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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Explorateur, ethnographe, antihéros : vie et œuvre de Heinrich Barth

Anke Fischer‑Kattner

Universität der Bundeswehr München

2018
Pour citer cet article

Fischer–Kattner, Anke, 2018. « Explorateur, ethnographe, antihéros : vie et œuvre de Heinrich Barth », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article1437.html

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Observateur d’exception ou colonialiste ordinaire ? La destinée posthume de Barth

Confronté à la personnalité d’Heinrich Barth, le jugement historiographique est partagé entre l’héroïsation et le mépris. À la fin du XIXe siècle, son beau-frère et biographe Gustav von Schubert fit de ce voyageur « qui avait exploré une partie importante du territoire devenu par la suite allemand un précurseur de la recherche coloniale de l’Afrique sous domination allemande » [1]. Barth lui-même avait présenté ses recherches, dans la version allemande de son récit de voyage, comme une glorieuse conquête de l’esprit allemand [2]. « Le plus grand des explorateurs allemands de l’Afrique » [3], écrit encore à son propos, en 1967, l’historien de la géographie Hanno Beck. Quand, quelques années plus tard, Christoph Marx réitère l’hommage rendu à ce pionnier exceptionnel parmi les africanistes allemands, il se réfère à ses apports scientifiques d’un ordre totalement différent, à savoir la place faite à l’historicité des cultures africaines [4]. À l’ère postcoloniale, les bons rapports personnels de Barth avec les Africains, particulièrement les marchands et savants islamiques en Afrique de l’Ouest, sont parfois présentés sous un jour idéalisé [5]. Ces dernières années, on a même considéré que Barth et ses manières de voyager annonçaient ce qu’un auteur a défini comme une « participation dense » [6] dans la pratique ethnographique.

À l’inverse, dans d’autres travaux, la figure de Barth paraît relever d’un contexte typiquement colonial. Pour Cornelia Essner, dans son histoire sociale des voyageurs allemands, faire le tour de l’Afrique n’est qu’un moyen de progresser sur un plan socio-économique personnel. Elle souligne que, comme la majorité de ses compatriotes voyageant en Afrique, Barth espérait surtout obtenir un poste à l’Université en récompense de ses efforts scientifiques [7]. De même, pour Matthias Fiedler, Barth s’intègre parfaitement dans un groupe homogène de voyageurs et ses travaux entrent dans le cadre d’un « discours allemand sur l’Afrique » qui, depuis le XVIIIe siècle, a inspiré le colonialisme et le racisme modernes [8]. Un tel jugement semble méconnaître complètement les exploits réels de Barth. Peut-on rendre compte de ses activités sans l’ériger en archétype de l’Allemand d’exception ni en représentant du colonialisme ordinaire ? Barth, tout en ayant présenté au cours de sa vie certains des traits caractéristiques de l’explorateur colonial, s’en démarqua également par son approche originale du continent africain.

Pendant ses voyages, Barth avait amassé quantité d’informations très variées qui sont encore considérées aujourd’hui comme un apport remarquable à la connaissance ethnologique [9]. Il fait des esquisses non seulement des vues des habitations, villages et villes qu’il visite, mais aussi de leur plan au sol comme de celui des bâtiments remarquables [10]. Il note des détails sur le commerce et les objets vendus sur les marchés [11]. Maîtrisant déjà la langue arabe, Barth apprend le tamajeq (la langue des Touaregs) et le haoussa, langue vernaculaire au Soudan. Au total, il collecte des matériaux permettant la description de 49 langues différentes. [12] Il communique directement, dans leur langue, avec les habitants des vastes régions très différentes qu’il traverse dans ses voyages, développant ainsi une familiarité impressionnante avec des Africains de diverses conditions sociales tant il s’est accoutumé à leur vie quotidienne. Malheureusement, ses domaines d’intérêts, vastes et approfondis, son goût de la minutie ethnographique, furent mal reçus à l’époque. À l’aube du colonialisme tardif, quand l’ethnologie en tant que discipline académique était en train de se former graduellement, ils pouvaient sembler excessifs et ne trouvaient pas leur place. Il est ironique de constater que l’oeuvre de Barth sera mieux appréciée à l’époque postcoloniale que de son temps. [13]

Le « grand voyage » : de l’Allemagne à Tombouctou

Heinrich Barth est né à Hambourg le 16 février 1821 [14]. Son père, un artisan-marchand influent, envoie son fils étudier dans un lycée prestigieux, le Johanneum, et finance ses études à l’université de Berlin. Après deux semestres de philologie classique et d’histoire ancienne, Heinrich passe quelques mois en Italie et décide de concentrer dorénavant ses efforts scientifiques sur la Méditerranée. En 1844, il soutient une thèse de doctorat sur le commerce de la cité grecque de Corinthe. Au début de l’année 1845, il entreprend un tour du bassin méditerranéen, voyage qui durera trois ans et dont le récit fournira la matière de sa thèse d’habilitation à l’enseignement universitaire en géographie, dirigée par Carl Ritter [15]. Son premier cours porte sur la topographie de l’antiquité. Cependant, sans poste fixe, il reste en quête d’un emploi. Ritter, son mentor, et Christian Karl Josias von Bunsen, ministre de la Prusse à Londres, le recommandent alors auprès du gouvernement anglais pour qu’il prenne part à une expédition africaine envisagée par le missionnaire et abolitionniste James Richardson.

Comme la participation d’Heinrich Barth au projet d’expédition n’est pas immédiatement assurée, August Petermann, astronome et géographe auprès du Royal Observatory anglais, s’assure de la participation d’un autre scientifique allemand, Adolf Overweg. La formation d’astronome et de géologue de ce dernier semblant compléter idéalement les compétences en philologie et en géographie culturelle de Barth, tous deux peuvent, avec l’aval du ministre des affaires étrangères anglais, Lord Palmerston, se joindre en qualité de personnel scientifique à l’expédition de Richardson [16]. Celle-ci s’est vu confier par le gouvernement britannique la tâche d’explorer les moyens de commercer à partir du légendaire marché de Tombouctou mais également de mettre fin au trafic des esclaves. Les voyageurs atteignent le continent africain en décembre 1849. Commence alors pour Barth son « grand voyage » qui ne s’achèvera qu’en 1855.

Barth, Overweg et Richardson quittent la côte tripolitaine en mars 1850. Pour traverser le Sahara, ils se joignent aux caravanes des grands marchands-guerriers locaux. Au cours de ce périple, Barth part de son côté pour se rendre à Agadez [17], puis rejoint ses compagnons européens. À la frontière du Bornou, les voyageurs se séparent en convenant d’un rendez-vous à Kukawa, la capitale de la région. Richardson décide d’y aller directement, alors que Barth passe par Katsina et Kano. Mais James Richardson décède en route. Le ministère britannique des affaires étrangères confie alors la direction de l’expédition à Barth [18]. Celui-ci décide d’explorer le royaume d’Adamaoua (mai à juillet 1851) et d’aller également jusqu’à Kanem ; puis accompagné d’Overweg, il suit l’armée de Bornou dans le pays des Mousgoum où elle se livre à une razzia d’esclaves (novembre 1851 à février 1852). Tandis que Barth voyage jusqu’à Baguirmi (mars à août 1852), Overweg parcourt le lac Tchad. Mais le géologue allemand attrape une fièvre à laquelle il succombe en septembre 1852 [19]. L’expédition devient l’affaire du seul Barth. Il décide de couronner son projet par une excursion à Tombouctou. Parti de Kukawa en novembre 1852, il n’atteint Tombouctou qu’en septembre 1853 [20].

Des dialogues hardis : les complexités d’une expérience proto-ethnographique

Barth n’a pas la prétention de porter sur ce qui l’entoure le regard surplombant et panoptique du « monarch-of-all-I-survey scene » [21] que la critique post-coloniale a jugé si prégnant à son époque. Au cours de ses voyages comme dans son récit, il est loin de se présenter comme adoptant la posture dominatrice du colonial Il connaît la valeur immense de l’assistance que les Africains apportent à ses projets [22], même si ses relations avec eux ne sont pas toujours harmonieuses ni respectueuses. Des correspondants locaux comme Charles Dickson, agent commercial à Ghadamès, l’ont mis en garde contre les Africains de l’intérieur qui leur semblent « exceedingly fanatical [23] ». En conséquence, Barth croit nécessaire, pour la dernière étape de sa route vers Tombouctou, de cacher le fait qu’il est chrétien et de revêtir l’apparence d’un musulman [24]. En s’immisçant dans des situations politico-historiques très complexes, sans l’assurance de bénéficier de la protection directe d’une puissance européenne, il avait pris conscience de sa vulnérabilité. À cet égard, le voyage de Barth s’inscrit dans la lignée de ceux qui ont conduit les savants européens explorant l’intérieur du continent africain sur les routes indigènes depuis le XVIIIe siècle [25].

Confronté sur les bords du Niger à l’attitude méfiante et ouvertement hostile à sa présence de la population, Barth se réfère explicitement à ses devanciers : dans son journal de voyage, il copie une lettre du Major Alexander Gordon Laing, un voyageur écossais localement appelé « E Raïs » [26]. Celui-ci avait rallié Tombouctou en août 1826, mais avait été assassiné dès le début de son périple de retour [27]. Le 6 janvier 1826, Laing avait écrit que les Touaregs le prenaient pour Mungo Park, « the Christian who made war upon the people inhabiting the banks of the Niger [28] ». Voyageant seul, soutenu par des guides, compagnons et protecteurs indigènes, l’Écossais Park avait atteint le fleuve légendaire qu’est le Niger en 1796 [29], lors d’un premier voyage. Muni d’une escorte scientifique et militaire, il entreprend un second voyage, mais la population locale s’oppose violemment aux Britanniques, dont les dernières traces se perdent sur le fleuve Niger en 1806 [30]. Laing s’était montré critique à l’égard du caractère agressif de l’entreprise de Park, opinion que partage Barth, citant les propres mots de Laing :

How imprudent, how unthinking ; I may even say, how selfish was it in Park, to attempt making discovery in this land at the expense of the blood of its inhabitants, and to the exclusion of all after communication : how unjustifiable was such conduct [31] !

Barth lui-même n’ignorait pas que l’expédition violente de Park avait suscité une très grande méfiance dans la région. Le comportement de celui-ci avait empêché l’établissement d’une communication simple et paisible avec les habitants. Barth le regrettait d’autant plus qu’il était opposé à des démonstrations de force en Afrique, les armes emmenées par précaution en expédition n’ayant qu’un but défensif. Il était conscient qu’il avait au contraire besoin d’un soutien local. La prudence qu’il observait dans ses déplacements, ses observations, son entreprise de documentation, rapprochait davantage son expédition du premier voyage de Park et des autres voyageurs européens du XVIIIe siècle que des visions colonialistes de ses contemporains.

À Tombouctou, Barth est d’abord pris pour le successeur voire pour le fils de Laing [32], ce qui lui vaut de recevoir un accueil aimable du cheikh El Bakáy [33], un personnage puissant dans la cité. Ce chef d’une importante confrérie soufie était un savant islamique célèbre. Il accueille Barth d’abord comme un représentant du gouvernement britannique et l’assure de sa protection contre ses dangereux ennemis, en particulier les Peuls du Macina [34]. Mais à mesure que le cheikh découvre l’érudition de Barth en matière religieuse, historique et philosophique, leurs relations évoluent. En effet, dans ses écrits, Barth décrit des échanges intellectuels très amènes avec El Bakáy et ses disciples. Barth le présente aux lecteurs européens comme un véritable ami et comme un instructeur compétent [35]. Barth entre dans le cercle intellectuel de ce personnage, en prenant des risques. Il participe à des discussions hardies et va jusqu’à prétendre qu’il est vraiment musulman, comme l’auraient été les philosophes de l’antiquité, argumentation qui a la faveur du cheikh [36]. Les lettres d’El Bakáy à Barth conservées dans les archives de Hambourg montrent qu’il s’adresse à lui comme à « notre ami » et le cheikh se présente pour sa part comme son « instructeur » [37]. En endossant un rôle acceptable pour les Africains, Barth reprenait un leitmotiv des voyages antérieurs à l’époque du partage de l’Afrique par les puissances coloniales [38], tout en lui donnant une tonalité personnelle qui eut un immense effet sur la qualité des échanges noués sur place [39].

Après plusieurs tentatives pour quitter Tombouctou sans courir le danger d’être attaqué, Barth parvient finalement à quitter la ville en mai 1854. À la fin de l’année, il est à Kukawa. Il y rencontre Eduard Vogel, envoyé par la Société de géographie de Berlin pour enquêter sur le sort de son expédition. En Europe courait en effet le bruit qu’il était mort [40]. Ce voyage éprouvant et dangereux à l’Ouest accompli, Barth décide de rejoindre la côte méditerranéenne tandis que Vogel décèdera pendant son voyage d’exploration. En mai 1855, Barth part de Kukawa et prend une route plus directe que celle qu’il avait empruntée à l’aller, vers Mursuk, en passant par Bilma. Il remonte par l’est jusqu’à Tripoli où il arrive fin août 1855. Après avoir traversé la France en quelques jours à peine, Barth regagne la capitale britannique le 6 septembre.

La politique anglaise versus La science allemande ? Une « dense toile d’intrigues éhontées »

À Londres où il réside jusqu’en 1858, Barth travaille à la publication du récit de son voyage, en anglais et en allemand. Alors que son voyage s’était déroulé dans des conditions largement précoloniales, au sens politique du terme, en ce qu’il était tributaire des bonnes relations instaurées avec des protecteurs et assistants africains, il est confronté, à son retour en Europe, à la montée du nationalisme et de l’impérialisme. Pendant ce séjour londonien, Barth se sent en butte à des préjugés qu’il impute à cette poussée nationaliste [41].

Outre son conflit personnel avec Norton Shaw, secrétaire de la Société royale de géographie à Londres, qu’il accuse d’avoir ouvert deux lettres qui lui étaient personnellement adressées [42], Barth se montre en général soupçonneux à l’égard des motivations des Anglais. Bien que son correspondant Edwin Norris l’assure en 1855 que personne n’était « so unjust as to allow any feelings of nationality to interfere with their judgement [43] », Barth continue à se méfier de ce qu’il suppose être des machinations montées contre lui. En réalité, il subit des attaques de la part de la Société britannique et étrangère contre l’esclavage (British and Foreign Anti-Slavery Society) qui l’accuse d’avoir illégalement ramené deux jeunes esclaves haoussa à Londres. Ces accusations s’appuient sur le témoignage du soldat James Frankham Church qui avait été membre de l’équipe de Vogel parti à la recherche des membres de l’expédition à laquelle appartenait Barth. Or, tant aux yeux de Vogel que de Barth, Church s’était rendu coupable d’insubordination et il avait été contraint de rentrer en Europe avec Barth [44]. Church réplique en accusant ce dernier de complicité avec les esclavagistes maures et touaregs et reçoit le soutien des abolitionnistes, lesquels mobilisaient un public de plus en plus nationaliste et colonialiste contre le voyageur. Aussi Barth voit-il dans ses difficultés en Grande-Bretagne non seulement un effet de la vengeance de Church, mais une attaque contre sa nationalité. Quand il s’en plaint à l’envoyé prussien Bunsen, il obtient son appui. En 1851 déjà, Bunsen avait estimé que Richardson, le directeur de l’expédition, allait systématiquement à l’encontre de « l’esprit de recherche allemand » [45]. Désenchanté vis-à-vis de l’Angleterre, Barth décrit en 1858 à Bunsen la « dense toile d’intrigues éhontées » (« ein dichtes Netz schamloser Intrigen ») tissée contre les Allemands au ministère des Affaires étrangères et à la Société de géographie de Londres [46].

Après un voyage dans le nord de l’Asie Mineure, Barth retourne à Berlin en 1859 où il espère se voir offrir un poste par le gouvernement prussien. Les publications à succès du géographe allemand August Petermann ont assuré une grande notoriété à Barth et à son voyage africain. Néanmoins, il est fort douteux que Petermann l’ait déjà établi en « voyageur [spécifiquement] allemand dans le champ de la géographie » [47] et en figure de proue du colonialisme allemand, comme le postule Fiedler [48]. Il est vrai que Barth s’engage dans la Société de géographie de Berlin (Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin), dont il devient président en 1863. Mais ses efforts constants pour obtenir une chaire universitaire restent vains. En dépit de l’aide qu’il reçoit du gouvernement prussien, il ne peut succéder à Carl Ritter (mort en 1859) dans sa charge d’« Ordinarius » (professeur ordinaire) de géographie à l’université de Berlin, la faculté de philosophie exprimant résolument des doutes sur son aptitude à enseigner [49]. Si Barth reçoit quelques subsides de la caisse royale pour la publication des résultats de ses voyages, il ne jouit toujours pas de ressources régulières [50]. Et les cinq volumes de son récit de voyage sont beaucoup trop volumineux et détaillés pour qu’il puisse escompter un succès populaire [51].

En 1863, Barth obtient un poste de professeur « extraordinaire » consistant à prodiguer des cours magistraux sans pour autant recevoir une rémunération fixe sur le budget universitaire [52]. Pendant ces années placées sous le signe de l’insécurité professionnelle, Barth s’attache à prolonger ses explorations autour du bassin méditerranéen en entreprenant des voyages en Espagne (1861), au Grand Balkan et en Grèce (1862), dans les Alpes (1863), en Italie (1864), puis de l’Adriatique à l’intérieur de la péninsule des Balkans (1865) [53]. De retour à Berlin, il tombe malade et succombe deux jours plus tard à une inflammation gastro-intestinale le 25 novembre 1865 [54].

Épilogue

Barth a tenté de s’adapter à la nouvelle ère du nationalisme et du colonialisme, et d’y conformer ses explorations, mais sans vouloir jouer ou incarner le rôle d’un héros du colonialisme allemand. Il a toujours entretenu l’espoir d’être reconnu comme un pionnier de l’exploration européenne, tant par les Anglais que par les Allemands. Quoique frustré de ne pas bénéficier d’un traitement stable, il ne s’est jamais compromis avec l’air du temps raciste et ne s’est pas départi de son respect profond pour ses contacts africains. En dépit des éloges nationalistes de Petermann et de son biographe Gustav von Schubert, Barth n’a pas été un défricheur pour les colonies allemandes. En comparaison de figures populaires à l’époque, comme Henry Morton Stanley ou Hermann (von) Wissmann, qui ont imposé des projets coloniaux grâce à des moyens administratifs et militaires propres à vaincre les résistances locales [55], Barth n’a rien d’un entrepreneur aventureux [56].

Ses expériences soi-disant « précoloniales » en Afrique, comme par exemple son rapport amical avec le cheikh El Bakáy à Tombouctou, empêchaient Barth de dérouler ses récits de voyage conformément à un schéma colonialiste simplificateur [57]. Il se voyait comme un observateur d’une géographie culturelle comportant à la fois la géographie physique du territoire analysé, son ethnographie et son histoire [58]. Il rassemblait des informations qui intéressaient ensuite les disciplines biologiques [59], médicales et pharmaceutiques [60], ethnologiques [61] et linguistiques [62]. Un court exemple, fascinant, illustre son attitude générale : dans un appendice très long de son récit de voyage, Barth prend le temps de présenter l’histoire de l’empire songhay et des puissances voisines depuis l’an 300 ap. J.-C. [63]. Il met en parallèle les années de l’ère chrétienne avec celles du calendrier hégirien, pour valoriser l’importance historique des développements politiques propres à l’Afrique. Ce continent, pour Barth, n’était pas sans histoire et il se refusait à faire apparaître l’Afrique comme une tabula rasa afin de favoriser les activités et intérêts européens. Ainsi, en sapant les fondements d’un colonialisme conquérant, Barth encourait la réprobation de ses contemporains impérialistes.

Certes, comme certains de ses prédécesseurs scientifiques, Barth a participé au grand projet européen de découverte des régions inconnues à l’intérieur du continent africain. Il a collecté des informations, des images et des objets, qu’il avait identifiés et catégorisés, contribuant indirectement à la transformation de l’Afrique en terre de butin impérialiste. Mais le savoir engrangé par ces devanciers de l’ethnographie était ancré dans les conditions « précoloniales » de leurs voyages, dont le succès dépendait complètement d’un rapprochement avec les Africains. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, des voyageurs savants ont développé des stratégies d’action et fixé des schémas de représentation de l’inconnu. Barth s’en servit habilement. Il ne fut pas l’inventeur héroïque du « voyage en tant qu’institution scientifique [64] », mais un représentant assez exceptionnel du style du voyage d’exploration avant la répartition impérialiste de l’Afrique. Dans ses efforts pour figurer en bonne place dans le monde scientifique européen de la seconde moitié du XIXe siècle, il refusa d’adhérer sans réserve à la vogue nationaliste-colonialiste. C’est précisément la nature complexe de ses relations avec les environnements européens et africains qui interdit de l’ériger en héros ou de le fondre indistinctement dans la masse des voyageurs coloniaux.

Les mots que Barth place en exergue de son journal de voyage indiquent bien sa position instable entre les époques. Il commence avec la formule anglaise « knowledge is power », suggérant une parenté directe avec les projets impérialistes imposés par la force. Mais il poursuit avec un propos du prophète Mahomet traduit en allemand, « denn die Wissenschaft ist der Vertraute in der Wildnis, der Gefährte in der Fremde, der Erzähler in der Einsamkeit, der Wegweiser in Freud‘ und Leid‘, die Rüstung wider Feinde, der Schmuck für Freunde [65] ». Cet éloge de la science (dans le sens universel de scientia) « comme ami de confiance dans les régions désertes, compagnon en pays inconnu, conteur dans la solitude, guide dans les joies et les peines, arme contre les ennemis et joyau pour les amis » illustre de manière convaincante la résistance d’Heinrich Barth à la simplification opérée par les visées impérialistes. Si Barth ne peut faire figure de héros (ni colonial ni post-colonial), il démontre exemplairement la complexité dont s’accompagne inévitablement la rencontre avec des cultures et des peuples étrangers.

Sources archivistiques

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[1Gustav von Schubert, Heinrich Barth, der Bahnbrecher der deutschen Afrikaforschung. Ein Lebens und Charakterbild, auf Grund ungedruckter Quellen entworfen, Berlin 1897, p. v.

[2Heinrich Barth, Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika in den Jahren 1849 bis 1855, vol. 5, Gotha 1858, p. 454.

[3Hanno Beck, „Voraussetzungen der großen afrikanischen Reise Heinrich Barths 1849-1855“, in Heinrich Schiffers (éd.), Heinrich Barth, ein Forscher in Afrika. Leben - Werk - Leistung, Wiesbaden 1967, p. 148-163, ici : p. 148.

[4Christoph Marx, „Völker ohne Schrift und Geschichte“. Zur historischen Erfassung des vorkolonialen Schwarzafrika in der deutschen Forschung des 19. und frühen 20. Jahrhunderts, Stuttgart 1988, p. 39.

[5Cf. Anthony Kirk-Greene, „Heinrich Barth. An Exercise in Empathy“, in Robert I. Rotberg (éd.), Africa and its Explorers, Cambridge 1970, p. 14-38 ; voir aussi les contributions de Mamadou Diawara, Paulo Fernando Farias de Moraes, Gerd Spittler (éd.), Heinrich Barth et l’Afrique (Studien zur Kulturkunde, 125), Köln 2006.

[6Gerd Spittler, „Heinrich Barth, un voyageur savant en Afrique“, in Diawara, Farias de Moraes et Spittler (éd.), Heinrich Barth et l’Afrique, p. 55-68, ici p. 68. Voir aussi Gerd Spittler, „Wissenschaft auf Reisen. Dichte Teilnahme und wissenschaftlicher Habitus bei Heinrich Barths Feldforschung in Afrika“, in Gabriele Cappai (éd.), Forschen unter Bedingungen kultureller Fremdheit, Wiesbaden 2008, S. 41-67 ; cet auteur propose même le concept de « participation dense » pour la recherche ethnologique actuelle : Gerd Spittler, „Teilnehmende Beobachtung als Dichte Teilnahme“, Zeitschrift für Ethnologie, 126, 2001, p. 1-25.

[7Cornelia Essner, Deutsche Afrikareisende im neunzehnten Jahrhundert. Zur Sozialgeschichte des Reisens, Stuttgart 1985, p. 93.

[8Matthias Fiedler, Zwischen Abenteuer, Wissenschaft und Kolonialismus. Der deutsche Afrikadiskurs im 18. und 19. Jahrhundert, Köln et al. 2005.

[9Till Forster, „Heinrich Barth“ in Christian F. Feest (éd.), Hauptwerke der Ethnologie, Stuttgart 2001, p. 15-19.

[10Voir par exemple les plans ajoutés au premier volume de son récit : Heinrich Barth : Travels and Discoveries in North and Central Africa : Being a Journal of an Expedition Undertaken Under the Auspices of H.B.M.’s Government, in the Years 1849-1855, vol. 1, Londres 1857, en face de la p. 111 (une église chrétienne), p. 129 (un bâtiment romain à Gharíya), p. 169 (Múrzuk), p. 222 (un appartement à Ghát), pp. 442 et 446 (des maisons à Ágades), p. 475 (ville d’Ágades).

[11Voir ses remarques sur les marchés du Soudan de l’Ouest dans le troisième volume du récit : Heinrich Barth : Travels and Discoveries in North and Central Africa : Being a Journal of an Expedition Undertaken Under the Auspices of H.B.M.’s Government, in the Years 1849-1855, vol. 3, Londres 1857, p. 21 et 30-31 (Tasáwa), 59-60 (Kátsena), 119-120 et 125-145 (Káno), 153-154 (Gezáwa). 162 (Gérki), 164 (Tókun), 168-170 (Gúmmel), 212-213 (Kábowa), 306-316 (Kúkawa), 370-371 (Ujé), 445-446 (Saráwu), 501-502 (Yóla). En plus, il y a des informations sur les jours de marchés dans les listes des routes (commerciales) dans l’appendice.

[12Forster, « Heinrich Barth », p. 16-17 ; il publia ses vocabulaires dans une édition anglo-allemande : Heinrich Barth, Sammlung und Bearbeitung Central-Afrikanischer Vokabularien/Collection of Vocabularies of Central-African Languages, 3 parts, Gotha 1862-1866.

[13Adolf Bastian, une des figures fondatrices de l’ethnologie allemande et seulement de cinq ans le cadet de Barth, ne s’établit à Berlin qu’à la fin des années 1860 : Hans Plischke, « Bastian, Adolf » in Neue Deutsche Biographie 1 (1953), p. 626-627, https://www.deutsche-biographie.de/pnd118653423.html#ndbcontent.

[14Pour une biographie détaillée, voir les notices consacrées à Barth dans les biographies nationales allemandes : Klaus Schroeder, „Barth, Heinrich“, Neue Deutsche Biographie 1 (1953), p. 602-603 (https://www.deutsche-biographie.de/pnd119076950.html#ndbcontent) ; Löwenberg, „Barth, Heinrich“, Allgemeine Deutsche Biographie 2 (1875), p. 96-99 (https://www.deutsche-biographie.de/pnd119076950.html#adbcontent).

[15Spittler, „Wissenschaft auf Reisen…“, p. 43 ; Heinrich Schiffers, „Heinrich Barths Lebensweg“, in id. (éd.), Heinrich Barth, ein Forscher in Afrika. Leben - Werk - Leistung, Wiesbaden 1967, p. 1-57, ici p. 6.

[16Schiffers, „Heinrich Barths Lebensweg“, p. 7-8.

[17Gerd Spittler insiste sur le soulagement de Barth dont les contacts avec les indigènes se révèleront plus faciles après sa séparation avec ses compagnons européens : Spittler, Heinrich Barth, p. 59. Pour visualiser les routes suivies par Barth, voir la carte jointe à son récit de voyage, digitalisée par la British Library dans le cadre de son projet « mechanical curator » : https://www.flickr.com/photos/12403504@N02/11053049735

[18L’importance du titre de directeur en Afrique est démontrée, par exemple, dans la formule d’adresse qu’utilise Muhammad al-Beschir, un des grands marchands de Tombouctou, dans la lettre qu’il adresse à « Abd el Kerim Barth » (c’est-à-dire au « serviteur » ou au représentant) de l’État anglais : Staatsarchiv Hamburg (StAH), 622-2/2, I. b. 7, doc. 29. Sur Muhammad al-Beschir, voir Elias N. Saad : Social History of Timbuktu. The Role of Muslim Scholars and Notables 1400-1900, Cambridge, 1983, p. 282, note 42.

[19Schiffers, „Heinrich Barths Lebensweg“, p. 20-22.

[20On trouvera les itinéraires détaillés suivis par Barth dans Schiffers, Heinrich Barths Lebensweg, p. 11-19, 22-32, 37-49.

[21Mary Louise Pratt, Imperial Eyes. Travel Writing and Transculturation, 2de éd., Londres/ New York 2008, p. 197.

[22Pour une version idéalisée de cette histoire, voir Heinrich Schiffers, Heinrich Barth und die Afrikaner, in Id. (éd.) : Heinrich Barth, ein Forscher in Afrika. Leben - Werk - Leistung, Wiesbaden 1967, p. 97-107.

[23StAH, 622-2/2, I. c. 8, doc. 5 : C[harles]. H. Dickson à Barth, Tripolis, 19 Janvier 1853.

[24Barth, Reisen, i, p. 447.

[25Sur cette lignée d’explorateurs et l’histoire de leurs voyages, voir Fischer-Kattner, Spuren der Begegnung : Europäische Reiseberichte über Afrika, 1760-1860, Göttingen 2015.

[26Barth, Reisen, op.cit., p. 464.

[27Selon Barth, ce meurtre avait été commis par les Bérabich, au premier rang desquels un certain Hamed Uëled Ábeda. En revanche, Barth nie la responsabilité des cheikhs kountas. Voir par exemple ibid., p. 480, 504 ; cf. aussi StAH, 622-2/2, I. a. 1., vol. iv : 1856-65, #67 et deux pièces sans numéro (esquisses de l’ « Expertise » de Barth sur les papiers de Major Laing).

[28StAH, 622-2/2, II. a. 9, cahier v (10.7.1851-22.12.1851).

[29Le récit de ses épreuves avait été publié dans Mungo Park : Travels Into the Interior Districts of Africa : Performed Under the Direction and Patronage of the African Association in the Years 1795, 1796 and 1797, Londres 1799.

[30En Europe, le sort de Park et de ses compagnons restait un mystère. Ce n’est qu’en 1815 qu’on publia (en deux éditions) des documents rapportés aux stations commerciales britanniques sur le fleuve Gambie par un compagnon africain de Park : Mungo Park : The Journal of a Mission to the Interior of Africa, in the Year 1805. Together With Other Documents, Official and Private, […], 2e éd., Londres 1815.

[31StAH, 622-2/2, II. a. 9, cahier v. Barth donne la même citation dans une note en bas de page dans son récit imprimé : Barth, Reisen, vol. 5, p. 203.

[32Heinrich Barth : Travels and Discoveries in North and Central Africa : Being a Journal of an Expedition Undertaken Under the Auspices of H.B.M.’s Government, in the Years 1849-1855, vol. 4, Londres 1858, p. 509.

[33C’est ainsi que Barth transcrit le nom de Sidi Ahmad al-Baqqa’i (ou encore : al-Bakkai) al-Kunti.

[34Barth, Travels..., vol. 4, p. 452-458.

[35Voir par exemple Heinrich Barth : Travels... vol. 5, Londres 1858, p. 42-43.

[36Ibid., p. 63-64.

[37StAH 622-2/2, I. b. 7, doc. 35 : El Bakay à Barth.

[38Cf. Fischer-Kattner, Spuren, p. 352-375.

[39Le succès que Barth remporte auprès de la population en Afrique de l’Ouest est souligné par Diawara, Moraes Farias et Spittler, « Introduction » in Id., Heinrich Barth et l’Afrique, p. 13-36, ici : p. 22-23. Il est confirmé par un des descendants de la sœur de Heinrich Barth, Mathilde : « Achim von Oppen : The Painting and the Pen. Approaches to Heinrich Barth and his African Heritage”, in ibid., p. 105-132, ici p. 124-130.

[40Schiffers, Heinrich Barths Lebensweg, p. 35 ; Gerhard Engelmann, „Heinrich Barth in Berlin“, in Heinrich Schiffers (éd.), Heinrich Barth, ein Forscher in Afrika. Leben - Werk - Leistung, Wiesbaden 1967, p. 108-147, ici : 115.

[41Pour des travaux donnant une impression trop harmonieuse des relations de Barth avec les Anglais : R. Mansell Prothero, „Barth and the British“, in Heinrich Schiffers (éd.), Heinrich Barth, ein Forscher in Afrika. Leben - Werk - Leistung, Wiesbaden 1967, p. 164-183. Ces problèmes sont décrits brièvement dans la base archivistique de la correspondance personnelle de Barth par Sabine Voßkamp : „Entdecker“ im Spannungsfeld (inter)nationaler Wissenschaftsbeziehungen und Identitäten im 19. Jahrhundert – Das Beispiel Heinrich Barth“, in Michaela Bachem-Rehm, Claudia Hiepel, Henning Türk (éds.), Teilungen überwinden. Europäische und internationale Geschichte im 19. und 20. Jahrhundert (Festschrift für Wilfried Loth), Munich 2014, p. 411-422.

[42Voir Prothero, Barth and the British, p. 179.

[43StAH, 622-2/2, I. a. 3, Edwin Norris an Barth, Foreign Office, 10. November 1855, #5.

[44Pour plus d’informations sur ce conflit, voir Fischer-Kattner, Spuren, p. 419-420.

[45StAH, 622-2/2, I. b. 2, Bunsen à Barth, Londres, 19 novembre 1851 [privatim], doc. 76.

[46StAH, 622-2/2, I. b. 2, Barth à Bunsen, 39 Alpha Road N. W., Londres, 9 janvier 1858, doc. 90.

[47Fiedler, Der deutsche Afrikadiskurs, p. 116.

[48Ce faisant, il assimile Barth aux nationalistes-colonialistes allemands (Ibid., p. 98). Les relations complexes entre Barth, Petermann et le ministère des Affaires étrangères anglais sont analysées par Fischer-Kattner, Spuren, p. 418-419.

[49Les réticences de la faculté de philosophie sont présentées en détail dans Engelmann, Barth in Berlin, p. 120-132.

[50Voir la correspondance de Barth avec les ministères prussiens : StAH, 622-2/2, I. b. 1, docs. 1, 3 et 4. Pour Cornelia Essner, l’espoir qu’a Barth d’obtenir un poste universitaire est un trait typique de l’histoire sociale des voyageurs allemands en Afrique (Deutsche Afrikareisende, p. 78-81 et 93).

[51Pour la comparaison du tirage des livres respectifs de Barth et Livingstone : R. Mansell Prothero : „Heinrich Barth and the Western Sudan“, The Geographical Journal 124-3 (1958), p. 326-337, ici p. 336.

[52Un traitement annuel de 1 500 thalers lui était accordé par le ministère de l’Instruction publique (Engelmann, Barth in Berlin, p. 132-134 et 140-142).

[53Schiffers, Heinrich Barths Lebensweg, p. 52-53.

[54Ibid., p. 53-54.

[55Les explications avancées de cette popularité sont aujourd’hui complètement rejetées, voir par exemple pour Stanley : Clare Pettitt, Dr Livingstone, I presume ? Missionaries, journalists, explorers and Empire, Londres 2007. L’exemple de Wissmann est souvent donné pour illustrer la façon dont l’histoire coloniale est abordée en Allemagne, par exemple : Andreas Eckert, Albert Wirz, « Wir nicht, die Anderen auch. Deutschland und der Kolonialismus“, in Sebastian Conrad, Shalini Randeria (éds.), Jenseits des Eurozentrismus. Postkoloniale Perspektiven in den Geschichts- und Kulturwissenschaften, Frankfurt/M. 2002, p. 372-392.

[56Même Heinrich Schiffers, qui rétrospectivement considère Barth comme le plus grand des chercheurs allemands en Afrique, concède qu’il est moins populaire que Nachtigal, Rohlfs ou Schweinfurth (Heinrich Barths Lebensweg, p. 54).

[57Une ébauche des idées centrales du colonialisme est donnée par Jürgen Osterhammel, Kolonialismus. Geschichte – Formen – Folgen, 4e éd., Munich 2003.

[58Sur la contribution de Barth à la géographie historique de la route de Bornou, voir Hans Weis, „Die Bornustraße – Der Weg in das Herz Afrikas“, in Schiffers (éd.), Heinrich Barth, p. 421-490.

[59Eberhard Jany, „Heinrich Barths Mitteilungen zur Flora und Fauna Afrikas (1849-1855)“, in Schiffers (éd.), Heinrich Barth, p. 224-307.

[60Josef Weinand, „Befinden, Heilen, Ernähren. H. Barths Angaben aus dem Gebiet seiner Großen Reise“, in Schiffers (éd.), Heinrich Barth, p. 308-360.

[61Friedrich W. Sixel, „Heinrich Barth als Ethnologe“, in Schiffers (éd.), Heinrich Barth, p. 361-370 ; Henri Lhote, „H. Barth, „les gravures pariétales et les Peuls“, in Ibid. p. 397-401.

[62Doris Essing, „Die afrikanisch-linguistische Hinterlassenschaft von H. Barth“, in Schiffers (éd.), Heinrich Barth, p. 371-396 ; la contribution de Barth aux études islamiques en matière de langues, ethnographie et histoire est analysée par Felix Klein-Franke, „Barths Forschungen als Beitrag zur Orientalistik“, in Schiffers (éd.), Ibid., p. 402-420.

[63Barth, Travels, vol. 4, Appendix IX, p. 579-630.

[64Spittler, Un voyageur savant, p. 68.

[65StAH, 622-2/2, II. a. 9, cahier I, [page intérieure de la couverture]. Sur l’attribution de cette expression au prophète Mahomet voir Joseph Freiherr von Hammer-Purgstall, Übersicht der Literaturgeschichte der Araber, Wien 1850, p. 14.