquit pendant son premier voyage en Europe occidentale, la Grande Ambassade de 1697-1698, entraient déjà dans cette vision. Le tsar ne s’intéressait pas à l’art en tant que tel, il voulait plutôt collecter des savoirs (Driessen-van het Reve 2006, 2015).
L’Aptekarskii Prikaz était dirigée depuis 1706 par le médecin d’origine écossaise Robert Erskine (1677-1718). Areskine, comme on l’appelait en Russie, en fit un des premiers lieux de naissance des sciences naturelles dans le pays. Placé à la tête de la Kunstkamera et de la Bibliothèque impériale en 1714, il fut nommé deux ans plus tard archiater du tsar, « médecin impérial ». Jusqu’à sa mort prématurée, Areskine fut le principal organisateur de la science en Russie. Il promut les premières expéditions scientifiques à partir de 1710 (j’y reviendrai). En 1718, le tsar signe un décret (ukaz) ordonnant qu’on collecte toute sorte de choses « remarquables » et qu’on les envoie à la Kunstkamera.
En 1714, deux ans après le transfert de la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg où la cour s’était installée, les collections prirent place dans le Palais d’été. À partir de 1719, elles rejoignent le chateau Kikin sous la supervision de l’Alsacien Johann Daniel Schumacher (1690-1761), qui y occupait le poste de bibliothécaire. Elles furent ensuite transférées vers un bâtiment édifié en 1728 pour accueillir le musée sur l’île de Vasilevskii, où il se trouve toujours aujourd’hui, sous le nom de Musée anthropologique et ethnographique Pierre le Grand (Kunstkamera). Il comprenait des collections anatomiques, zoologiques, botaniques et minéralogiques, des collections numismatiques (Münzkabinett), des peintures, des objets domestiques et religieux de différents peuples de la Russie et du monde entier, des trouvailles archéologiques et autres « curiosités » (artificialia), le globe Gottorp [2], des instruments techniques et une bibliothèque. Les collections anatomiques et d’histoire naturelle étaient les plus volumineuses ; la collection d’objets s’agrandit à l’occasion des expéditions scientifiques organisées d’abord par l’Aptekarskii Prikaz et, à partir de 1725, par l’Académie des sciences.
La Kunstkamera et l’Aptekarskii Prikaz furent les pierres angulaires sur lesquelles on bâtit l’Académie des sciences. Bien que le tsar eût des conseillers en Grande-Bretagne, où la Royal Society avait été fondée en 1660, et en France, où l’Académie des sciences fut créée en 1660, c’est le philosophe allemand Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) qui tint un rôle important.
Leibniz avait persuadé Frédéric Ier de Prusse de fonder une Académie des sciences à Berlin en 1700 et il en devint le premier président. Leibniz rencontra Pierre le Grand au moins cinq fois en quatre endroits différents : Torgau en 1711, Karlsbad en 1712, Bad Pyrmont et Herrenhausen en 1716. Il adresse au tsar et à son entourage, en 1708, 1711, 1712 et 1716, des mémoires consacrés au développement des arts et des sciences en Russie. En raison de la Grande guerre du Nord (1700-1721), la création de l’Académie avait été ajournée. C’est en janvier 1724 que le Sénat impérial à Saint-Pétersbourg examina la proposition de sa fondation ; son statut fut ratifié par Pierre le Grand au mois de février. Le tsar étant décédé en février 1725 de manière soudaine, sa veuve, Catherine Ire, qui lui succéda, inaugura l’Académie en décembre de la même année.
Parmi les réformes éducatives entreprises par Pierre le Grand, l’Académie des sciences (Akademia Nauk) fait figure de joyau de la couronne. Elle comprenait trois sections, notamment de Mathematica, Physica et Historia ; et on y trouvait aussi un lycée (Gymnasium), un musée, une bibliothèque, un observatoire et une université (une autre université, nommée d’après Lomonosov, fut fondée à Moscou en 1755.) Installée à l’origine dans un manoir où travaillaient les académiciens qui y tinrent leurs premières séances à partir de 1725, l’Académie déménagea d’abord dans un château tout près de la Kunstkamera et, en 1789, dans un nouveau bâtiment classique à côté de celle-ci. Des savants furent invités à venir de France, de Suisse, d’Écosse, de Suède, des Pays-Bas, du Danemark et d’Allemagne pour y travailler. Douze de ses dix-sept membres fondateurs provenaient des universités de Halle et de Leipzig, deux centres de hautes études en Allemagne centrale (Mühlpfordt 2011). Le premier président de l’Académie fut Laurentius Blumentrost Jr. (1692-1755), un médecin allemand né à Moscou qui avait fait ses études à Halle, à Oxford et à Leiden. En 1800, l’Académie impériale comptait 108 membres, dont 24 étaient russes et 68 germanophones.
Les premières expéditions en Russie
Des expéditions scientifiques avaient été envoyées à travers un empire russe en constante expansion avant même la création de l’Académie des sciences. Alexander Bekovich-Cherkassky (décédé en 1717) mena des enquêtes depuis la mer Caspienne jusqu’au Khanat de Khiva, entre 1714 et 1717 ; Lorenz Lange (c. 1692-1752) travailla en Chine en 1715, 1719, 1720-1722 ; Gottlob Schober (c. 1670-1739) visita Kazan, Astrakhan, la Perse et la mer Caspienne en 1717-1720 ; Daniel Gottlieb Messerschmidt (1685-1735) travailla à travers la Sibérie et jusqu’aux frontières de la Mongolie et de la Chine entre 1719 et 1727 ; Johann Christian Buxbaum (1693-1730) traversa la Turquie, l’Arménie, le Daghestan, le Caucase et Astrakhan en 1724-1727. Cet éventail de destinations (la mer Caspienne, la Chine, la Sibérie, la région d’Astrakhan, le Caucase) laisse supposer un plan bien calculé, probablement conçu par Areskine avec le soutien du tsar (Vermeulen 2015 : 113-116). Parmi les autres explorateurs, se trouvaient des éclaireurs et des arpenteurs russes, mais aussi des médecins, Schober, Messerschmidt et Buxbaum, qui avaient étudié la médecine et l’histoire naturelle dans les universités protestantes de Leipzig, Iéna, Wittenberg ou Halle. Ils furent embauchés pour conduire des enquêtes scientifiques dans des régions choisies à partir de critères très précis.
Daniel Gottlieb Messerschmidt fut un pionnier de l’exploration de la Sibérie et un « voyageur chercheur » (Forschungsreisender). Né à Dantzig (Gdańsk), il avait étudié la médecine à Iéna et à Halle, où Friedrich Hoffmann (1660-1742) avait été son professeur. Après la soutenance de sa thèse de doctorat à Halle en 1713, Messerschmidt retourna à Dantzig pour exercer la médecine. Le naturaliste Johann Philipp Breyne (1680-1764) le recommanda à Pierre le Grand et à Areskine pendant le deuxième tour européen du tsar, lors d’une visite à Dantzig en mars 1716. Deux ans plus tard, alors qu’il était arrivé à Saint-Pétersbourg, Messerschmidt signa un contrat en novembre 1718 pour une expédition au cours de laquelle il devait parcourir la Sibérie afin d’étudier (1) sa géographie ; (2) son histoire naturelle ; (3) la médecine locale, y compris les plantes médicinales et les maladies endémiques ; (4) les peuples et [leurs] langues ; (5) les monuments et les antiquités ; et (6) [de collecter] tout ce qui s’y trouvait de remarquable (Pekarskii 1862 : 351 ; Winter 1953 : 318). Ces instructions extrêmement larges furent probablement issues de la plume d’Areskine. Johann Deodat Blumentrost (1678-1756), à la tête de la Chancellerie-apothicairerie de 1718 à 1721 et de la Chancellerie médicale entre 1721 et 1730, et son frère, Laurentius Blumentrost Jr., alors archiater et directeur de la Kunstkamera, plus tard président de l’Académie des Sciences, prennent la suite d’Areskine en raison de ses problèmes de santé.
Messerschmidt partit en Sibérie et la parcourut au cours d’une expédition qui dura huit ans, de mars 1719 à mars 1727. Pendant la troisième année de son voyage, du 1er mars 1721 au 28 mai 1722, Messerschmidt fut accompagné par Philipp Johann Tabbert, un officier et cartographe suédois d’ascendance germanique, connu plus tard sous le nom de Strahlenberg, et par le neveu de celui-ci, le dessinateur Karl Gustav Schulman. De Tobolsk ils allèrent via Tara, Tomsk et Abakan à Krasnoïarsk, d’où les Suédois regagnèrent leur pays à la suite de l’accord de paix de 1721 entre la Russie et la Suède. Ensuite, Messerschmidt poursuivit son voyage avec trois assistants russes et deux employés allemands. Ils quittèrent Irkoutsk en passant par la région de la Transbaïkalie et arrivèrent à Argunsk tout en parcourant les frontières chinoises et mongoliennes. Puis ils reprirent le chemin de retour, pour Irkoutsk et Ienisseisk.
A Yeniseisk, Messerschmidt rencontra Vitus Bering (1681-1741) et Martin Spangberg (c. 1695-1761), chefs de la première expédition au Kamtchatka (1725-1730). Entre le 23 juillet et le 12 août 1725, Bering et Messerschmidt discutèrent des itinéraires et échangèrent des notes. Messerschmidt fit connaître à Béring des cartes de l’Asie du Nord et de l’Est, y compris la carte de 1687 de Nicolaas Witsen (Messerschmidt 1962-77, vol. 4 : 172-192).
Messerschmidt profita des pauses hivernales à Abakan (1721-1722), Krasnoïarsk (1722-1723), Irkoutsk (1723-1724), Chitinsk (1724-1725), et Samarov-yam (1725-1726) pour mettre de l’ordre dans ses cahiers, esquissant les grandes lignes des ouvrages qu’il prévoyait de publier après son retour. À Chitinsk, il réorganisa ses enquêtes en sept domaines : « géographie, philologie, monuments anciens, minéralogie, botanique, zoologie et médecine » (Messerschmidt 1962-77, vol. 3 : 194). Afin d’organiser ses collections et de les expédier à la Chancellerie médicale de Saint-Pétersbourg, il se rendit en février 1726 à Tobolsk, où il demeura un mois . Il traversa l’Oural, regagna la partie européenne de la Russie et séjourna pendant huit mois à Solikamsk, avant de rentrer à Saint-Pétersbourg via Moscou.
À son retour, l’ambiance n’était plus aussi favorable à la recherche. Catherine Ire était décédée en mai 1727, le gouvernement était confronté à des problèmes financiers et l’intérêt porté aux activités savantes était en déclin. Messerschmidt fut forcé de rendre à la Kunstkamera tous ses matériaux et journaux de terrain. Il soumit à l’Académie des sciences un projet de traitement de ses collections et notes, mais ne reçut aucun soutien. En février 1728, elles sont examinées par un comité de l’Académie, y compris par le directeur de la Kunstkamera, Johann Daniel Schumacher, l’astronome et cartographe Joseph-Nicolas Delisle (1688-1768), les botanistes Johann Amman (1707-1741) et Johann Georg Gmelin (1709-1755), et les historiens Gottlieb Siegfried Bayer (1694-1738) et Gerhard Friedrich Müller (1705-1783). Il fallut deux semaines à ces savants pour établir le catalogue des collections de Messerschmidt. Quant à ses journaux et notes, seuls les journaux de la période de mars 1721 à avril 1726 ont été publiés dans une édition tronquée (Messerschmidt 1962-1977) –, mais ils furent conservés dans les archives de l’Académie et consultés à titre préparatoire par des voyageurs scientifiques plus tardifs. Des vingt-deux rapports très détaillés de Messerschmidt sur ses études de terrain, seuls les sept premiers « Rapporte » envoyés de Moscou et Tobolsk, seront édités par un collectif et publiés à l’occasion du 300e anniversaire de son arrivée à Tobolsk (Basargina et al. 2019).
Gerhard Friedrich Müller fut particulièrement impressionné par les résultats de Messerschmidt. Après ses études d’histoire à Leipzig auprès de Johann Burkhard Mencke (1674-1732), Müller avait voyagé en Russie en 1725 et il n’était qu’un jeune savant de l’Académie lorsqu’il rejoignit le comité d’évaluation des collections de Messerschmidt. Il rappellera plus tard que « la façon dont la Kunstkamera impériale a été enrichie par des spécimens naturels et des raretés artistiques collectés grâce au zèle de Mr. Messerschmidt a dépassé toutes les attentes » (Müller 1890 : 147, 150-151). L’évaluation qu’il fit des collections de Messerschmidt accrut probablement l’intérêt de Müller pour la Sibérie. Mais si le médecin Messerschmidt avait prêté attention aux peuples sibériens, à leurs langues et à leurs antiquités, il n’avait pas l’intention de condenser ses observations ethnographiques dans un seul manuscrit et il ne considéra jamais que l’ethnographie fût un sujet à part entière. C’est l’historien Müller qui allait le faire pendant son travail de terrain en Sibérie.
La deuxième expédition au Kamtchatka
La deuxième expédition au Kamtchatka ou expédition Béring (1733-1743), tout comme la première expédition au Kamtchatka, avait pour but de déterminer si l’Asie et l’Amérique étaient reliées par une voie terrestre, ou s’il existait un passage vers la Chine et l’Inde à travers l’Arctique. Béring ayant échoué à atteindre une telle latitude, et le brouillard lui ayant masqué la côte occidentale de l’Amérique, suggéra de mener une deuxième expédition pour résoudre la question du passage terrestre. Ses objectifs consistaient à découvrir le passage nord-est à travers l’océan Arctique, à explorer et à cartographier la côte nord-ouest de l’Amérique et toutes les îles qui pouvaient exister entre l’Asie et l’Amérique (telles que la légendaire Terre de João da Gama ou l’île de Jeso), cartographier la côte arctique de l’empire russe et établir une route maritime vers le sud à travers la mer d’Okhotsk, notamment jusqu’au delta du fleuve Amour. Aussi bien la première que la deuxième expédition furent des opérations navales, dirigées par le ministère de la Marine et le Sénat.
Contrairement à la première, la deuxième expédition de Béring comprenait des savants de l’Académie des sciences, chargés de décrire la population autochtone de la Sibérie et sa nature. Ce fut surtout grâce à Ivan Kirilovich Kirilov (c. 1689-1737), le premier secrétaire du Sénat, que des enquêtes scientifiques furent ajoutées aux objectifs de l’expédition (Hoffmann 2005 : 72). Il reçut du tsar en personne l’ordre de surveiller la cartographie de l’empire (Kirilov 1977) et il supervisa aussi bien la deuxième expédition au Kamtchatka que la première expédition à Orenburg (1734-1737). En juin 1732, le Sénat transmit un ukaz à l’Académie des sciences suggérant qu’un professeur fût chargé de faire des observations astronomiques pendant l’expédition au Kamtchatka ; et puisque la Sibérie restait à explorer, on devait également s’occuper d’autres enquêtes, y compris « une description fidèle des peuples et de leurs coutumes, tout comme des fruits de la terre » (Hintzsche 2004 : 24, 27). L’Académie recommandait Louis Delisle de la Croyère (1687-1741) pour l’enquête astronomique et cartographique, mais suggérait la participation d’un deuxième professeur, Johann Georg Gmelin, pour étudier le règne de la nature. Alors même que les membres de l’Académie dressaient des instructions concernant leur propre participation, Müller en produisit d’autres qui étaient destinées à la recherche historique, ce dont témoigne leur titre : « De historia gentium » (Sur l’histoire des peuples, novembre 1732). Quand Gmelin se retira pour des raisons de santé, Müller s’entretint avec Bering, dont l’intérêt pour l’expédition s’accrut. Bering le recommanda à Kirilov, qui à son tour incita Müller à postuler. Il posa sa candidature à l’Académie en février 1733 et le Sénat approuva sa participation en mars. Quand Gmelin rejoignit l’expédition en juin, le contrat de Müller fut signé. Ainsi, trois professeurs de chacune des sections de l’Académie rejoignirent l’expédition (Müller 1890 : 263, 270-271 ; Hintzsche 2004 : 199-200 ; voir la carte de l’itinéraire de Müller, image 1).
Gmelin et Müller voyagèrent ensemble pendant l’essentiel de leur périple de dix ans, se focalisant respectivement sur l’histoire naturelle et sur l’histoire politique (ou civile) de la Sibérie (voir images 2 et 3).La formation de Müller avait été profondément historique et pendant l’expédition il tint un journal – qui comporte cinq gros volumes (Elert 1999 : 40) – et collecta des données sur l’histoire, la géographie et l’ethnographie de la Sibérie. Bien que ce dernier terme ne fût dénommé ethnographia que trois décennies plus tard (Schöpperlin 1767, Thilo 1767), Müller eut recours à l’expression Völker-Beschreibung, « description des peuples », pour désigner le champ qu’il envisageait en 1740. Il prévoyait d’écrire trois ouvrages, mais le seul publié de son vivant fut l’histoire de la Sibérie (Müller 1761-1763). Sa géographie de la Sibérie est restée à l’état de manuscrit, mais sa description des peuples de la Sibérie a été récemment publiée grâce à Eugen Helimski, Aleksandr Elert et Wieland Hintzsche, en deux versions complémentaires : la première, organisée selon les peuples décrits, est parue en 2003 et 2018 ; la deuxième, organisée thématiquement, est parue en 2009 et 2010.
Excepté ces ethnographies et ses instructions de 1732 « sur l’histoire des peuples », Müller écrivit au moins quatres autres instructions concernant l’enquête ethnographique. Cependant, Gmelin et Müller n’ayant pu atteindre le Kamtchatka en raison d’une rupture de provisions à Okhotsk, ils y envoyèrent Stepan Petrovich Krasheninnikov (c. 1713-1755) en juin 1737. Et si Gmelin instruisit ce dernier, qui était son étudiant, pour qu’il menât des enquêtes sur l’histoire naturelle de la péninsule, Müller le chargea de décrire l’histoire, les langues, la religion, les habitations, le régime alimentaire et les maladies des Toungouses (Evenks), des Lamoutes (Evens), et des Gilyaks (Nivkh) proches de la mer d’Okhotsk et les « Kamtschadalen » (Itelmènes), les Koryaks, et les « Kouriles » (Aïnous) du Kamtchatka, tout comme de collecter leurs vêtements (Hintzsche 2001 : 25, n. 19 ; Bucher 2002 : 79-82). En mars 1738, Müller envoya à Krasheninnikov des instructions supplémentaires comprenant deux cent dix-neuf « Questions sur la description des peuples, de leurs mœurs et coutumes » au Kamtchatka (Bucher 2002 : 85-87). Ce document joua un rôle si crucial que l’historien Aleksandr Andreev va jusqu’à soutenir que Gmelin s’en inspira tout au long de la rédaction de son propre récit de voyage (Elert 1999 : 24, cité par Bucher 2002 : 88, n. 292).
En février 1739, le naturaliste Georg Wilhelm Steller (1709-1746) partit de Ienisseisk pour la même destination. Gmelin, qu’il devait remplacer, lui donna une liste de cinquante instructions. Müller en ajouta deux, le chargeant d’étudier le mode de vie des Bouriates de la région d’Irkoutsk, des Toungouses et des Yakoutes habitant le long de la Lena et autour de Yakoutsk, de décrire leur comportement, leurs idées religieuses, leur histoire politique. En outre, il devait inciter l’artiste Johann Christian Berckhan (1709-1751) de les dessiner devant leurs maisons (yurts), aussi bien avec des ustensiles de cuisine qu’avec des objets chamaniques et de collecter leurs vêtements (article 18). Des instructions identiques concernaient les communautés de la région d’Okhotsk, où Steller devait étudier les Lamoutes, les Koryaks, les Toungouses et les Gilyaks (article 32). Müller le mandata aussi pour surveiller les enquêtes de Krasheninnikov sur le Kamtchatka, et s’assurer de la rédaction exhaustive d’une « histoire naturelle et politique » de la péninsule (article 37). Steller reçut un exemplaire des instructions qui avaient été données à Krasheninnikov afin de pouvoir réviser les enquêtes de celui-ci, de le garder sous sa direction et de planifier les recherches qui restaient à faire (Hintzsche 2001 : 85, 94).
Bien qu’on n’ait jamais trouvé de portraits de Steller réalisés à l’époque, nous reproduisons ici une évocation artistique faite récemment par un peintre né comme lui dans la région de Mittelfranken, en Allemagne du Sud, accompagnée d’un portrait bien connu de Krasheninnikov (voir images 4 et 5).
En 1740, au bout de sept ans d’enquêtes en Sibérie occidentale, centrale et du Nord, Müller rédigea un questionnaire pour Johann Eberhard Fischer (1697-1771), un historien envoyé pour le remplacer. Dans ce document très élaboré, Müller résumait tout ce sur quoi il fallait enquêter concernant l’histoire et la géographie de la Sibérie, y compris l’archéologie, l’ethnographie et la linguistique. Ce questionnaire comprenait 1 287 articles divisés en six sections, trois annexes et un vocabulaire destiné « à la collecte des dialectes des peuples ». La sixième section, comprenant 923 articles, devait permettre à Fischer d’étudier et de décrire les « mœurs et coutumes des peuples [de la Sibérie] » (Müller 2018 : 374-423).
Müller concluait par cette synthèse : « Dans le cadre d’une telle Völker-Beschreibung [description des peuples], et afin d’en améliorer la compréhension, on doit consulter tous les auteurs, tous les récits de voyage qui décrivent les mœurs et coutumes des autres peuples asiatiques, africains et américains, et procéder à des comparaisons entre eux à tous les niveaux » (Müller 1900 : 83, 2018 : 423).
Si Steller fut accompagné par le dessinateur Berckhan et par l’étudiant Aleksei Petrovich Gorlanov, Fischer voyagea quant à lui avec le traducteur suédois Jacob Johann Lindenau (1706-1794), qui finit par se séparer de lui afin de mener ses propres enquêtes.
Aussi bien Krasheninnikov et Steller que Fischer et Lindenau produisirent des travaux contenant un grand nombre de données ethnographiques. Le récit de Krasheninnikov sur le Kamtchatka (1755) décrivait les conditions géographiques, économiques, ethnographiques et historico-politiques. La troisième partie était intitulée « Sur les peuples du Kamtchatka ». L’ouvrage fut édité par Müller, qui y rajouta deux chapitres et une carte, et parut quelques mois après la mort de Krasheninnikov. L’histoire de la Sibérie de Fischer (1768) contient une longue introduction sur « les principaux peuples de la Sibérie et ceux qui se trouvent à ses frontières » ; il compila aussi un « Vocabularium Sibiricum » qui comprend des données linguistiques de 34 langues sibériennes. La description du Kamtchatka par Steller (1774), en deux parties, concerne des thèmes physiques (chapitres 1-18) et ethnographiques (chapitres 19-37). Bien que Steller n’utilisât pas le terme « ethnographie » ni son équivalent allemand, il décrivit en détail les Itelmènes, les Koryaks, les Tchouktches, les Lamouts (Evens) et les « Kuschi » (Kouriles) – comme Müller le lui avait demandé. Lindenau écrivit un récit auquel ses éditeurs donnèrent pour sous-titre : « Matériaux historico-ethnographiques sur les peuples sibériens et du Nord-Est » (Lindenau 1983). Il enregistra même les textes des chants chamaniques des Toungouses (Evenki), en langue vernaculaire avec des traductions en allemand (Znamenski 2007). On peut en conclure que les instructions de Müller furent scrupuleusement respectées et que ses efforts produisirent les résultats qu’il en attendait.
Le programme ethnographique de Müller
Müller devint ethnographe pendant la deuxième expédition au Kamtchatka. Bien plus que Messerschmidt, médecin et naturaliste intéressé par la médecine et l’histoire naturelle, Müller fit des recherches sur l’histoire, la géographie et l’ethnographie de la Sibérie. Il en décrivit les peuples aussi bien individuellement qu’en termes comparatifs et thématiques. Dans ses instructions à Fischer, écrites à Sourgout pendant l’été de 1740, il se focalisa sur les peuples non russes de la Sibérie et sur les « mœurs et coutumes » (Sitten und Gebräuche). Deux siècles plus tard, en 1937, l’historien Andreev fera remarquer qu’on n’avait toujours pas pleinement répondu aux questions posées par Müller (voir Bucher 2002 : 12). Mark Kosven, le seul historien russe qui, avant Elert (1999), a analysé les instructions de Müller, est arrivé à la conclusion suivante : « Le programme de Müller est un document ethnographique tout à fait remarquable. Nul doute qu’il pourrait être utilisé aujourd’hui encore dans un travail de terrain ethnographique moderne. » (Kosven 1961 : 182 ; cité dans Bucher 2002 : 106). Quant à Elert (1996 : 38), il écrit : « Jusqu’à présent, on n’a apprécié Müller en tant qu’ethnographe qu’à partir des quelques matériaux ethnographiques publiés dans son histoire de la Sibérie. Or, respectant la nature de cet ouvrage, Müller ne se pencha guère sur la culture spirituelle et matérielle des peuples sibériens, mais sur leur histoire ethnique, sur la façon dont ils avaient été incorporés dans l’État russe. » Si ses ouvrages Sibirische Geschichte (1761-63) et Sibirskaia istoriia (1763-64) sont si peu ethnographiques, c’est parce qu’il avait l’intention de publier un volume à part sur les peuples sibériens.
Aussi a-t-on conclu à la faiblesse de son ethnographie. Les historiens connaissant de plus près les archives comme Aleksandr I. Andreev (1887-1959), Leonid P. Potapov (1905-2005) et Sergei A. Tokarev (1899-1985), savaient que Müller avait mené des enquêtes ethnographiques, quoiqu’ aucune publication ne puisse l’attester. Aleksandr Elert a été l’un des premiers à redécouvrir ces manuscrits ethnographiques de Müller et il a publié sa « Description des peuples sibériens » (Beschreibung der sibirischen Völker) dans une traduction russe en 2009. C’est en 1743-1745, après son retour du périple sibérien, que Müller composa ce texte à partir d’un manuscrit plus ancien, « Notes sur les peuples sibériens » (Nachrichten über Völker Sibiriens), qu’il avait écrit sur le terrain, autour de 1736-1737. Alors que celui-ci est une description ethnographique de chaque peuple visité (Müller 2003, 2018), l’autre version réorganise ces données suivant des thèmes qui permettent de comparer systématiquement les mœurs et coutumes (Müller 2009, 2010). De son vivant, Müller ne publia donc que peu d’articles ethnographiques. Le plus long en était son « Rapport sur trois peuples païens, les Cheremis, les Chuvash et les Votiak [Oudmourtes], habitant dans les environs de la ville de Kazan », publié en 1759 mais complété dès 1733 et basé sur ses enquêtes à Kazan au début de l’expédition.
On ne peut que spéculer sur les raisons pour lesquelles Müller s’abstint de publier ses travaux ethnographiques (Elert 1999 : 59 ; Hoffmann 2005 : 254). Comme dans le cas de Messerschmidt, Müller fut probablement découragé par l’ambiance qui régnait au sein de l’Académie des sciences, minée par les conflits et les rivalités. Wieland Hintzsche (2010) confirme que Müller avait l’intention d’écrire trois livres sur ses recherches sibériennes. Pourtant, devant le manque d’intérêt que suscitait un ouvrage sur les peuples sibériens, il ne ressentit pas le besoin de préparer sa synthèse comparative en vue de sa publication
Quoi qu’il en soit, nous savons aujourd’hui avec certitude, à partir de ses textes ethnographiques et de ses instructions, qu’il mena activement des recherches ethnographiques pendant la deuxième expédition au Kamtchatka et qu’il donna des instructions à ses collègues et assistants, aussi bien allemands que russes, pour qu’ils étudient les peuples de Sibérie de la même façon, empirique et exhaustive.
Müller rendit visite à tous les centres régionaux, il interviewa des spécialistes tels que des chamanes, collecta des artefacts et des données linguistiques (telles que des listes de mots), statistiques et archéologiques (kurgans), etc. Pendant l’expédition, il développa des méthodes historiques, critiques et comparatives. Il les transmit à ses compagnons de route, qu’il chargea d’une façon très précise d’étudier plusieurs aspects des peuples qu’ils rencontraient dans les régions où il ne pouvait pas se rendre en personne.
Tout en rejetant la tradition précédente des récits de voyage qui contenaient des informations ethnographiques, Müller (2010 : 5) jugeait « incomplets » (unvollständig) celui d’Adam Brand (c. 1692-1746) sur les habitants de la Livonie et de l’Estonie, celui de Johannes Scheffer (1621-1679) sur les Lapons, celui d’Adam Olearius (1603-1672) sur des peuples de la région de la Volga, celui de Cornelis de Bruyn (1652-1727) sur les Samoyèdes, celui de Johann Bernhard Müller [3] sur les Ostyaks, tout comme celui d’Eberhard Isbrand Ides (1657-1708) et de Philipp Johann von Strahlenberg sur différents peuples de la Sibérie. Cette critique de Müller est significative : il ne fut pas capable d’utiliser ces récits dans son projet comparatif parce qu’ils étaient lacunaires.
Müller exprima ce jugement dans une préface qu’il comptait publier dans son article de 1759 sur les peuples habitant les environs de Kazan. Aussi bien cette préface, datée de c. 1744-1745, que ses instructions de 1740 à l’attention de Fischer indiquent que le programme de Müller consistait en trois étapes : (1) des descriptions ethnographiques aussi minutieuses que possible ; (2) une comparaison systématique, aussi bien entre des peuples contemporains qu’avec leurs prédécesseurs ; (3) pour aboutir enfin à une « très vaste description des peuples » (Müller 2010 : 5).
Les deux premières étapes, la description de tous les peuples de la Sibérie pour qu’ils puissent être comparés entre eux et avec des peuples d’autres régions, lui permettaient de faire des comparaisons internes et externes. Son programme de recherche ethnographique comportait une série d’études ethnographiques sur tous les aspects de tous les peuples sibériens, y compris ceux qui étaient disparus, suivies d’une comparaison avec d’ « autres peuples, asiatiques, africains et américains ». Dans la préface prévue pour son article de 1759, Müller affirmait que son modèle était l’ouvrage comparatif de Joseph-François Lafitau (1681-1746), Mœurs des sauvages Américains, comparées aux mœurs des premiers temps (1724) (Müller 2010 : 5), un livre qu’il avait emporté dans la bibliothèque de l’expédition. Il ne fait aucun doute que Müller adopta le projet comparatif de Lafitau et qu’il voulait collecter toutes les sources qui pouvaient jeter une lumière sur les peuples de la Sibérie en vue d’une comparaison avec d’autres peuples. Mais son objectif ultime, en fait son ambition ultime était d’arriver à une « très vaste description des peuples », c’est-à-dire à une ethnologie générale basée sur une série d’ethnographies.
Aleksandr Elert (1999) considère que Müller fut le « premier ethnographe » et Wieland Hintzsche (2010) en fait quant à lui « le vrai père de l’ethnologie scientifique ». Dans Before Boas, je reconnais en lui « un fondateur de l’ethnographie », et ce à partir de cinq critères : (1) il fit des recherches ethnographiques lors de sa participation à la deuxième expédition au Kamtchatka et décrivit les peuples sibériens aussi bien pendant qu’après l’expédition ; (2) il lança, pour la Sibérie, un programme ethnologique qui était descriptif, systématique et comparatif ; (3) il développa des méthodes ethnographiques et rédigea des instructions destinées à des collègues et des étudiants ; (4) il incita d’autres savants à mener des enquêtes ethnographiques ; et (5) il inventa un concept théorique pour identifier ce genre d’étude, qu’il nomma « Völker-Beschreibung » (Vermeulen 2015 : 132).
L’ethnographie systématique trouve donc ses origines en Sibérie avec Müller et ses collègues, étudiants et assistants au cours de la deuxième expédition au Kamtchatka. Son programme pour la description de tous les aspects de tous les peuples sibériens afin de les comparer avec ceux d’autres peuples était basé sur l’œuvre de Leibniz, qui fit beaucoup pour développer la science et les arts en Russie. Le travail ethnolinguistique de Leibniz, qui consistait à collecter des spécimens de chaque langue pour établir les « origines » méconnues des « nations » et identifier les rapports d’affinité entre elles, est aux fondements de l’ethnographie en Russie pendant le XVIIIe et le XIXe siècle. Il donna aux savants en question un solide point de départ, un avantage vis-à-vis de leurs concurrents d’autres pays cultivés qui procédaient également à des comparaisons entre des peuples à partir de leurs mœurs et coutumes respectifs, même de leur « caractère national », ce qui est une procédure plus spéculative et catégorique (Vermeulen 2015 : 321, 455). Le modèle ethnolinguistique fut la marque distinctive des savants aussi bien allemands que russes de cette nouvelle tradition de recherche.
Les successeurs de Müller : de l’ethnographie à l’ethnologie
Dans l’histoire des sciences, Müller fut à l’origine d’une tradition riche et profonde qui se développa rapidement aussi bien en Russie qu’en Allemagne. Son influence fut à la fois directe – sur Steller, Krasheninnikov et Lindenau, mais aussi sur Petr Rychkov (1712-1777) qui participa à la première expédition à Orenburg et dont Müller édita les travaux – et indirecte, notamment sur Peter Simon Pallas et August Ludwig Schlözer. Encore une fois, comme dans les premières expéditions, la coopération entre des savants et des administrateurs russes et allemands ou germanophones fut importante. Si au début des Lumières Messerschmidt, Müller, Gmelin, Steller et Fischer eurent leurs homologues russes dans les personnes de Kirilov, Vasilii N. Tatishchev (1686-1750), Rychkov, Krasheninnikov et Fedor I. Soimonov (1682-1780), dans une période ultérieure les noms de Pallas et de Lepechin symbolisent cette coopération.
Peter Simon Pallas (1741-1811) fut l’un des chefs des « expéditions physiques », dans le cadre de ce qu’on a appelé les expéditions académiques de 1768-1774. Cinq groupes de savants et d’étudiants menaient des recherches sur les parties asiatique et européenne de l’empire russe. Les autres groupes étaient dirigés par Johann Anton Güldenstedt (1745-1781), Samuel Gottlieb Gmelin (1745-1774), Ivan Ivanovich Lepechin (1740-1802) et Johann Peter Falck (1727-1774), qui céda sa place à Johann Gottlieb Georgi (1729-1802). Müller accompagna ces expéditions avec un vif intérêt, en discuta avec Pallas en juillet 1768 lors d’une visite de celui-ci à Moscou, et joua fréquemment le rôle d’intermédiaire entre, d’un côté, les membres des expéditions qui étaient sur le terrain et, de l’autre, l’Académie des sciences à Saint-Pétersbourg. Cette fois-ci, grâce à l’amélioration des conditions de financement sous Catherine la Grande (1729-1796), tous les rapports furent publiés – dont quelques-uns avant même le retour des membres de l’expédition.
Autre fait nouveau, tous les chefs de groupe étaient des naturalistes, c’est-à-dire des médecins intéressés par l’histoire naturelle, alors que dans le cas précédent Müller et Fischer étaient des historiens. Pourtant, et à l’exemple de la deuxième expédition au Kamchatka, les membres des « expéditions physiques » menèrent des enquêtes non seulement sur les trois règnes naturels mais aussi sur les peuples des régions visitées, leurs coutumes, usages, idées religieuses, monuments et antiquités. Significativement, les recherches ethnographiques entreprises dans l’empire russe, pendant cette première période, étaient pratiquées aussi bien par des historiens que par des spécialistes d’histoire naturelle.
Un signe direct de l’influence de Müller, c’est le fait que Georgi et Falck employèrent son concept de Völker-Beschreibung dans leurs publications, tandis que Pallas l’inclut dans son journal, Neue Nordische Beyträge zur physikalischen und geographischen Erd- und Völkerbeschreibung, Naturgeschichte und Ökonomie (7 vol. 1781-1793). Donnant suite au programme de recherche de Müller, Pallas et Georgi bâtirent leur travail sur les fondements de la recherche ethnographique qu’il avait instaurés.
Cette tradition de recherche concernait aussi l’œuvre du médecin Carl Heinrich Merck (1761-1799), qui participa en tant que naturaliste à l’expédition Billings-Sarychev de 1785-1795 (Dahlmann 2009, 2014 ; Ordubadi 2016).
Tandis qu’en Russie la tradition demeurait ethnographique, un ancien assistant de Müller, l’historien August Ludwig Schlözer (1735-1809) accomplit le passage de l’ethnographie à l’ethnologie. Schlözer, très intéressé par les questions historico-linguistiques, avait travaillé à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg entre 1761 et 1767 et même vécu chez Müller entre 1761 et 1762 (Winter 1961). Il en élargit le programme, transforma la Völker-Beschreibung en ethnologie générale et inventa le terme Völkerkunde (ethnologie) qu’il introduisit dans le langage savant, notamment à l’université de Göttingen en 1771-1772, tout comme l’épithète ethnographisch (ethnographique). En 1772, il développa aussi une « méthode ethnographique » (ethnographische Methode) comme l’une des quatre méthodes de l’ « histoire universelle ». La Völkerkunde de Schlözer était à la fois pragmatique, théorique, systématique et globale ; son ethnologie était fondée sur une ethnographie linguistique. Schlözer et son collègue plus âgé Johann Christoph Gatterer (1727-1799) furent les premiers, dès 1771, à définir et à circonscrire ce domaine. La Völkerkunde fut l’un des thèmes centraux à l’université de Göttingen.
À partir de 1781, la Völkerkunde de Schlözer fut transformée en ethnologia par l’historien et bibliothécaire Adam Frantisek Kollár (1718-1783), directeur de la bibliothèque de la cour à Vienne. Kollár connaissait les travaux de Schlözer et introduisit le terme ethnologia en 1781-1783 en la définissant comme :
« l’étude des peuples et des nations, ou la recherche à travers laquelle des hommes érudits obtiennent des renseignements sur les origines, les langues, les coutumes et les institutions de plusieurs nations, et enfin sur leur pays et les anciens lieux, afin de pouvoir mieux apprécier les peuples et les nations de leur propre temps » (Kollár 1783, vol. 1 : 80).
Ainsi, entre les années 1770 et 1780, c’est dans les centres universitaires de Göttingen et de Vienne que furent introduits par des historiens les concepts et les termes de Völkerkunde ou ethnologia, à la différence, majeure, du terme d’ethnographie (Völker-Beschreibung), qui émergea du terrain de la Sibérie.
Schlözer, inventeur de la Völkerkunde qui avait des centaines d’étudiants, fut, comme Müller, très influent. Les frères Grimm et les frères Humboldt assistèrent à ses cours à Göttingen. Il comptait parmi ses adeptes allemands Friedrich Carl Fulda (1724-1788), Matthias Christian Sprengel (1746-1803), Friedrich Gottlieb Canzler (1764-1811) et Gerhard Philipp Heinrich Norrmann (1753-1837), qui développèrent une Völkerkunde (ethnologie générale). À travers les cours de Schlözer et ses publications, ces idées nouvelles furent diffusées à une échelle mondiale. Göttingen devint le centre de rayonnement aussi bien de la Völkerkunde que de l’anthropologie, c’est-à-dire l’anthropologie physique de Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840).
Parmi les admirateurs russes de Schlözer figurent Nikolai Karamzin (1766-1826), Nikolai Gogol (1809-1852), Mikhail Kachenovsky (1775-1842), Mikhail Pogodin (1800-1875), et Sergei Soloviev (1820-1879). À Prague, Josef Dobrovský (1753-1829) fut influencé par son œuvre, comme le furent en Hongrie Sámuel Gyarmathi (1751-1830) et en Slovaquie János Csaplovícs (1780-1847).
On peut, à partir de ces dates, produire un schéma de la conceptualisation de l’ethnographie et de l’ethnologie, d’un nouveau champ d’études et d’une nouvelle terminologie :
* Völker-Beschreibung 1740 (Müller à Sourgout, Sibérie) ; 1781 (Pallas)
– ethnographia 1767 (Schöpperlin et Thilo à Nördlingen, Souabe)
* Völkerkunde 1771-1775 (Schlözer à Göttingen)
– ethnologia 1781-1783 (Kollár à Vienne) [4]
Il est intéressant de constater que tous ces savants étaient des historiens, non des philosophes ni des naturalistes.
On doit noter aussi que les termes allemands Völker-Beschreibung et Völkerkunde apparurent avant leurs équivalents néo-grecs ethnographia et ethnologia. En d’autres termes, ces derniers furent forgés à partir des termes originaux en allemand. Ultérieurement, le terme Volkskunde fut introduit à Leiden (par Johannes le Francq van Berkhey en 1776) et à Göttingen (par Friedrich Ekkard en 1782), tandis que celui de folk-lore fut créé par William J. Thoms (1803-1885) à Londres en 1846.
En Russie, le term etnografiya apparut dans les revues Sibirskii Vestnik en 1824 et Moskovskii Telegraf en 1825, éditées par Nikolai A. Polevoi (1796-1846) (Tokarev 1951-1952, 1966 : 185). La Compagnie russo-américaine, qui, fondée en 1799 sous le patronage du tsar Paul Ier, avait pour mission principale de promouvoir la colonisation en Amérique russe, fit usage du mot ethnographic dans l’une de ses instructions en 1802 (ibid.). Ces références relativement tardives sont déconcertantes, compte tenu du fait que l’ethnographie avait été introduite en Russie dès les années 1730, et avait eu un retentissement sur les « expéditions physiques » de 1768-1774. On devrait s’attendre à des mentions plus anciennes de ces concepts néo-grecs, mais il s’avère qu’on ne les a pas trouvées. En comparaison, ethnological surgit en 1802-1803 dans les instructions de l’expédition Lewis and Clark qui se déroulera entre 1804 et 1806 – notamment dans la partie intitulée Ethnological Information Desired – qui furent écrites par le troisième président des États-Unis, Thomas Jefferson (1743-1826), et/ou par le naturaliste nord-américan Benjamin Smith Barton (1766-1815) (Vermeulen 2015 : 355, 402-404).
Les débuts de l’ethnographie et la Kunstkamera
Ces développements ne sont pas à confondre avec une période plus tardive de l’histoire de l’ethnographie, de l’ethnologie et de l’anthropologie, à savoir, leur institutionnalisation dans des musées, des revues, des sociétés, des séminaires, des instituts ethnologiques et des départements d’anthropologie. La plupart de ces développements eurent lieu au XIXe siècle, une fois le sujet établi dans d’autres pays de l’Europe, aux États-Unis et au Japon. Je les prends en compte dans Before Boas, et présente un tableau des musées ethnographiques au XIXe dans lequel la Kunstkamera occupe la première position (Vermeulen 2015 : 426-27 ; voir image 6). Fondée en 1714, la Kunstkamera devint une institution indépendante en 1836 sous le nom de « Musée ethnographique ». Ce fut le premier musée au monde à porter une telle désignation, ce qui me paraît révélateur. La Kunstkamera conservait tout ce qui avait été acquis au cours des expéditions scientifiques successives, y compris les manuscrits, les rapports, les dessins, les curiosités naturelles, les objets d’art et ethnographiques. Elle fut l’institution de référence pour tous les explorateurs et savants travaillant à l’Académie des sciences, jouxtant le musée avant et après leur retour des expéditions. Enfin, il s’agit du premier musée ethnographique au monde.
Cependant – et à part les travaux de Tatyana V. Stanyukovich (1953, 1964), qui devraient être traduits en anglais –, les premiers chapitres de son histoire sont mal connus. Je forme des voeux pour que la représentation de la Kunstkamera originelle, telle qu’on peut la visualiser en 3D sur internet [5], soit affinée afin d’inclure une exposition virtuelle de tous les objets ethnographiques collectés pendant la deuxième expédition au Kamtchatka et des graphiques produits pendant cette entreprise.
Conclusion
Comme je l’ai démontré ailleurs (Vermeulen 2015, 2016, 2018), l’ethnologie et sa sœur aînée, l’ethnographie, émergèrent au XVIIIe siècle en trois étapes : (1) l’« ethnographie » fut inaugurée en Sibérie dans les années 1730 et 1740, comme une enquête sur le terrain par des historiens et des naturalistes ; (2) elle fut ensuite généralisée comme « ethnologie » par des historiens de Göttingen et de Vienne pendant les années 1770 et 1780 ; et (3) ultérieurement adoptée par des savants dans d’autres lieux du savoir en Europe et aux États-Unis. Bref, l’ethnologie fut développée dans les universités de l’Europe, tandis que l’ethnographie eut son début sur le terrain, en Sibérie.
Ceci constitue un résultat important de notre recherche. Développée en Sibérie (Asie du Nord) pendant les années 1730 et 1740 par Müller, par ses collègues Gmelin, Steller et Fischer, et par leurs étudiants, comme Krasheninnikov, ou leurs assistants, comme Lindenau, l’ethnographie était fondée sur la pratique, mais avec un fort soubassement théorique. Müller définissait ce domaine comme une étude descriptive et comparative de tous les peuples sibériens (Völker, narody) ayant pour but ultime de permettre des comparaisons internes et externes, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Sibérie, avec des peuples d’autres continents.
Ce programme ethnographique prit rapidement pied, non seulement en Russie, avec les expéditions scientifiques de Pallas et d’autres en 1768-1774, mais aussi dans d’autres parties du monde : d’abord dans les pays qu’on connaît aujourd’hui sous les noms d’Allemagne et d’Autriche, correspondant jusqu’en 1806 au Saint-Empire romain germanique, puis dans des pays voisins, tels que la Hongrie, la Slovaquie, les Pays-Bas et la France, dans des pays d’outre-mer, comme les États-Unis d’Amérique (le terme ethnological en 1802-03) et finalement le Royaume-Uni (Vermeulen 2015).
Il est significatif que ces développements aient eu lieu en Russie et que l’ethnographie soit devenue une tradition si importante dans le cadre de l’empire russe et de la Kunstkamera. La collaboration entre des savants et des administrateurs russes et allemands ou germanophones pendant les premières années de l’empire russe moderne fut extrêmement productive. Müller répondit à une initiative de Kirilov, secrétaire du Sénat impérial, destinée à élargir les objectifs de la deuxième expédition de Béring en lui adjoignant un contingent de savants de l’Académie des sciences. En développant un programme ethnographique, Müller inaugura une nouvelle tradition scientifique. Il rendait compte à ses supérieurs à Saint-Pétersbourg, aussi bien du Sénat que de l’Académie, ordonna à ses collaborateurs de mener le même type d’enquête, fit des dessins, collecta des objets, et s’assura que tous les résultats étaient envoyés à l’Académie et à son musée, la Kunstkamera.
Ce programme était vaste, systématique et comparatif. L’ethnographie était l’étude de la diversité nationale (ethnos, plural ethnē), ou, en allemand moderne, de la Völkervielfalt. Les origines de l’ethnographie et de l’ethnologie plongent dans le XVIIIe siècle, à la fois en tant que concepts (ethnographia, ethnologia) et programmes de recherche, émanant du champ de l’histoire. Quant à l’anthropologie, c’était une tout autre affaire : elle était focalisée sur la diversité raciale dans le domaine de l’histoire naturelle (depuis 1801 : biologie).
Pourtant, tout n’a pas été dit sur ce sujet. En effet, mon insuffisante connaissance de la langue russe ne m’a permis qu’un accès limité aux sources russes. Aussi ces découvertes sont-elles appuyées pour l’essentiel sur des originaux en allemand, édités notamment par Winter (1953, 1961), Donnert (1983), Hintzsche and Nickol (1996), Hintzsche (2001, 2004, 2010, 2018), Hoffmann (1995, 2005), Helimski et Katz (2003), Helimski (2005), Dahlmann (2009) et Dahlmann (ed. 2006, 2009, 2014) ; ou sur des traductions d’originaux en russe, publiées par Golder (1922-1925), Black (1983, 1986, 1989), Black et Buse (1989), Frost (1988, 2003), etc. Ces faits et mes conclusions sont donc à mettre en regard avec ceux que rapportent des historiens russes.
Les vraies dimensions du programme ethnographique de Müller ne sont enfin devenues perceptibles que grâce aux travaux de Wieland Hintzsche à Halle (Saale) et d’Alerksandr Elert à Novosibirsk. Avec tous les détails dont on dispose à l’heure actuelle, depuis la publication des manuscrits de Müller (2003, 2009, 2010, 2018) et de ses instructions aux collaborateurs et étudiants, il importe dorénavant de réexaminer les publications de Pekarskii (1862), Pypin (1890-92), Andreev (1937, 1959, 1999), Stanyukovich (1953, 1964, 1978), Kosven (1961), Potapov (1964), Tokarev (1966), tout comme celles, plus récentes, de Kamenskii (1996), Ilizarov (2006), Tunkina et Savinov (2017), Kopaneva (2017), Basargina et al. (2019), etc. Il faudrait examiner si et dans quelle mesure ces études russes ont saisi l’ampleur du programme ethnographique de Müller et donc aussi son influence sur les développements ultérieurs et sur les expéditions universitaires de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
On aimerait en savoir plus. Que devinrent les rapports périodiques ? Qui les lut, qui en a profité ? Jusqu’à quel point furent-ils utiles aux administrateurs à Tobolsk et à Irkoutsk ou au Sénat à Saint Pétersbourg ? Pourquoi ne furent-ils jamais publiés ? Qui exactement eut l’idée de décrire tous les peuples et leurs langues : Areskine, les frères Blumentrost, Pierre le Grand, Kirilov ? Était-ce une idée nouvelle ? Quels étaient les termes exacts de la requête à Messerschmidt et Müller : narody ? Que devinrent les objets envoyés à la Kunstkamera ? Beaucoup d’entre eux furent détruits par les flammes lors du grand incendie de décembre 1747. Mais ils durent certainement être catalogués, dessinés, exposés.
Bilan
Personnellement, je ne suis pas convaincu par l’idée assez répandue selon laquelle la science russe ne fut qu’une dérivation de la science allemande, soit valide pour la première période dont il est question ici. Certes, vers la fin du XVIIIe siècle la plus grande partie du personnel scientifique était constituée de savants allemands et l’allemand était la langue véhiculaire au sein de l’Académie des sciences. Par contre, dans la phase initiale des Lumières, les Allemands n’étaient pas les protagonistes. Heinrich Ostermann (1686-1747), Johann Deodat et Laurentius Blumentrost, Johann Daniel Schumacher, Leonhard Euler (1707-1783) et plus tard Johann Kaspar Taubert (1717-1771) détenaient des positions stratégiques au Sénat et à l’Académie ; mais dans l’administration et la science russes, les personnages-clés étaient Peter I Alekseevich (alias Pierre le Grand), Fedor Saltykov (décédé en 1715), Robert Areskine, Ivan Kirilov, Vasillii Tatishchev, Feofan Prokopovich (1681-1736) et Mikhail Lomonosov (1711-1765), avec Petr Ryckhov et Stepan Krasheninnikov dans les seconds rôles. Ainsi, c’est l’interaction entre ces différents acteurs qui porta ses fruits et qui devra faire l’objet de recherches complémentaires.
La Russie eut le premier musée ethnographique au monde (1836), la première chaire d’ethnographie (1837), la première section ethnographique au sein d’une Société de géographie (1845), et le premier programme systématique de description de tous les peuples sibériens (1740), afin de les comparer entre eux et avec ceux d’autres parties du monde.
Pour cette raison, les anthropologues russes contemporains devraient-ils être plus confiants quant à leur objet. Depuis plus de 280 ans, l’ethnographie a été – elle l’est toujours – une discipline portant un programme de recherche puissant. Un laps de temps énorme s’est écoulé entre les années 1730 et les années 2010. Rétrospectivement, il apparaît que les anthropologues russes avaient raison de se focaliser sur l’etnografia en tant que sujet et objet d’étude. L’ethnographie est l’essence de l’anthropologie socioculturelle, la clé de la compréhension d’autres peuples et de nous-mêmes. Aujourd’hui, le monde est encore plus complexe alors que de puissantes dynamiques sont en jeu avec la globalisation, le néo-libéralisme, les migrations, le transnationalisme, les nouvelles diasporas. Ce sont autant de raisons de supposer que l’ethnographie aura encore d’importantes missions à accomplir – en particulier dans des sociétés fortement hétérogènes et multiculturelles.
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