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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Expansion et contraction : histoire de l’anthropologie socioculturelle et de la sociologie du développement aux Pays–Bas (XVIIIe-XXIe siècles)

Han F. Vermeulen

Max Planck Institute for Social Anthropology, Halle (Saale)

2019
Pour citer cet article

Vermeulen, Han F., 2019. « Expansion et contraction : histoire de l’anthropologie socioculturelle et de la sociologie du développement aux Pays–Bas (XVIIIe-XXIe siècles) », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article1759.html

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L’anthropologie socioculturelle aux Pays-Bas est un domaine d’études riche, avec une tradition, remontant au XVIIIe siècle, qui s’est établie au XIXe et étendue au XXe. L’ethnologie, ou volkenkunde, comme on appelait ce domaine jusqu’en 1953, avait de multiples liens avec l’histoire, la géographie, la linguistique et la biologie. L’attention s’est surtout portée sur l’étude des peuples d’outre-mer, en particulier des Indes orientales néerlandaises, principale colonie des Pays-Bas jusqu’en 1949, du Surinam et des Antilles néerlandaises. Après la décolonisation, le champ s’est élargi à d’autres régions. En 1952-1953, l’anthropologie culturelle a rejoint un nouveau champ disciplinaire, la sociologie des peuples non occidentaux, aujourd’hui connue sous le nom de sociologie du développement. De nombreux instituts aux Pays-Bas offrent les deux cursus universitaires qui mènent à un diplôme. L’anthropologie néerlandaise est un domaine dynamique, avec des centaines de praticiens qui conduisent des recherches dans le monde entier. Sa perspective est principalement internationale et extra-européenne, même si les études transnationales sur la diaspora, la mondialisation, les migrations et la société multiculturelle prennent de plus en plus d’importance [1].

L’ethnologie aux Pays-Bas s’est développée dans le sillage des études orientales et en étroite interaction avec la linguistique, l’histoire, la géographie (en particulier la géographie humaine ou sociale), le droit coutumier (adatrecht), et la sociologie. Les relations avec les études folkloriques (volkskunde), l’anthropologie physique et l’archéologie préhistorique ont été ténues, à quelques exceptions près. Ces disciplines sont considérées comme indépendantes, tout comme la sociologie, en particulier depuis la création de facultés de sciences sociales dans les universités néerlandaises à partir de 1963. Avant cette date, l’ethnologie était enseignée à la faculté des lettres, alors que l’anthropologie l’était à la faculté de médecine ; ces études furent, après la Seconde Guerre mondiale, qualifiées respectivement d’« anthropologie culturelle » et d’« anthropologie physique ». La sociologie est née à la faculté de droit à partir des années 1870 ; à Amsterdam, la sociologie et la géographie sociale ont fusionné en sociographie à partir de 1913.

Les Pays-Bas sont l’un des plus petits pays d’Europe occidentale, avec une forte orientation vers l’outre-mer. C’est à l’issue de la « révolte néerlandaise » des provinces à majorité protestante des Pays-Bas, qui commence en 1568, qu’elles s’émancipent de la tutelle de l’Espagne. Les Provinces-Unies obtiennent leur indépendance en 1648 et deviennent l’une des premières républiques européennes de l’ère moderne. Après de nombreuses vicissitudes, le royaume des Pays-Bas est créé en 1813-1815, dont la Belgique se sépare en 1830-1839. Dans une perspective coloniale néerlandaise, s’étendant sur plus de 350 ans de commerce et de colonisation dans les Indes orientales (Indonésie) et les Indes occidentales (les Antilles néerlandaises) et couvrant 400 ans de relations commerciales avec la Chine et le Japon, ainsi que 300 ans de présence en Afrique du Sud, l’ethnologie est arrivée relativement tard sur la scène scientifique. Son institutionnalisation a eu lieu au cours du xixe siècle, à l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres pays européens et aux États-Unis. Cependant, ceci a été précédé d’un processus de conceptualisation : à partir de 1740, l’ethnographie s’est développée en Russie et en Allemagne ; à partir de 1770, l’ethnologie, l’anthropologie physique et les études folkloriques ont été activement poursuivies dans le discours scientifique européen, portant non seulement sur le monde hors d’Europe mais également sur l’Europe elle-même (Vermeulen 2015).

Dans les années 1770, l’ethnologie néerlandaise était clairement présente, mais son institutionnalisation n’a eu lieu qu’à partir des années 1830. Ce processus a été lent, en partie parce que ce champ d’étude s’est articulé autour de deux branches fondamentales : l’anthropologie générale (ethnologie), généralement de nature comparative, et l’anthropologie régionale (ethnographie), principalement de l’Indonésie mais aussi du Surinam et des Antilles néerlandaises. L’ethnographie ayant été intégrée aux programmes de formation des fonctionnaires coloniaux, militaires et civils, à partir de 1836, ce fut difficile d’établir l’ethnologie en tant que telle. La première chaire universitaire d’ethnographie de l’Indonésie a été fondée à Leyde (Leiden en néerlandais) en 1877 ; une chaire d’ethnologie générale (comparative) n’a été fondée à Amsterdam qu’en 1907 et à Leyde en 1922.

Ce développement particulier de l’anthropologie socioculturelle néerlandaise a conduit à une double identité qui subsiste de nos jours. Au début du XIXe siècle, il y avait une distinction fondamentale entre l’ethnologie (anthropologie générale) et l’ethnographie (anthropologie régionale) ; à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, entre l’ethnologie et l’indologie (les programmes de formation des fonctionnaires coloniaux) ; et après la Seconde Guerre mondiale entre l’anthropologie culturelle et la sociologie non occidentale. En 1952-1953, l’anthropologie culturelle (le nouveau nom pour l’ethnologie) a rejoint un nouveau champ disciplinaire, la sociologie des peuples non occidentaux, aujourd’hui connue sous le nom de sociologie du développement. De nombreux instituts aux Pays-Bas offrent les deux cursus universitaires menant à un diplôme.

Dès le début, l’anthropologie aux Pays-Bas s’est concentrée sur l’étude des Indes orientales (Indonésie), bien que les intérêts ne se soient pas limités à cette région. Des études néerlandaises portant sur d’autres régions du monde, notamment les Indes occidentales, l’Afrique, les Amériques et l’Australie ont été publiées, même s’il serait difficile de parler d’une tradition cohérente de recherche dans ces domaines avant la décolonisation. Des rapports sur les peuples d’Indonésie ont été écrits dès le premier voyage hollandais dans l’archipel indonésien en 1595-1597. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (voc, selon le sigle néerlandais), fondée en 1602, fut la première compagnie multinationale, mais ne permettait pas à ses employés de publier quoi que ce soit qui eût risqué de nuire à ses intérêts commerciaux. Les livres aujourd’hui célèbres de Willem Piso (1611-1678), Georg Markgraf (1610-1644) et Johannes de Laet (1581-1649) sur le Brésil, publiés en 1648 ; d’Abraham Rogerius (1609-1649) et Philippus Baldaeus (1632-1671) sur l’Asie du Sud, publiés respectivement en 1651 et 1672 ; d’Olfert Dapper (1636-1689) et Willem Bosman (1672-1703) sur l’Afrique, publiés respectivement en 1668 et 1704 ; de Georg Everhard Rumphius (1627-1702) et François Valentijn (1666-1727) sur l’Asie du Sud-Est, notamment l’Indonésie orientale, publiés respectivement en 1682 et 1724-1726, firent exception à cette règle (Koentjaraningrat 1975). Ainsi, l’ethnographie systématique s’est-elle développée lentement et les détails ethnographiques sont-ils restés cachés dans des « histoires » et de volumineux récits de voyage.

La Société batavienne des lettres et des sciences (KBG), fondée en 1778, fut la première société savante en Asie. Elle fait des débuts prometteurs en inscrivant l’ethnographie au nombre des sciences pratiquées dans les Indes orientales néerlandaises. Adoptant des idées formulées pendant les Lumières allemandes, des membres fondateurs tels que Willem van Hogendorp (1735-1784) et Jacobus Radermacher (1741-1783) ont produit des descriptions topographiques et ethnographiques des îles indonésiennes qui ont été publiées dans les traités de la Société dès 1779-1786 (Vermeulen 2015 : 410-11). Des historiens britanniques comme William Marsden (1754-1836), Thomas Stamford Raffles (1781-1826) et John Crawfurd (1783-1868) ont fait une percée dans les études indonésiennes, même si Raffles a basé son travail sur l’archéologie de Nicolaus Engelhard (1761-1831) et d’autres administrateurs néerlandais sans mentionner leur apport dans son ouvrage History of Java, datée de 1817 (Jordaan 2016, 2019). Par conséquent, normalement on ne fait pas remonter les origines de l’anthropologie socioculturelle (ethnologie) néerlandaise au-delà de la seconde moitié du xixe siècle, George Alexander Wilken (1847-1891) en étant la figure de proue (Winters 1991).

L’histoire de l’anthropologie physique néerlandaise remonte également au XVIIIe siècle. Des médecins comme Jacobus Bontius (1592-1631), Arnout Vosmaer (1720-1799) et Petrus Camper (1722-1789) ont rédigé des descriptions des nations étrangères et des différences entre hommes et singes. Les chercheurs hollandais étaient connus pour présenter les détails anatomiques des primates mentionnés – mais jamais décrits avec précision – par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) (Dougherty [1995] 1996). Le travail de Camper sur « l’angle facial » et l’orang-outan dans les années 1770 a eu une portée internationale (Meijer 1999). Le pasteur protestant Johannes F. Martinet (1729-1795) a mesuré la croissance des garçons à Amsterdam dans une étude longitudinale mixte pendant la période 1770-1776, rapportée dans son Katechismus der natuur (Catéchisme de la nature, 1777-1779 ; voir Roede 2002).

Dans les années 1780 et 1790, des historiens comme Engelbertus M. Engelberts (1731-1807) et Martinus Stuart (1765-1826) se sont également intéressés aux détails ethnographiques. Dans son ouvrage en neuf volumes, Historie der Waereld (Histoire du monde), Martinet (1780) tente de concilier les données sur la pluralité des nations, des coutumes et des mœurs avec la chronologie biblique. Isaac Titsingh (1745-1812) traite du Japon et John Gabriël Stedman (1744-1797) écrit sur le Surinam, tandis que Jacob G. Haafner (1754-1809) publie largement sur l’Inde du Sud et Ceylan, s’opposant à la mentalité de la VOC (de Moor et van der Velde 1992-1997).

L’abolition de la VOC en 1798 marque le début d’une nouvelle période où le commerce cède la place à la formation de l’État. Après la création du royaume des Pays-Bas en 1813-1815, les colonies néerlandaises reprennent de l’importance. En 1830, Reinier Pieter Van de Kasteele (1767-1845), directeur du Cabinet royal des curiosités, fondé à La Haye en 1816, plaide pour une ethnologie générale (volkenkunde) qu’il oppose à l’ethnographie régionale (Vermeulen 2015 : 412). L’ethnographie est apparue dans le contexte d’un regain d’intérêt pour les colonies dans les années 1830. En 1836, une chaire fut ajoutée au cours de formation des officiers coloniaux à l’Académie militaire royale de Breda ; elle portait sur la géographie et l’ethnographie (land- en volkenkunde) de l’archipel malais. Dans les Indes orientales, cependant, une stricte censure règna à nouveau entre 1830 et 1870, entravant le développement de l’ethnographie.

Dans les années 1830, un musée ethnographique s’est développé à Leyde en tant que branche du Cabinet royal des raretés. Philipp Franz Balthasar von Siebold (1796-1866), un médecin allemand qui avait travaillé pour les Hollandais à Deshima, au Japon, ouvre sa collection ethnographique au public sous le titre de « Musée japonais » en 1832. Il l’enrichit d’artefacts en achetant la collection d’Indonésie acquise par le naturaliste allemand Heinrich Christian Macklot (1799-1832). Toutes deux ont été à l’origine du Musée national d’ethnographie, fondé à Leyde en 1864. Puis ce dernier a absorbé, en 1883, les collections du Cabinet royal des raretés, y compris les collections antérieures acquises au Japon par Jan Cock Blomhoff (1779-1853) et Johan Gerard Frederik van Overmeer Fisscher (1800-1848). L’ensemble de ces collections marque le début du Musée national d’ethnologie de Leyde (Effert 2008).

À partir de 1843, le programme de formation des fonctionnaires coloniaux civils (Indologie) inclut l’ethnographie. Ces cours sont d’abord donnés à un niveau intermédiaire dans des écoles administratives de Surakarta (centre de Java, 1832-1843), Delft (1843-1900) et Leyde (1864-1891). Ils sont ensuite dispensés par les universités de Leyde (1902-1956) et d’Utrecht (1925-1955). À Batavia (aujourd’hui Djakarta), sont également donnés des cours de langues indonésiennes, d’histoire, géographie, Islam, droit colonial et coutumier, ainsi que d’ethnographie (volkenkunde). En général, cependant, la formation des fonctionnaires coloniaux se déroule aux Pays-Bas plutôt que dans les colonies. Les programmes d’études pour les magistrats (Indisch recht, ou droit des Indes orientales) sont enseignés dans les universités, tant aux Pays-Bas (à partir de 1877) qu’aux Indes orientales (à partir de 1924).

L’anthropologie régionale (ethnographie) ayant été intégrée très tôt dans les programmes de formation des fonctionnaires coloniaux, l’anthropologie générale (ethnologie) n’était pas facile à établir en tant que discipline indépendante. Une première chaire universitaire a été fondée à l’université de Leyde en 1877, qui compte parmi les premières chaires (structurelles) d’anthropologie socioculturelle au monde (Vermeulen 2015 : 413, 511 n. 19). Elle a été créée en tant que chaire d’anthropologie régionale, intitulée « Géographie et ethnographie des Indes orientales néerlandaises » (Land- en Volkenkunde van Nederlandsch Oost-Indië). Pieter Johannes Veth (1814-1895) fut le premier à l’occuper de 1877 à 1885 (Locher 1978b ; de Josselin de Jong et Vermeulen 1989 ; van der Velde 2006).

L’institution de cette chaire a représenté un pas en avant important puisque l’ethnographie ne figurait auparavant, presque exclusivement, que dans les programmes de formation des fonctionnaires coloniaux et des magistrats coloniaux. Le successeur de Veth, Wilken, construit un pont vers l’anthropologie générale en transformant l’ethnologie en une étude comparative et évolutionniste de l’Indonésie.

Les chaires d’anthropologie générale (ethnologie) ont été créées au début du xxe siècle. En 1907, une chaire de volkenkunde a été créée à l’université d’Amsterdam (UvA), et S. R. Steinmetz (1862-1940), qui avait étudié à Leyde, y a été nommé. Contrairement à Leyde et à Utrecht, ceux qui ont intégré le programme d’études à Amsterdam étaient principalement des étudiants en géographie, une situation qui a perduré jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Pour ces étudiants, Steinmetz a conçu une branche d’études distincte qu’il a appelée « sociographie » (Heinemeijer 2002). Il a également développé une ethnologie comparative, de nature évolutionniste et sociologique (Köbben 1992). En 1913, une bijzondere leerstoel d’ethnologie – chaire surnuméraire [2] à temps partiel – a été instituée à l’université d’Utrecht, occupée par J. H. F. Kohlbrugge (1865-1941) jusqu’en 1935. En 1917, une deuxième chaire (surnuméraire) fut fondée à Amsterdam par l’Institut colonial et occupée par J. C. van Eerde (1871-1936) jusqu’en 1935. À Leyde, une deuxième chaire (surnuméraire) d’ethnologie générale a vu le jour en 1922. J. P. B. de Josselin de Jong (1886-1964) a été nommé à ce poste, qu’il a occupé jusqu’à sa nomination à la chaire principale (ordinaire) de Leyde, en 1935. À Utrecht, H. Th. Fischer (1901-1976) a été nommé professeur surnuméraire d’ethnologie en 1936, occupant une chaire ordinaire de 1945 à sa retraite en 1970.

Ainsi, au cours de la première moitié du XXe siècle, l’ethnologie s’est développée en trois lieux : à Leyde et à Utrecht pour les étudiants en Indologie et en Droit des Indes, à Amsterdam et à Utrecht pour les étudiants en géographie. Dans les trois centres, des chaires supplémentaires sont créées pour permettre de nouveaux développements, une chaire d’« ethnologie coloniale » à Amsterdam, occupée par van Eerde, auquel succéda B. J. O. Schrieke (1890-1945) en 1936 ; d’ethnologie générale, ou algemeene volkenkunde à Leyde (de Josselin de Jong) ; et d’ethnologie (volkenkunde) en tant que telle à Utrecht (Fischer). C’est le début d’une deuxième phase d’autonomisation de l’ethnographie, qui n’était jusque-là qu’un sujet des programmes d’études coloniaux.

Un centre important existait à Batavia, où une chaire de sociologie et d’ethnologie a été créée à la faculté de droit dès 1924. Elle fut occupée par B. J. O. Schrieke entre 1924 et 1929 ; F. D. Holleman (1887-1958) lui a succédé de 1929 à 1935 et B. ter Haar (1892-1941) de 1935 à 1938. Tous trois ont enseigné l’ethnologie et la sociologie en conjonction avec leur matière principale, le droit coutumier (adatrecht). Plus tard, la chaire, désormais réservée à l’ethnologie, a été transférée à la nouvelle faculté des lettres de Batavia et tenue par J. Ph. Duyvendak (1897-1946) de 1938 à 1942, par G. J. Held (1906-1955) de 1946 à 1955 et par E. M. A. A. A. J. Allard (1904-1991) de 1956 à 1958.

Musées et instituts de recherche

L’ethnologie n’était pas seulement pratiquée dans les universités et les écoles pour des fonctionnaires coloniaux, mais aussi (et surtout avant la Seconde Guerre mondiale) dans les musées ethnographiques, les sociétés savantes et les instituts de recherche spécialisés. Des musées ethnographiques sont créés à Batavia (1836/1868), Leyde (1837/1864), Amsterdam (1838/1910/1926), Delft (1864), Rotterdam (1885), Kampen (1900-1923), La Haye (1904), Breda (1905, 1923-1956, 1970-1993), Arnhem (1912) et, plus récemment, Enkhuizen (1947), Berg en Dal (1954/1958), Nimègue (1960/1972-2005), Groningue (1968/1978-2003) et Cadier en Keer (1980). Seuls les musées de Leyde, Amsterdam, Berg en Dal, Rotterdam et La Haye ont survécu. Depuis 2014, les trois premiers sont dirigés par une équipe de direction basée à Leyde.

Les instituts de recherche ayant des intérêts anthropologiques sont : le Koninklijk Instituut voor Taal-, Land- en Volkenkunde (KITLV, Institut royal de linguistique, ethnologie et géographie), aujourd’hui l’Institut royal néerlandais d’études sur l’Asie du Sud-Est et les Caraïbes, fondé à Delft en 1851 et transféré à La Haye pour être nouvellement établi à Leyde en 1967 (Kuitenbrouwer 2001) ; la Société géographique royale des Pays-Bas (KNAG), fondée à Amsterdam en 1873 ; l’Institut royal tropical (KIT), créé en 1910 comme Institut colonial à Amsterdam, auquel s’ajoute le Tropenmuseum (Musée tropical) en 1926 ; l’Institut de recherche sociale du peuple néerlandais (ISONEVO), fondé à Amsterdam en 1940, rebaptisé Institut universitaire néerlandais pour la coordination de la recherche en sciences sociales (SISWO) en 1960, qui se concentre désormais sur la recherche en politique sociale ; le Centre d’études africaines (ASC), fondé à Leyde en 1958 ; le Centre pour la recherche et la documentation latino-américaine (CEDLA), fondé à Amsterdam en 1964 et devenu un institut interuniversitaire en 1971.

Associations et revues

La Société néerlandaise d’anthropologie (NAV) a été fondée à Amsterdam en 1898 et comprenait l’anthropologie physique, l’ethnologie (volkenkunde), les études folkloriques (volkskunde) et l’archéologie préhistorique. La Société néerlandaise de sociologie (NSV) naît en 1936. Aussi bien des anthropologues que des sociologues travaillant sur des contextes non occidentaux ont participé à des associations professionnelles telles que la Société néerlandaise de sociologie et d’anthropologie (NSAV) de 1971 à 1993 et la Société néerlandaise des sciences sociales et culturelles (NVMC) de 1993 à 2004 (de Wolf 1998). Actuellement, les anthropologues et sociologues du développement néerlandais peuvent adhérer à l’ABv (Antropologische Beroepsvereniging, Association des professionnels de l’anthropologie) et à la LOVA (Association néerlandaise pour les études de genre et l’anthropologie féministe), fondée en 1979. Certains sociologues du développement font partie de l’Association Nedworc, une organisation d’experts de l’aide au développement, de la coopération internationale, des secours et de la réhabilitation, fondée en 1986.

Les revues anthropologiques et sociologiques comprennent : Bijdragen tot de Taal-, Land- en Volkenkunde (depuis 1853), Internationales Archiv für Ethnographie (1888-1947), Nieuwe West-Indische Gids (depuis 1919), Mens en Maatschappij (depuis 1925), Sociologische Gids (depuis 1953), European Review of Latin American and Caribbean Studies (depuis 1965), Development and Change (depuis 1969), Antropologische Verkenningen (1982-1994), Focaal (depuis 1985), Etnofoor (depuis 1988), Maritime Anthropological Studies MAST (1988-1993), ajourd’hui Maritime Studies MAST (depuis 2002), Medische Antropologie (1989-2012), aujourd’hui MAT : Medicine Anthropology Theory (depuis 2014).

Développements après la Seconde Guerre mondiale

Après la reconnaissance de l’indépendance de l’Indonésie en 1949, l’ethnologie est rebaptisée « anthropologie culturelle » (1953), tandis que les spécialités « Indologie » et « Droit des Indes » fusionnent en « sociologie der niet-westerse volken, ou sociologia gentium non occidentalium » (sociologie des peuples non occidentaux) en 1952. Cette transformation a eu lieu au cours des premières années de la décolonisation dans le but de moderniser les programmes d’études. On remplace le terme « oriental », qui excluait les Amériques, l’Afrique et l’Océanie, par celui de « non occidental ». Dès lors, cette nouvelle discipline, décrite précédemment comme l’anthropologie appliquée (Held 1953) mais aujourd’hui définie comme sociologie du développement, fut pratiquée en étroite relation avec l’anthropologie culturelle (Schoorl 1974 ; Kloos 1989 ; Long 2001). Des départements combinant les deux sujets ont été créés à partir du milieu des années 1950. Cela impliquait un changement fondamental parce que l’ethnologie, qui faisait autrefois partie du programme de géographie et des programmes d’Indologie et de Droit des Indes, était maintenant sur un pied d’égalité avec la sociologie non occidentale, une version moderne de l’Indologie et du Droit des Indes.

Dans les années 1950 et 1960, la plupart des anciennes colonies ont obtenu un statut de nations indépendantes. Ce sont des décennies d’adaptation au cours desquelles des départements d’anthropologie culturelle et de sociologie non occidentale sont créés dans de nombreuses universités néerlandaises. Au cours des années 1970, le nombre d’étudiants a augmenté et le sujet s’est solidement implanté dans le milieu universitaire néerlandais. De plus, le système traditionnel des facultés a été remplacé par un nouveau système. Dans les nouvelles facultés de sciences sociales, créées à partir de 1963, l’anthropologie culturelle s’est développée avec la sociologie non occidentale dans des sous-facultés distinctes (qui deviendront des départements).

Des chaires d’ethnologie (anthropologie culturelle) ont été fondées à Leyde (1877, 1922 et 1956), Amsterdam (1907, 1917 et 1962), Utrecht (1913, 1936 et 1960), Batavia (1924 et 1938) et, après la Seconde Guerre mondiale, à la Wageningen Agricultural University (1946), à l’Université catholique de Nimègue (1948), à l’université de Groningen (1955) et à l’Université libre d’Amsterdam/Vrije Universiteit (1956). Des chaires de sociologie non occidentale ont été créées dans les universités d’Amsterdam (1946 et 1987), d’Utrecht (1955), de Leyde (1950 et 1956), de Wageningen (1955), de Nimègue (1958 et 1973), de l’Université libre d’Amsterdam/Vrije Universiteit (1962) et de l’Université économique de Rotterdam, actuellement l’université Erasme de Rotterdam (1964). Ces centres seront passés en revue dans l’ordre chronologique de leur création.

Amsterdam - UvA

À l’université d’Amsterdam (UvA), une faculté d’études politiques et sociales (PSF) est créée dès 1948. Deux ans auparavant, W. F. Wertheim (1907-1998) avait succédé à Schrieke dans une chaire d’histoire moderne et de sociologie de l’Indonésie (1946-1972). Cette chaire fut rebaptisée « sociologie non occidentale » et établie à côté de la chaire d’ethnologie, occupée par J. J. Fahrenfort (1885-1975), comme successeur de Steinmetz, entre 1933 et 1955. Succédant à Fahrenfort, André J. F. Köbben (1925-2019) a occupé la chaire d’anthropologie culturelle entre 1955 et 1976, date à laquelle il est parti pour créer, à Leyde, un Centre d’étude des tensions et conflits sociaux. Johannes Fabian succède à Köbben, enseignant l’anthropologie de 1980 à 1999 et, avec Bob Scholte (1939-1987), il promeut l’anthropologie critique. En 2005, Niko Besnier, spécialiste en anthropologie de la Polynésie, succède à Fabian. Une deuxième chaire d’anthropologie culturelle a été créée pour Jan Pouwer (1924-2010) en 1962. Jeremy Boissevain succède à Pouwer de 1966 à 1993. Anton Blok a été titulaire d’une chaire d’anthropologie de l’Europe de 1986 à 2000. Jojada Verrips succède à Boissevain et Blok de 1995 à 2007. Tous trois sont spécialisés dans l’anthropologie de l’Europe et de la Méditerranée, en abrégé Euromed (van Ginkel, Strating et Verrips 2002). Le successeur de Wertheim fut Otto van den Muijzenberg, titulaire de la chaire « sociologie et histoire moderne des sociétés non occidentales, notamment en Asie du Sud et du Sud-Est » de 1975 à 2004. Jan Breman a occupé une deuxième chaire de sociologie non occidentale, et enseigné la sociologie comparative entre 1987 et 2001. Mario Rutten (1958-2015) a succédé à Breman et van den Muijzenberg à la chaire de sociologie comparative de l’Asie de 2003 à 2015. H. Willem van Schendel a occupé une chaire d’histoire de l’Asie moderne. En 2009, Frank Bovenkerk a été nommé professeur des études sur la radicalisation à l’université d’Amsterdam.

À Amsterdam, trois traditions distinctes se sont développées : l’Asie du Sud et du Sud-Est, étudiée autour des chaires de Wertheim, van den Muijzenberg et Breman ; l’Europe et la Méditerranée autour des chaires de Boissevain, Blok et Verrips ; et l’anthropologie générale autour de la chaire de Köbben et Fabian. Le département d’Amsterdam a été le premier à rendre l’étude de l’anthropologie culturelle et de la sociologie non occidentale obligatoire pour les étudiants de chaque cursus universitaire. Le département, rebaptisé Antropologisch-Sociologisch Centrum (ASC) en 1966, a fusionné avec celui de sociologie occidentale pour former un département commun de sociologie et d’anthropologie culturelle, mais ils se sont séparés à nouveau en 2015. Humphrey E. Lamur a enseigné les méthodes et techniques de recherche sociale (M&T), matière obligatoire pour tous les étudiants, et a occupé une chaire en démographie à partir de 1987. Le département comptait plusieurs chaires surnuméraires, dont une d’anthropologie muséale à l’Institut royal tropical (KIT), détenue par Hetty Nooy-Palm de 1968 à 1983 et Susan Legêne de 2004 à 2008. Titulaire d’une chaire ordinaire d’anthropologie médicale de 1995 à 2008, Sjaak van der Geest a mis sur pied une unité d’anthropologie médicale et de sociologie, qui s’est développée dans le programme collectif actuel d’anthropologie de la santé, des soins et du corps. Dans ce programme, Anita Hardon est professeure d’anthropologie de la santé et des soins médicaux depuis 2002, tout comme Annemiek Richters ; Robert Pool s’est joint à ce groupe comme professeur de sciences sociales et de santé mondiale, tout comme Annemarie Mol comme professeur d’anthropologie du corps, à partir de 2010. Annelies Moors est titulaire d’une chaire d’études sur les sociétés musulmanes contemporaines. Joke Schrijvers a dirigé de 1989 à 2002 l’Institut de recherche pour le développement d’Amsterdam (InDRA), avec un fort accent sur les études de genre. Cet institut fait maintenant partie de l’Institut d’études du développement métropolitain et international d’Amsterdam, présidé par Isa Baud de 2004 à 2016. Amsterdam disposait également d’un centre de recherche sur « Religion et société », dirigé par Peter van der Veer de 1992 à 2004. Le département d’anthropologie d’Amsterdam compte maintenant quarante employés permanents et plus de 180 doctorants, post-doctorants et chargés de cours temporaires. Ses principales spécialisations ont été l’étude de l’Asie du Sud et du Sud-Est ainsi que l’anthropologie de l’Europe et de la Méditerranée (Euromed). Actuellement, le département offre deux programmes de licence et trois de masters ainsi que trois programmes de recherche [3].

Leyde

À l’université de Leyde (UL), un Institut d’anthropologie culturelle et de sociologie des peuples non occidentaux – aujourd’hui sociologie du développement – a été créé en 1955-1956 (Vermeulen 2002). Son fondateur fut G. W. Locher (1908-1997), élève de J. P. B. de Josselin de Jong. Ce dernier envisageait une chaire centrale en anthropologie générale, complétée par trois chaires régionales en anthropologie de l’Asie du Sud-Est, de l’Amérique latine et des Caraïbes, et de l’Afrique. Locher a occupé une nouvelle chaire en anthropologie et sociologie de l’Asie du Sud-Est de 1954 à 1956, mais il l’a transformée en chaire d’anthropologie culturelle générale et sociologie des peuples non occidentaux (1956-1973). J. P. B. de Josselin de Jong occupait la chaire principale, renommée chaire d’anthropologie culturelle, en particulier d’Asie du Sud-Est et d’Océanie de 1935 à 1956. Son neveu P. E. de Josselin de Jong (1922-1999), qui a occupé cette chaire pendant trente ans (1957-1987), lui a succédé, et a enseigné l’anthropologie générale et l’anthropologie de l’Asie du Sud-Est, renouvelant la tradition de l’anthropologie structurale et du travail de terrain en développant le structuralisme comparatif introduit par son prédécesseur « JPB » (de Josselin de Jong 1980, 1984). Ses successeurs en tant que professeur d’anthropologie et de sociologie de l’Indonésie furent Reimar Schefold (de 1989 à 2003) et Patricia Speyer (de 2003 à 2015). Une deuxième chaire d’anthropologie, en anthropologie et sociologie de l’Afrique subsaharienne, a été créée au début des années 1960 et fut occupée par K. A. Busia (1913-1978) de 1960 à 1962 ; par J. F.(Hans) Holleman (1915-2001) de 1963 à 1969 ; John Beattie (1915-1990) de 1971 à 1975 ; Adam Kuper de 1976 à 1985 ; et par Peter Geschiere de 1988 à 2002. Le titulaire actuel est Peter Pels (depuis 2003). En 1969, Holleman a pris la chaire de droit coutumier, qui était auparavant assurée par C. van Vollenhoven (1874-1933), F. D. Holleman (1887-1958) et J. Keuning (1911-1965). Fondée en 1877, comme la chaire d’ethnologie occupée par Veth, cette chaire a été dissoute en 1979, à la suite d’une première vague de compressions budgétaires. Une deuxième chaire (extraordinaire) de sociologie appliquée non occidentale avait été créée pour R. A. J. van Lier (1914-1987), qui l’occupe de 1950 à 1980, mais elle a été supprimée en 1985, également à la suite de compressions budgétaires. Un élève de van Lier, Benno Galjart (1933-2016), provenant de Wageningen, succède à Locher comme professeur de sociologie du développement en 1974 ; cette chaire a également été supprimée lorsque Galjart a pris sa retraite en 1998. Enfin, l’assistant de Galjart, Patricio Silva, est parti en 2004 pour occuper une chaire à la faculté des lettres (aujourd’hui sciences humaines) consacrée à l’étude de l’Amérique latine moderne.

Une troisième section à Leyde, distincte de l’anthropologie culturelle et de la sociologie du développement, portait sur les méthodes et techniques de recherche sociale (M&T). J. D.(Hans) Speckmann (1928-1997) y occupe une chaire consacrée aux approches quantitatives de 1966 à 1999 et Adri A. Gerbrands (1917-1997) une chaire d’ethnographie, ethno-esthétique et cinéma ethnographique de 1966 à 1983. L’influence de cette section sur la qualité et la structure des programmes de licence « anthropologie culturelle » et « sociologie des sociétés non occidentales » de Leyde a été significative, notamment par la supervision du stage obligatoire de trois mois des étudiants à l’étranger. La section M&T est restée importante, même lorsque les deux chaires ont été supprimées après le départ à la retraite de Gerbrands et Speckmann. Un centre de recherche innovant était VENO (femmes et développement), rebaptisé plus tard VENA (femmes et autonomie), dirigé par Els Postel-Coster (1925-2018) et Joke Schrijvers. En menant des recherches sur les politiques à partir de 1976, le centre a réussi à produire un grand nombre de recherches et à inscrire les questions relatives aux femmes et à l’égalité des sexes dans le programme de recherche sur les questions de développement. H. J. M. (Hans) Claessen a été titulaire d’une chaire d’anthropologie politique de 1984 à 1994, se spécialisant dans l’évolution des premiers États ; il a également enseigné l’anthropologie générale, comblant ainsi le vide laissé par le départ à la retraite de P. E. de Josselin de Jong, en 1987.

À partir de 1979, l’Institut de Leyde a été réduit : le personnel est passé de quarante-cinq membres, dont huit professeurs titulaires, en 1979, à quinze membres, dont deux professeurs titulaires et cinq surnuméraires, en 2004. Les chaires surnuméraires ont apporté une certaine bouffée d’air, notamment avec une chaire sur la place des femmes dans les sociétés en mutation, tenue par Els Postel-Coster de 1986 à 1990 et Carla Risseeuw de 1992 à 2009 ; sur la culture matérielle en Afrique, tenue par Rogier Bedaux de 1997 à 2005 ; et en anthropologie urbaine, tenue par Peter Nas de 2003 à 2009. Jarich G. Oosten (1945-2016) a occupé deux chaires, l’une (à temps partiel) en anthropologie de la religion à Utrecht de 1998 à 2003, l’autre (à temps plein) sur les traditions orales à Leyde de 1997 à 2007. L. Jan Slikkerveer est titulaire d’une chaire en anthropologie médicale, systèmes de connaissances ethnobotaniques et développement (depuis 1999). Après des années de réduction des effectifs, la situation s’est redressée au début des années 2000, pour être à nouveau affectée par la crise financière de 2007-2008. L’Institut d’anthropologie culturelle et de sociologie du développement (ICA) compte maintenant deux chaires de professeur titulaire et trois chaires surnuméraires [4]. Leo de Haan est titulaire d’une chaire sur le développement de l’Afrique, entre 2004 et 2010, et Ton Dietz lui a succédé en tant que directeur du Centre d’études africaines (ASC) et professeur d’études sur le développement africain. En 2016, le centre est devenu un institut interfacultaire de l’université de Leyde et en 2017, Jan-Bart Gewald, professeur d’histoire africaine depuis 2013, a succédé à M. Dietz comme directeur. Gérard Persoon est titulaire de la chaire de l’Institut international d’études asiatiques pour l’environnement et le développement, en particulier en ce qui concerne les peuples autochtones en Asie du Sud-Est, de 2009 jusqu’à sa retraite en 2017. Pieter ter Keurs est titulaire d’une chaire d’anthropologie de la culture matérielle depuis 2010. Lorsque Spyer a démissionné en décembre 2015, un poste de professeur d’anthropologie et de sociologie de l’Indonésie moderne s’est trouvé vacant. Cette vacance n’a été que partiellement comblée avec la nomination de Cristina Grasseni comme professeure d’anthropologie en février 2017. Un an plus tard, Marianne Maeckelberg est nommée professeure de sociologie mondiale.

Les principales spécialisations de l’Institut sont l’anthropologie et la sociologie de l’Asie du Sud-Est et l’anthropologie et la sociologie de l’Afrique subsaharienne. Avec le départ de P. E. de Josselin de Jong, Reimar Schefold et Jarich Oosten, la tradition de l’anthropologie structurale comparative a été pratiquement interrompue à Leyde. Des sujets clés ont été l’anthropologie cognitive et structurale, les méthodes et techniques de recherche M&T (méthodes et techniques) et la sociologie du développement. L’anthropologie muséale et l’ethnographie visuelle sont aussi des points forts (Nijland 2002 ; Postma et Crawford 2006). L’Institut participe à deux domaines de recherche de l’université de Leyde, à savoir les interactions mondiales et les modernités et traditions asiatiques. En 2012, son programme de recherche porte sur les « défis mondiaux » et il est aujourd’hui consacré aux vulnérabilités mondiales et à la résilience sociale [5]. Leyde possède aussi des instituts de recherche où se trouvent des professeurs qui ont des intérêts anthropologiques : dans le KITLV, Henk Schulte Nordholt et Fridus Steijlen ; dans le ASC, Jan Abbink et Jan-Bart Gewald.

Utrecht

L’université d’Utrecht (UU) dispose d’un Institut d’ethnologie depuis 1914 et est ainsi le plus ancien département anthropologique des Pays-Bas. L’institut a été fondé par J. H. F. Kohlbrugge, titulaire d’une chaire surnuméraire d’ethnologie (plus tard, d’ethnologie comparative des Indes orientales néerlandaises) à Utrecht de 1913 à 1935. Utrecht n’a jamais eu de musée ethnographique comme ceux de Leyde et d’Amsterdam. Aux côtés de la chaire d’ethnologie tenue par H. Th. Fischer de 1936 à 1970, une chaire de sociologie non occidentale a été créée pour Jan Prins (1903-1995) en 1955 ; elle a été supprimée après son départ à la retraite en 1972. Bonno Thoden van Velzen a succédé à Fischer comme professeur d’anthropologie culturelle entre 1971 et 1991. Une troisième chaire a été créée en 1969 et occupée par Jan van Baal (1909-1992) en tant que professeur d’anthropologie de la religion (jusqu’en 1975) et par Harry Hoetink (1931-2005) en tant que professeur d’études latino-américaines et des Caraïbes de 1977 à 1992. Arie de Ruijter a été titulaire d’une chaire d’anthropologie sociale de 1984 à 2003, date à laquelle il est passé à l’École de gouvernance d’Utrecht comme professeur d’études comparatives de la société multiculturelle (depuis 2000, également comme professeur à Tilburg).

En 1993, deux professeurs titulaires ont été nommés à l’institut d’Utrecht : Antonius Robben pour l’anthropologie et la sociologie comparée de l’Amérique latine et Dirk Kruijt (émerite en 2008) pour les études du développement, ainsi qu’un professeur à temps partiel, Gert Oostindie, pour l’anthropologie et la sociologie comparative des Caraïbes, notamment de 1993 à 2006 (depuis 2001, il est aussi directeur du KITLV à Leyde). Il y a également eu une chaire extraordinaire d’anthropologie du Brésil tenue par Geert Banck de 1987 à 2002 et une chaire surnuméraire d’anthropologie et d’ethnohistoire des peuples indiens d’Amérique latine tenue par Rudolf Van Zantwijk de 1987 à 1997 et Arij Ouweneel de 1999 à 2004. Le Centre interuniversitaire d’études des ressources pour le développement humain (CERES) a été fondé à Utrecht en 1992. Frank Bovenkerk, professeur de criminologie à Utrecht de 1993 à 2009, a mené des études anthropologiques dans le domaine du droit avant de rejoindre l’université d’Amsterdam en 2009. Birgit Meyer est professeur d’études religieuses à la faculté des sciences humaines depuis 2011. Les principales spécialisations d’Utrecht sont l’Amérique latine et les Caraïbes. Les études sur le développement continuent d’être solides à la faculté des sciences géographiques, prolongeant ainsi la tradition géographique de l’université d’Utrecht. Après le départ à la retraite de Kruijt en 2008, la chaire de sociologie du développement a été transformée en chaire d’anthropologie culturelle, en particulier de l’ethnicité et du conflit dans une perspective comparative. Patrick Eisenlohr a occupé cette chaire jusqu’à son transfert à Göttingen en 2012. Depuis 2009, Ivan Komproe est titulaire d’une chaire surnuméraire sur les traumatismes culturels. Un autre membre de l’institution, Kees Konings, est aussi titulaire, depuis 2011, d’une chaire surnuméraire d’études brésiliennes à Amsterdam (CEDLA). Depuis 2012, Wil Pansters est professeur de sciences sociales à l’École supérieure d’Utrecht et également titulaire d’une chaire surnuméraire d’études mexicaines à Groningue. Le poste de professeur en anthropologie culturelle était récemment occupé par Rebecca Bryant, qui étudie les migrations forcées, les frontières et les États non reconnus. L’anthropologie à Utrecht offre un master d’un an sur la « citoyenneté durable » et un master de recherche de deux ans sur « l’anthropologie culturelle : transformation socioculturelle » (CASTOR). Les recherches menées au sein du département d’anthropologie culturelle portent sur « la souveraineté et la contestation sociale » (SoSCo) en relation avec les processus culturels et sociaux de la mondialisation, les conflits politiques et l’action individuelle. Les membres de son personnel collaborent avec d’autres chercheurs de l’université d’Utrecht dans trois domaines d’intérêt inter-facultés : cultures, souveraineté et droits de l’homme [6].

Wageningen

Une maîtrise de conférences en ethnologie existait à l’Université agricole de Wageningen (aujourd’hui Centre universitaire de recherches de Wageningen : WUR) avant la Seconde Guerre mondiale. Elle fut tenue par T. J. Bezemer (1869-1945) de 1909 à 1939 et par F. H. Van Naerssen (1904-1974) à partir de 1946 et jusqu’à son départ pour Sydney en 1957. Une chaire de sociologie empirique et de sociographie des régions non occidentales a été créée pour R. A. J. Van Lier, qui y est resté de 1955 à 1980 (tout en conservant un poste de professeur extraordinaire de sociologie appliquée non occidentale à Leyde). Cette chaire a ensuite été transformée en chaire de sociologie du développement rural, et occupée par Norman Long de 1981 à 2001 (Long 2001) et par Leontine Visser entre 2002 et 2012. Son titulaire actuel est Bram Büscher, professeur et directeur du groupe de sociologie du développement et du changement au WUR. Au début du XXIe siècle, l’université de Wageningen a supprimé l’adjectif « agricole » dans son titre, car son champ d’action s’est élargi pour inclure les sciences de la vie, y compris le domaine en pleine expansion de l’alimentation et de la santé. Les résultats universitaires et les chaires de l’université reflètent l’orientation plus large vers la production alimentaire, la consommation alimentaire, la santé et l’environnement. Outre ses recherches en cours sur l’agriculture, y compris l’agriculture tropicale, les sciences de la mer et de la pêche prennent de plus en plus d’importance. La préoccupation de Wageningen pour le développement reste une caractéristique forte. L’expertise anthropologique est représentée dans un certain nombre de chaires groupées en sciences sociales [7]. L’ancienne chaire groupée de « sociologie du développement rural » (Visser) a été rebaptisée « sociologie du développement et du changement » (Büscher). L’orientation juridico-anthropologique était représentée par l’ancien groupe « droit et gouvernance » de Franz von Benda-Beckmann (1914-2013), qui a été professeur de droit dans les pays en développement de 1981 à 2000. Franz et Keebet von Benda-Beckmann ont dirigé le projet collectif « pluralisme juridique » à l’Institut Max Planck d’anthropologie sociale à Halle (Saale), en Allemagne, de 2000 à 2012. Entre 1992 et 2013, Anke Niehof a présidé le groupe Économie domestique, appliquant des perspectives comparatives et de genre à l’étude du domaine domestique. Les chercheurs du WUR ayant une formation anthropologique utilisent souvent des approches axées sur les acteurs, mettent en évidence les perspectives émiques sur la production agricole, la production des moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des ménages, et montrent un intérêt pour les interfaces micro/macro. Une grande partie de leur travail est interdisciplinaire, non seulement entre les disciplines des sciences sociales, mais aussi en relation avec les sciences de la vie (sciences végétales, foresterie, pêche, nutrition humaine) [8].

Nimègue

À l’université Radboud de Nimègue (RUN, anciennement Université catholique de Nimègue), une chaire extraordinaire d’ethnologie fut créée en 1948 et occupée par B. A. G. Vroklage (1897-1951). Sa mort prématurée a donné lieu à la création d’une chaire d’ethnologie pour Richard Joseph Mohr (1900-78) de 1952 à 1970. Une chaire de sociologie non occidentale a été créée en 1958 et occupée par Elisabeth Allard (1904-1991), ancienne professeure d’ethnologie en Indonésie. Parmi les maîtres de conférences, on comptait Leo Triebels (1921-1995) de 1963 à 1986, professeur d’anthropologie culturelle de 1980 à 1986, Albert Trouwborst (1928-2007) de 1964 à 1971, professeur d’anthropologie sociale de 1971 à 1989 et Geert Van den Steenhoven (1919-1998) de 1963 à 1981, professeur en anthropologie juridique de 1972 à 1981. Quand Allard prit sa retraite en 1969, elle fut remplacée par Gerrit Huizer (1929-1999), d’abord comme chargé de cours, puis comme professeur avec un mandat différent (de 1973 à 98) et Leo de Haan (de 1999 à 2004). Huizer est devenu directeur du Centre du Tiers Monde (DWC), créé en 1973, qui, à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, est devenu le Centre pour les questions de développement international (CIDIN). Anton Blok succède à Mohr comme professeur d’anthropologie culturelle en 1973 (pour revenir à Amsterdam en 1986). Willem Wolters est titulaire d’une chaire d’anthropologie économique de 1985 à 2005. Frans Hüsken (1945-2010) a succédé à Trouwborst et Blok à une chaire conjointe en anthropologie culturelle et sociale de 1990 à 2010. Willy Jansen a été titulaire d’une chaire d’études sur le genre de 1992 à 2015. Ad Borsboom a été professeur d’anthropologie du Pacifique de 1998 à 2007. Henk Driessen a occupé une chaire personnelle à la faculté des lettres de 2002 à 2015. Depuis 2006, Eric Venbrux est titulaire d’une chaire de sciences comparées des religions à la faculté de philosophie, théologie et études religieuses. Un musée ethnologique a également été fondé à Nimègue en 1960, mais il a été fermé en 2005. Ruerd Ruben, qui a succédé à Wolters et de Haan comme professeur d’études du développement en 2006, a dirigé le CIDIN jusqu’à son départ pour La Haye en 2014. Nimègue possède également un Centre d’études du Pacifique et de l’Asie (CPAS), créé en 1991 par Borsboom, Ton Otto et Toon Van Meijl. Lorsque Borsboom a pris sa retraite en 2007, Thomas Widlok lui a succédé comme professeur d’études du Pacifique. Après le départ de ce dernier pour Cologne, la chaire a été supprimée mais le Centre d’études du Pacifique et de l’Asie a été maintenu. Les professeurs titulaires actuels sont Toon Van Meijl pour l’anthropologie culturelle (depuis 2011) et Marja Spierenburg pour les études du développement (depuis 2016). Les spécialisations de Nimègue sont l’anthropologie de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique ainsi que les études du développement. Le programme de recherche actuel du département d’anthropologie et d’études du développement se concentre sur les relations entre la diversité culturelle et les inégalités socio-économiques [9].

Groningen

Dès 1951, A. H. J. Prins (1921-2000) donne des cours d’ethnologie comparée à Groningue (RUG) . En 1955, une maîtrise de conférences en anthropologie culturelle en résulte, laquelle est devenue en 1972 une chaire dont il a été le professeur titulaire, poste qu’il a occupé jusqu’en 1984. En dépit du succès de l’Institut d’anthropologie culturelle, Prins n’a pas été remplacé, et le département a été fermé en 1985-1989, à la suite de coupes budgétaires sévères aux Pays-Bas. Le musée ethnologique « Gerardus van der Leeuw », fondé en 1978 par l’historien de la religion et égyptologue Theo van Baaren (1912-89), a été fermé en 2004, malgré son importance, et ses collections ont été incorporées au Musée de l’Université (Arnoldus-Schröder 1998). Dick Papousek, qui était chargé de cours à l’Institut d’anthropologie culturelle depuis 1973, a poursuivi son travail à l’université en tant que lecteur en anthropologie sociale et culturelle à la Faculté des lettres et directeur du Centre des études mexicaines à partir de 1991. Groningue disposait également d’un Centre d’études sur le développement, désormais intégré dans les études sur la mondialisation. L’anthropologie culturelle est encore enseignée dans les facultés de théologie et d’études religieuses, de droit et d’études spatiales. De 2006 à 2014, Yme Kuiper a été titulaire d’une chaire d’anthropologie historique et culturelle et d’anthropologie de la religion ; il est actuellement titulaire d’une chaire de « maisons de campagne historiques et propriétés foncières » à la faculté des lettres. La principale spécialisation de Groningue est l’étude de l’Arctique, intégrée au Centre arctique de la faculté des lettres. Récemment, un Centre d’études de l’Asie de l’Est a été créé. Le Département d’études religieuses a la réputation internationale d’être un centre de recherche fortement inspiré par les études ethnographiques et l’anthropologie comparative.

Amsterdam – Université Libre

À l’Université libre/Vrije Universiteit Amsterdam (VU), une chaire d’anthropologie culturelle a été fondée en 1956 et détenue par Louis Onvlee (1893-86) de 1956 à 1966 ; Herman G. Schulte Nordholt (1911-93) de 1967 à 1978 ; et Johannes (Hans) Tennekes (1936-2003) de 1978 à 2001. Une chaire de sociologie non occidentale a été créée en 1962 et occupée par J. W.(Pim) Schoorl (de 1962 à 1988) et Peter Kloos (1936-2000) de 1988 à 2000. La chaire en sociologie non occidentale a été rebaptisée au moment de la nomination de Donna Winslow (1954-2010), canadienne, qui a été professeure en anthropologie sociale de 2000 à 2006. Depuis 2004, des chercheurs tels que Thomas Hylland Eriksen, Maurice Bloch, James Ferguson, Nina Glick-Schiller et Peggy Levitt y ont participé en tant que chercheurs invités internationaux. Oscar Salemink, membre du personnel depuis 2001 et titulaire d’une chaire personnelle en anthropologie politique depuis 2005, a succédé à Winslow en 2006. Après son départ pour l’université de Copenhague en 2011, la chaire d’anthropologie sociale est restée vacante pendant quelques années. Son titulaire actuel, depuis 2015, est Dimitris Dalakoglou, dont les recherches portent sur la crise grecque, les infrastructures, la mobilité, la diversité et les espaces urbains. Johannes (Han) Blauw (1917-2007) à partir de 1962, Matthieu Schoffeleers (1928-2011) à partir de 1975 et André Droogers de 1989 à 2004 ont été titulaires d’une chaire en anthropologie de la religion. Cette chaire a été rebaptisée « anthropologie culturelle » et Birgit Meyer a succédé à Droogers, jusqu’à son transfert en études religieuses à l’université d’Utrecht en 2011. Stephen Ellis (1953-2015) a été directeur du Centre d’études africaines de Leyde et « professeur Desmond Tutu » à la Vrije Universiteit, à partir de 2008. Thijl Sunier est aujourd’hui titulaire de la chaire d’anthropologie culturelle, où il enseigne l’anthropologie culturelle avec un accent particulier sur l’islam dans les sociétés européennes. Johan D. Thijs (à partir de 1965, comme lecteur) et Heather Sutherland (1975-2001) ont occupé une chaire en histoire non occidentale. Reformulée comme « histoire globale d’un point de vue anthropologique », cette chaire est aujourd’hui tenue par Pál Nyíri, qui, comme Sutherland, est employé à la fois à la faculté des sciences sociales et à la faculté des lettres. Le département compte plusieurs chaires surnuméraires. Outre son travail au Centre d’études africaines de Leyde (ASC), Jan Abbink a été titulaire d’une chaire sur les processus de formation de l’identité ethnique en Afrique de 2000 (succédant à Wim Van Binsbergen) à 2017, quand il accepte une chaire à Leyde. Herman Roodenburg, employé à l’Institut Meertens à Amsterdam, est titulaire d’une chaire en anthropologie historique et ethnologie de l’Europe. Mattijs Van de Port, participant au groupe de recherche de l’université d’Amsterdam « Globalizing Culture and the Quest for Belonging », est titulaire d’une chaire à la Vrije Universiteit en religiosité populaire. Les professeurs titulaires actuels sont Sunier pour l’anthropologie culturelle et Dalakoglou pour l’anthropologie sociale. Le département d’anthropologie sociale et culturelle offre aux étudiants un programme de licence en anthropologie culturelle et sociologie du développement et un programme de master en anthropologie sociale et culturelle. Ce programme accordait une attention particulière à la « sécurité humaine » ; mais depuis septembre 2016, l’accent est mis sur « les mobilités, la diversité et le développement [10] ».

L’Université libre disposait également d’un département de la culture, de l’organisation et de la gestion (COM), spécialisé dans la culture d’entreprise, la gestion organisationnelle et les interventions culturelles. Créé par Hans Tennekes et Allard Willemier Westra en 1989, après une initiative comparable à Utrecht, ce département a réussi à attirer de nouveaux étudiants, notamment après la mise en place du système licence/master (BaMa) en 2002. Willem Koot a été professeur titulaire à COM (de 1994 à 2003) et Heidi Dahles (de 2003 à 2013) et Marcel Veenswijk (depuis 2004) lui ont succédé. Le département Culture, organisation et gestion fait maintenant partie du département des sciences de l’organisation et offre un programme de master. Halleh Ghorashi, qui a été titulaire d’une chaire de gestion de la diversité et de l’intégration de 2005 à 2012, avant d’être mutée au département de sociologie, fait partie du personnel ayant un intérêt anthropologique.

Outre ces cinq centres d’enseignement et de recherche en anthropologie et en études du développement, un certain nombre d’autres universités néerlandaises proposent des programmes d’enseignement et de recherche dans ces domaines.

Rotterdam

À l’université Erasme de Rotterdam (EUR), une chaire de sociologie comparée, y compris de sociologie du développement, a été organisée par Jan Breman (1936-2012) entre 1976 et 1987. Une chaire d’histoire des sociétés non occidentales, occupée par Peter Geschiere de 1985 à 1988 et par Alex van Stipriaan de 1996 à 2005, spécialisée respectivement dans l’histoire de l’Afrique et de l’Afro-Caraïbes, est actuellement assurée par Dick Douwes, qui est attaché au Réseau de recherche sur l’histoire mondiale. Keebet von Benda-Beckmann a été professeure d’anthropologie juridique entre 1999 et 2006 et, de 2000 jusqu’à sa retraite en 2012, elle a également été active à Halle (Saale), en Allemagne. Outre son travail de chercheur au Centre d’études africaines de Leyde, Wim van Binsbergen a occupé une chaire consacrée aux fondements de la philosophie interculturelle entre 1999 et 2012.
Au département d’histoire des sociétés non occidentales, aujourd’hui département d’histoire dans la section d’histoire mondiale de l’École Erasmus d’histoire, de culture et de communication, plusieurs anthropologues sont actifs, dont Karin Willemse, qui travaille sur le genre, l’Islam et la construction identitaire en Afrique et en Europe, et Bregje van Eekelen qui travaille sur le marché des idées.

Tilburg

L’université de Tilburg (UT) dispose d’un département de communication interculturelle à la faculté des lettres, dans lequel Wasif Shadid a occupé une chaire surnuméraire en communication interculturelle entre 1994 et 2009 (outre son travail à l’Institut d’anthropologie culturelle et de sociologie du développement à Leyde). En 2000, Arie de Ruijter a créé une faculté des sciences sociales à Tilburg. Depuis 2002, Ruben Gowricharn est titulaire d’une chaire sur la cohésion sociale et les questions transnationales, d’abord titulaire d’une chaire financée par des fonds privées, puis professeur titulaire. Wilfried van Damme a enseigné l’art mondial à l’université de Leyde et a été titulaire d’une chaire d’ethnoesthétique à Tilburg entre 2010 et 2014. Outre les conférences qu’il a données sur la diversité culturelle, la comparaison des cultures et les relations homme-animal à l’école des sciences humaines de Tilburg entre 1990 et 2016, Raymond Corbey est titulaire d’une chaire d’épistémologie de l’archéologie et de l’anthropologie aux départements d’archéologie et de philosophie de Leyde, depuis 2005. À côté de son travail au Centre d’études africaines à Leyde, Wouter van Beek a été titulaire d’une chaire d’anthropologie de la religion au département des études culturelles jusqu’à sa retraite en 2015.

La Haye

L’Institut des études sociales (ISS) à La Haye, fondé en 1952, est fortement intéressé par les études sur le développement, tout en favorisant une approche interdisciplinaire. Henk Th. Chabot (1910-1970) y a été professeur d’études sociales de 1955 à 1970. Jan Breman a été professeur extraordinaire de sociologie à l’ISS, avant de retourner à Amsterdam. De nombreux professeurs enseignent les études du développement à l’ISS, qui est un institut d’études supérieures en sciences sociales critiques à orientation politique et qui fait maintenant partie de l’université Erasme de Rotterdam (EUR).

Telles sont les grandes lignes du développement de l’anthropologie et de la sociologie non occidentale après 1945 aux Pays-Bas. Les chaires mentionnées ont servi de centres de gravité pour un cercle grandissant de conférenciers, de chercheurs et de doctorants travaillant sur les sujets indiqués. La plupart des titulaires de chaires étaient des hommes, mais depuis les années 1990, au moins une douzaine de femmes anthropologues ont été nommées à des chaires de professeur. Sur l’histoire des études de genre et de l’anthropologie féministe aux Pays-Bas, voir Postel-Coster et van Santen (2002).

Financement de la recherche

Depuis les années 1970, la réduction des budgets de l’État pour l’enseignement a entraîné des conditions plus strictes dans les universités, des compressions budgétaires et la réorganisation des départements. Une nouvelle culture de l’audit, avec des outils de gestion pour la planification et le contrôle de la production académique, a été importée des États-Unis. Pour relever ce défi, un comité national a dressé, à partir de 1975, des plans disciplinaires pour la coopération entre départements et pour une division des spécialisations ; ces efforts ont bien servi à protéger les intérêts de ce domaine jusqu’au milieu des années 1990 (Claessen & Schoorl 2002). Mais ces plans disciplinaires n’ont pas pu empêcher les départements d’anthropologie d’être fortement réduits dans les années 1980, et le département de Groningue a été fermé en 1989. Depuis lors, le financement de la recherche anthropologique et de la recherche pour le développement peut être obtenu de trois manières différentes : par le biais des universités et des écoles de recherche ; par le biais d’organismes de financement publics tels que l’Organisation néerlandaise de la recherche scientifique (NWO) et la Fondation pour le progrès de la recherche tropicale (WOTRO), toutes deux à La Haye ; et par des organisations parrainant la recherche sous contrat. Il s’agit respectivement de la première, de la deuxième et de la troisième « sources de crédits ».

Le deuxième type de financement de la recherche scientifique aux Pays-Bas est principalement assuré par l’Organisation néerlandaise de la recherche scientifique (NWO), fondée à La Haye en 1950. La qualité et l’innovation sont des critères clés de financement. La NWO finance plus de 5 800 projets de recherche dans les universités et les institutions du savoir. L’organisme compte huit instituts de recherche dans le pays, dont la plupart s’intéressent aux sciences de la vie et aux sciences naturelles. Son budget est d’environ 500 millions d’euros par an. La NWO a neuf divisions : Sciences de la terre et de la vie, sciences chimiques, sciences physiques, sciences humaines (y compris histoire, folklore et langues), sciences sociales, recherche médicale, physique, sciences techniques et WOTRO, regroupées en quatre domaines. L’anthropologie a sa place au sein du Conseil de recherches en sciences sociales (MaGW). La NWO alloue ces fonds en organisant des concours entre les propositions de recherche. Les propositions des anthropologues rivalisent avec celles des sociologues, des psychologues et des économistes. Depuis le début des années 2000, la NWO a adopté le financement de programmes de recherche à grande échelle, auxquels participent une dizaine de disciplines ou plus.

Une organisation de financement plus appropriée pour l’anthropologie (et non pour la recherche sur les politiques) est la Fondation pour le progrès de la recherche tropicale (WOTRO). La Fondation est aujourd’hui membre de la NWO et parraine la recherche dans les pays tropicaux avec un accent sur le développement mondial. WOTRO est multidisciplinaire et finance des projets en sciences humaines et sociales (y compris en anthropologie) d’une part, et en sciences de la terre et de la vie et en sciences médicales d’autre part. Aussi bien la NWO que le ministère des Affaires étrangères, qui disposait jusqu’en 1998 d’une Direction générale distincte pour la coopération au développement, fournissent tous deux les fonds. WOTRO finance des projets de recherche dans les régions tropicales et les pays en développement depuis 1964 et a célébré son cinquantième anniversaire en 2014. Au cours de cette période, il a encouragé la recherche scientifique dans les universités et instituts de recherche néerlandais et a également contribué au renforcement des capacités scientifiques dans les pays tropicaux et en développement. Les propositions en anthropologie obtiennent généralement de bien meilleurs résultats dans le WOTRO que dans les divisions de la NWO, comme le Conseil de recherches en sciences sociales. Toutefois, les propositions qui ne traitent pas de la recherche dans les zones tropicales, telles que la recherche en Europe et en Méditerranée ou la recherche pour le développement, ne peuvent être financées de cette manière. WOTRO a financé des recherches doctorales menées par des chercheurs asiatiques dans leurs pays d’origine. Les doctorants des pays en développement peuvent obtenir des bourses auprès de l’Organisation néerlandaise pour la coopération internationale dans l’enseignement supérieur (NUFFIC) à La Haye. La recherche des doctorants asiatiques ou africains en Europe occidentale peut être financée par le biais de programmes spéciaux tels que le Programme indo-hollandais sur les alternatives au développement (IDPAD) et le Programme néerlandais de recherche sur les alternatives au développement (SANPAD), mis en place par Jan Pronk, ancien ministre de la Coopération au développement.

Le premier type de financement de la recherche doctorale et post-doctorale en anthropologie et sociologie du développement a été alloué aux écoles de recherche, basées dans les universités. Depuis leur création à la fin des années 1980, ces écoles ont très bien réussi à faciliter la recherche. Le système fonctionne bien pour la recherche, mais sépare l’enseignement de la recherche, surtout depuis l’introduction du système licence/master (BaMa) en septembre 2002, suivant la Déclaration de Boulogne adoptée par les ministres de l’Éducation de vingt-neuf pays européens en juin 1999. La plupart des écoles de recherche ont des collections pour la publication des travaux des doctorants et des chercheurs en poste dans les départements. Pour des raisons administratives, l’enseignement a été placé dans des « instituts d’enseignement » qui ont leur siège dans les facultés.

L’université d’Amsterdam (UvA) possède l’École de recherche en sciences sociales d’Amsterdam (ASSR), qui a été fondée en 1986-1987 en tant que Centre d’études asiatiques (CASA), et l’Institut postdoctoral de sociologie (PdIS). Les deux centres ont fusionné comme l’École d’Amsterdam quelques années plus tard. Cette fusion a bien fonctionné et des recherches ont été menées dans trois domaines : anthropologie, sociologie non occidentale et anthropologie/sociologie de l’Asie. L’ASSR a été successivement élargie à l’anthropologie, à la sociologie occidentale et non occidentale et aux études politiques. Un Institut d’études du développement métropolitain et international d’Amsterdam (AMIDSt) a été créé dans le domaine des sciences géographiques. C’est un important centre de recherche dans les domaines de la géographie humaine, des études du développement international, de l’aménagement du territoire et des politiques spatiales, et il appartient à la faculté des sciences sociales et comportementales. L’Institut des migrations et des études ethniques (IMES) a été créé en 1994. Cet institut interdisciplinaire favorise l’intégration de diverses perspectives et collabore avec les départements d’anthropologie, de sociologie, de sciences de la communication, de sciences politiques, de géographie sociale, de géographie économique, d’économétrie, de droit administratif et d’histoire sociale et économique. En 2010, l’université d’Amsterdam a réuni toutes ces sciences sociales et comportementales pour former l’Institut d’Amsterdam pour la recherche en sciences sociales (AISSR), un des plus grands instituts de recherche en sciences sociales en Europe.

L’université de Leyde accueille l’Institut d’études régionales de Leyde (LIAS), anciennement l’École de recherche CNWS. Ce dernier a été fondé en 1988 sous le nom de Centre d’études non occidentales par la faculté des lettres et la faculté des sciences sociales, qui ont coordonné toutes les recherches orientales et non occidentales dans les deux facultés. La CNWS a été accréditée comme école de recherche par l’Académie royale néerlandaise des lettres et des sciences (KNAW) en 1992 et réaccréditée en 1999. Elle est rebaptisée École de recherche des études asiatiques, africaines et amérindiennes en 1993-1994, afin de supprimer l’adjectif « non occidental » de son nom. Intégrant des chercheurs des facultés des lettres, des sciences sociales, du droit et de la théologie, la CNWS a développé des études non occidentales dans le sens le plus large. Son idée était que les études linguistiques et culturelles devaient être combinées et appliquées aux sociétés historiques et modernes. L’école a été fermée en 2008 et remplacée par le LIAS, qui accueille des chercheurs et des doctorants en sciences humaines et sociales. Les domaines étudiés se concentrent principalement sur l’Asie et le Moyen-Orient. En outre, Leyde a vu se créer deux instituts de recherche, avec des bureaux à Amsterdam : l’Institut international d’études asiatiques (IIAS, fondé en 1993) et l’Institut pour l’étude de l’Islam dans le monde moderne (ISIM, fondé en 1998). Tandis que ce dernier fermait en 2008, l’IIAS a survécu.

L’université Radboud de Nimègue dispose de l’Institut de recherche sociale et culturelle de Nimègue (NISCO), créé en 2005, et du réseau interuniversitaire hébergé par l’Institut d’études comparatives du développement et du changement culturel (NICCOS), fondé en 1989. Le NISCO réunit les disciplines de la sociologie, des études de genre, de l’anthropologie et du développement. Il est composé de trois groupes de recherche : (1) Anthropologie et études du développement, (2) Genre et diversité et (3) Sociologie. Les chercheurs de NISCO se concentrent principalement sur trois thèmes : l’inégalité, la cohésion et la modernisation. Le NICCOS a pour but de coordonner et de stimuler la recherche dans les pays du Sud par l’intermédiaire du département d’anthropologie et d’études du développement, du département de géographie, de planification et d’études environnementales, du département de santé internationale et de santé publique, du département d’économie et de gestion internationales et du département de théologie et des études religieuses.

L’université d’Utrecht participe au Centre d’études des ressources pour le développement humain (CERES) depuis 1992. Elle a été accréditée comme école de recherche par l’Académie royale néerlandaise des lettres et des sciences (KNAW) en 1994 et réaccréditée en 2011. C’est l’un des centres de recherche de la faculté des sciences sociales et il sert de centre administratif pour l’École nationale de recherche pour l’étude des ressources au service du développement, une école de recherche interuniversitaire avec des locaux dans six autres institutions, à savoir l’université d’Amsterdam, l’université libre/Vrije Universiteit d’Amsterdam, l’université Radboud de Nimègue, l’université Wageningen, l’université Erasme de Rotterdam, l’Institut des études sociales à la Haye, et l’université d’Amsterdam. Le CERES se concentre sur l’interaction entre les ressources humaines et naturelles. La recherche de ses participants est axée sur le développement et, dans une certaine mesure, sur les politiques de mise en œuvre. Les doctorants en anthropologie participent soit à l’école de recherche du CERES, soit à l’École supérieure des sciences sociales de la faculté.

L’université de Wageningen a créé l’École supérieure des sciences sociales de Wageningen (WASS), à laquelle la plupart des chercheurs du groupe des sciences sociales sont affiliés. La recherche doctorale en sciences sociales est menée sous les auspices de cette école de recherche. La branche de Wageningen du CERES a été intégrée à l’École supérieure des sciences sociales de Wageningen.

À la Vrije Universiteit (VU) d’Amsterdam, le département d’anthropologie sociale et culturelle participe à l’Institut de recherche sur la résilience sociétale (ISR) et à une école supérieure des sciences sociales (VU-GSSS).

Outre les universités (écoles de recherche), NWO et NWO-WOTRO, l’Académie royale néerlandaise des lettres et des sciences (KNAW) peut financer de vastes programmes pluridisciplinaires. En outre, il existe de grands instituts de recherche. La KNAW en a adopté quatre : l’Institut royal néerlandais d’études sur l’Asie du Sud-Est et les Caraïbes (KITLV) à Leyde, ainsi que le Meertens Institute (études folkloriques), l’Institut international d’histoire sociale (IISG) et l’Institut d’études sur la guerre, l’Holocauste et le génocide (NIOD), qui sont basés à Amsterdam.

Défis contemporains

Les Pays-Bas comptent aujourd’hui quatorze universités, dont cinq ont un département d’anthropologie, à savoir Leyde (UL), Amsterdam (UvA et VU), Utrecht (UU) et Nimègue (RUN). En 2012, ces cinq centres comptaient plus de 110 chercheurs, dont vingt-neuf titulaires (QANU 2014), à l’exclusion du personnel enseignant et des anthropologues travaillant dans d’autres universités, dans des instituts de recherche ou dans des musées. Les études de développement jouent un rôle à Leyde (UL), Amsterdam (UvA et VU), Utrecht (UU), Groningue (RUG), Nimègue (RUN), Wageningen (WUR) et l’Institut des études sociales (ISS) à La Haye.

La productivité est élevée, surtout en anthropologie, et de nombreuses publications paraissent en anglais. Cette tendance a été encouragée par la politique d’internationalisation du ministère de l’Éducation. De même, la création d’écoles de recherche à partir de la fin des années 1980 a été très positive. Le dernier quart du XXe siècle a vu s’épanouir les études dans les domaines de l’anthropologie visuelle (Leyde, UvA), des études de genre (d’abord à Leyde, puis dans d’autres universités), des études du Sud-Est asiatique (Leyde, UvA), des études sud-asiatiques (UvA), des études africaines (Leyde), latino-américaines (Leyde, Utrecht, UvA), l’anthropologie de l’Europe et de la Méditerranée (UvA, Nimègue), l’anthropologie du Pacifique (Nimègue), les études arctiques (Groningue), les études ethniques et migratoires (Utrecht, UvA, Tilburg), l’anthropologie médicale (Leyde, UvA), urbaine (VU, Leyde), économique (Nimègue, Leyde), politique (VU, Leyde) et l’anthropologie des religions (VU, Leyde).

Au tournant du XXe siècle, la Vrije Universiteit était probablement l’université la plus importante des Pays-Bas pour l’anthropologie. En tant qu’université confessionnelle, elle disposait de fonds suffisants pour nommer de nouveaux professeurs d’anthropologie. Alors que l’Université libre a investi dans de nouveaux départements et dans la recherche, d’autres universités, en fonction du budget national de l’enseignement, ont enduré des restrictions économiques. En 2004, l’anthropologie à Leyde a attiré 114 étudiants de première année et a été choisie par des étudiants néerlandais comme le meilleur programme d’anthropologie néerlandais pour la troisième année consécutive. Ce poste a depuis été repris par les départements de l’université d’Utrecht et de la Vrije Universiteit d’Amsterdam. En 2016, celle-ci a offert le meilleur programme de licence en anthropologie et Nimègue le meilleur programme de master du pays.

Malgré son histoire longue et mouvementée et l’intérêt croissant des étudiants diplômés et de troisième cycle, l’anthropologie n’est pas un sujet bien connu aux Pays-Bas. Pour la plupart des citoyens néerlandais, cette discipine reste méconnue. Bien qu’une partie de la terminologie de l’anthropologie soit entrée dans le vocabulaire néerlandais, le terme d’anthropologie lui-même doit encore être expliqué ; l’ancien nom volkenkunde (ethnologie) est plus connu, en particulier grâce aux anciens noms des musées ethnographiques. Les principales raisons de ce manque de familiarité sont au nombre de trois : l’anthropologie n’est pas enseignée dans les lycées, le financement n’est pas constant et la plupart des anthropologues néerlandais travaillent hors d’Europe. Par conséquent, le rôle de l’anthropologie dans la société néerlandaise se limite aux secteurs académiques, aux universités, aux instituts de recherche et aux musées ethnographiques. Les anthropologues et les sociologues du développement jouent un rôle plus direct dans les organisations d’aide au développement, comme les ONG, les institutions consultatives, les ministères et les organisations internationales, mais leur travail est moins visible pour le grand public.

Le système de « financement conditionnel » et l’essor des écoles de recherche qui l’accompagne ont amélioré les profils de recherche et augmenté la production scientifique. Cependant, les contraintes budgétaires ont donné lieu à des contrats à durée déterminée pour le personnel et les doctorants. Depuis plus de trois décennies, la tendance est de solliciter un financement externe pour des projets de recherche pluridisciplinaires de grande envergure. Il en résulte une armée grandissante d’universitaires hors statut, qui errent dans les universités nationales et internationales, à côté de quelques sommités dans des « centres d’excellence » du pays. Non seulement c’est un gaspillage de capital intellectuel, mais le système rend aussi difficile le développement de traditions de recherche. Par conséquent, les traditions de l’anthropologie comparée et de l’anthropologie de l’Europe à Amsterdam (UvA) et celles de l’anthropologie structurale et de la sociologie du développement à Leyde ont été affaiblies ou exportées à l’étranger.

Conclusion

L’anthropologie socioculturelle hollandaise s’est développée comme une « créature des circonstances ». P. E. de Josselin de Jong (1977, 1980) y a vu une caractéristique de l’anthropologie structurale aux Pays-Bas, mais cet avis est également valable pour l’anthropologie hollandaise en général. Sous l’effet des vagues successives d’expansion et de contraction de l’enseignement supérieur, son essor a été lié au développement des colonies et de la mère patrie. Dès ses débuts au XVIIIe siècle, l’ethnographie a été pratiquée comme une contribution à l’histoire de l’humanité (Vermeulen 2015), mais elle a rapidement été incorporée dans les écoles de formation des fonctionnaires coloniaux et appliquée dans les colonies d’outre-mer. On n’a pas établi dans quelle mesure ses idées ont été utiles à l’administration coloniale ou mises en application par celle-ci. En réponse à la restructuration de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’ethnographie est devenue un sujet universitaire, d’abord à Leyde en 1877 et ensuite dans d’autres universités. En raison de son implication dans la formation de futurs fonctionnaires coloniaux et praticiens du droit colonial, ce champ du savoir a eu du mal à s’imposer comme une science indépendante. La double identité qui s’ensuivit entre l’ethnologie (anthropologie générale) et l’ethnographie (anthropologie régionale) au début du XIXe siècle, et entre l’ethnologie et l’indologie (programmes de formation des fonctionnaires coloniaux) à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, se poursuit après la Seconde Guerre mondiale avec la distinction entre anthropologie culturelle et sociologie non occidentale, ou sociologie du développement. Par conséquent, l’anthropologie aux Pays-Bas est souvent liée aux études du développement international. Les principales spécialisations sont l’anthropologie de l’Asie du Sud et du Sud-Est, de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale, de l’Afrique subsaharienne, du Pacifique et de l’Europe ; les spécialisations thématiques comprennent l’anthropologie structurale, économique, muséale, politique, maritime, médicale, visuelle et transnationale, ainsi que l’anthropologie juridique, anthropologie de la religion, études de genre, diversité culturelle et développement.

Parmi les développements ultérieurs, mentionnons la création de la faculté des sciences sociales dans les années 1960, l’internationalisation des années 1980 et 1990, la création d’écoles de recherche à partir de la fin des années 1980 et l’impact de la mondialisation, particulièrement ressenti depuis la chute du mur de Berlin en 1989 (Wertheim 2002). L’absence de positions structurelles dans les universités et les instituts de recherche a conduit à créer un flot croissant de post-doctorants passant d’une mare universitaire à l’autre. Bien que l’introduction du système licence/master (BaMa) en 2002 ait entraîné une plus grande comparabilité des programmes menant à l’obtention d’un diplôme, elle a également entraîné une bureaucratisation en séparant les instituts d’enseignement et les instituts de recherche. Si cette tendance se poursuit, l’unité de l’enseignement et de la recherche, si essentielle pour attirer les étudiants, développer les traditions nationales de recherche et encourager la recherche fondamentale, sera rompue et l’idéal humboldtien de combiner enseignement et recherche dans une université sera abandonné. Face à de tels défis, l’anthropologie néerlandaise est un domaine dynamique où de nombreux praticiens étudient la diversité socioculturelle dans le Sud et le Nord, souvent en relation avec les questions de développement [11].

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[1Cet article a été traduit de l’Anglais par Frederico Delgado Rosa et révisé par Annick Arnaud et Christine Laurière.

[2Fondamentalement, il existe trois types de chaires aux Pays-Bas : Professeur ordinaire (temps plein), professeur extraordinaire (temps partiel) et bijzonder hoogleraar (chaire surnuméraire, également temps partiel). Les deux premières bénéficient de fonds publics (des universités), la dernière de fonds privés (fondations). Elles sont accordées à des enseignants confirmés, méritant d’encadrer des doctorats. En dehors de ces chaires, il existe des chaires personnelles, attribuées à des conférenciers en raison de leurs travaux de recherche (sur fonds publics).

[4Voir note 2.

[7Une chaire groupée, en néerlandais, « leerstoelgroep », est une institution propre à Wageningen. Ce terme est difficile à traduire car un « leerstoelgroep » n’est pas l’équivalent des départements dans la mesure où ces derniers disparaissent dans certaines universités, la recherche n’étant plus tant menée au sein d’un département (ou d’un institut) que par un professeur (titulaire d’une chaire) et ses collaborateurs. Un « leerstoelgroep » n’est pas non plus l’équivalent d’un laboratoire de recherche, puisqu’un leerstoel (une chaire) est en principe destiné à l’enseignement. En général, l’enseignement et la recherche étant assurés dans des unités administratives séparées (parfois au sein d’un même département dans certaines universités), il règne actuellement un certain chaos dans les universités néerlandaises qui tentent de combiner le système BaMa (licence/master) avec les exigences budgétaires de la science dans un environnement néolibéral, sujet sur lequel je reviendrai à la fin de cet article.

[8Pour les développements récents sur le groupe de sociologie du développement et du changement (SDC), qui combine les études de développement, l’écologie politique, l’anthropologie juridique, et les études sur les crises et les catastrophes, voir : https://www.wur.nl/en/Research-Results/Chair-groups/Social-Sciences/sdc.htm

[9Pour les développements plus récents, voir https://www.ru.nl/anthropology/

[10Pour les développements plus récents, voir : https://fsw.vu.nl/en/departments/social-and-cultural-anthropology

[11Dans une version légèrement différente, cet article a été publié comme “Netherlands, Anthropology in the” dans Hilary Callan (dir.) The International Encyclopedia of Anthropology. vol. 8 : 4219-4312 (2018). Il est basé en partie sur des articles recueillis dans les deux parties du volume Tales from Academia (Vermeulen et Kommers eds. 2002). Plusieurs chapitres de ce volume traitaient des développements institutionnels à Amsterdam (par Heinemeijer, Köbben, Breman, Selier), Leyde (Schefold, Vermeulen, Holtzappel), Utrecht (de Wolf), Wageningen (den Ouden), Nimègue (Meurkens), Groningen (Papousek et Kuiper). Cet article-ci est une version réécrite et mise à jour d’un article paru dans la revue Anthropological Yearbook of European Cultures et dans le volume Other People’s Anthropologies publié par Berghahn Books (Vermeulen 2007, 2008). La plupart des données historiques sont inchangées, mais la plupart des données récentes ont été mises à jour et l’argument principal a été réécrit. Je remercie les éditeurs Berghahn et Wiley de m’avoir donné la permission de réutiliser ces matériaux et l’équipe éditoriale de Bérose pour la traduction et adaptation de cette entrée encyclopédique.