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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Philosophe, historien de la philosophie, Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) compte parmi les figures les plus célèbres et les plus polémiques de l’histoire de l’ethnologie française. Socialiste réformiste et dreyfusard, il est proche de Jean Jaurès et l’un des fondateurs du journal L’Humanité. La publication, en 1903, de La morale et la science des mœurs signe le soutien de la philosophie à la sociologie durkheimienne. Professeur en Sorbonne, il domine le monde universitaire français pendant plus de vingt ans. Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures (1910) inaugure le cycle des six ouvrages qu’il consacre aux diverses manières de sentir et de penser des sociétés « primitives » jusqu’en 1938, dont La mentalité primitive, paru en 1922, qui connait un succès foudroyant et impose Lévy-Bruhl comme le mentor de l’ethnologie française dans l’entre-deux-guerres. Par la richesse de leurs références ethnographiques et leur qualité littéraire, ses ouvrages popularisent l’enjeu théorique que représente l’étude des sociétés « primitives » et légitime l’ethnologie en tant que science. Il cherche à établir les idéaux-types des mentalités « prélogique » et « primitive », d’une part, « logique » et « scientifique », d’autre part, qui constitueraient les deux pôles de l’esprit humain, sans s’exclure ni caractériser exclusivement les membres des sociétés « primitives » contre ceux des sociétés occidentales modernes. Son entregent universitaire et politique lui permet d’obtenir la création de l’Institut d’Ethnologie de l’Université de Paris, en août 1925, par le ministère des colonies, dont il est le président aux côtés de Marcel Mauss et Paul Rivet, secrétaires généraux. Après 1945, sa pensée, souvent caricaturée, connait un discrédit très important.

Mots-clés : Philosophie | Ethnologie/anthropologie française | XXe siècle | France | École durkheimienne