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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Trente années de relations tumultueuses. Luzel et La Villemarqué d’après leur correspondance (1861-1894)

Fañch Postic

CRBC, Université de Bretagne Occidentale, Brest.

Pour citer cet article

Postic, Fañch, « Trente années de relations tumultueuses. Luzel et La Villemarqué d’après leur correspondance (1861-1894) », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article734.html

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Publié dans le cadre du thème de recherche « Réseaux, revues et sociétés savantes en France et en Europe (1870-1920) », dirigé par Claudie Voisenat (Ministère de la Culture, Héritages) et Jean-Christophe Monferran (CNRS, Héritages).

La correspondance échangée entre Théodore Hersart de La Villemarqué et François-Marie Luzel nous est connue par les dix-sept lettres présentes dans le fonds d’archives conservées par les descendants de l’auteur du Barzaz-Breiz. Nous ne savons donc pas la teneur des lettres adressées par ce dernier à celui qui sera l’un de ses principaux opposant dans la controverse sur l’authenticité des chants du Barzaz-Breiz, à l’exception de deux brouillons dont nous ignorons même si les lettres ont été réellement expédiées et de passages cités par Anatole Le Braz. L’ensemble est toutefois d’un grand intérêt pour cerner les relations quelque peu tumultueuses qu’ont entretenues les deux hommes pendant plus de trente ans.


Le temps des éloges réciproques

Le début de la correspondance entre Luzel et La Villemarqué intervient au début de l’année 1861. Théophile Clairet, imprimeur-libraire à Quimperlé, commence dans le Publicateur du Finistère, journal qu’il a repris l’année précédente, la publication d’une série de poèmes bretons, accompagnés de leur traduction française. Dans le numéro du 13 avril, il fait paraître Breiz-Izell, un long poème de 13 quatrains qui porte la signature de F.-M. Ann Huel, traduction bretonne de Luzel. Cela lui vaut une critique élogieuse de la part La Villemarqué, sous forme d’une lettre adressée au journal et reproduite dans le numéro du 27 avril.

Permettez-moi de me servir de votre intermédiaire pour faire parvenir à l’auteur d’un petit poème que vous avez publié dans votre numéro du 13 avril, sous le titre de Breiz-Izel, mes bien sincères compliments. Voilà bien longtemps que je n’ai rien lu d’aussi charmant, et notre pays doit saluer un poète de plus. Nous pleurions l’auteur de Telenn Arvor [1] ; il nous est rendu. La Bretagne est comme cet arbre aux rameaux d’or chanté par Virgile, dont pas une branche n’est coupée sans qu’il en renaisse une autre à l’instant.
Je vous félicite, Monsieur, d’avoir eu la bonne fortune d’offrir au public breton la primeur d’un incontestable talent, et je souhaite, pour ma propre satisfaction que votre estimable journal soit honoré souvent de communications semblables.

Le propos, sous la signature du « Vte Hersart de la Villemarqué, de l’Institut », est on ne peut plus louangeur pour l’imprimeur et surtout pour Luzel, présenté tout simplement comme le successeur du poète Auguste Brizeux, mort quelques années auparavant, en mai 1858. Aussi, dès le premier mai, Luzel écrit-il à La Villemarqué pour le remercier :

Votre Barzaz-Breiz a toujours été une des plus grandes admirations de ma vie ; il m’accompagne partout, et pour moi il n’existe pas de plus beau livre en aucune langue ; je le dis et je le répète tous les jours à ceux qui ne le connaissent pas, et je l’ai même écrit quelque part... [2]

« Je me suis occupé, ajoute-t-il à la fin de la lettre, de recueillir des poésies populaires dans nos campagnes et j’en ai réuni un assez bon nombre, la matière d’un beau volume au moins [souligné]. Mais quand je relis le Barzaz-Breiz - mes projets de publication s’évanouissent bien vite. »

Puis Luzel évoque tout ce qu’il pourrait entreprendre s’il en avait le temps et les moyens, étant donné sa modeste position d’enseignant au collège de Quimper. Il parle enfin de sa collecte de manuscrits de mystères bretons qu’il voudrait poursuivre mais pour laquelle il lui faudrait une nouvelle mission du ministère de l’Instruction publique [3]. Après cet appel à peine voilé à une intervention de La Villemarqué, Luzel termine cette toute première lettre en lui demandant l’autorisation de lui dédier les prochains vers qu’il écrira, dès qu’il en aura le loisir. Quelques semaines plus tard, il lui fait effectivement parvenir un poème daté de Quimper le 28 mai 1861.

À l’auteur du Barzaz-Breiz

Aotro Hersart, ar Barz, n’ho anavean ket :
Kouls-goude ho caran ac hen Breiz ac hen Gall,
Lec’h ma ve dira-z-hon eul levr benac meulet,
« Lennet ar Barzaz-Breiz ! » - a lavaran ractall.

Henès è a bell-zo, ma levr muia kâret,
Ac hen neb bro ar bed na welon ket eunn all
A ve kaër evel-t-han. - Liès gwec’h m’eus laret,
O welet vel d’hor iès zè an amzer-m’han fall :

"Allas ! Allas ! per-lec’hm’hân ’n’amzer enn
Er menez ac e er c’hoad, iwe hen lez ar mor,
« Ma câne ar Barzec oberou an dut vad ? »Pe-lec’h m’han ’n’amzer se ? Tremenet ! tremenet !
Med hen ho levr, Hersart, a plij d’hin c’hoas clevet !
Ho moëz, a rà tridal kalon peb gwir Breizad !

An Huël
Kemper 28 mai 1861

Monsieur Hersart, le barde, je ne vous ai jamais vu [4] :
Cependant je vous aime, en Bretagne comme en France,
Là où l’on vante devant moi un livre quelconque,
Lisez le Barzaz-Breiz ! - Dis-je tout aussitôt

C’est là depuis longtemps mon livre préféré,
Et dans aucun pays au monde je n’en vois d’autre
Qui soit plus beau que lui -souvent je l’ai dit,
En voyant combien cette époque est fatale à notre langue :

« Hélas ! Hélas où donc est le temps, en Armor,
dans la montagne et les bois, ainsi que sur les grèves de la mer
« Où les bardes de Bretagne chantaient les exploits des braves

« Où donc est ce temps-là ? Passé, il est passé !
Mais dans votre livre Hersart, j’aime encore entendre
Sa voix qui fait tressaillir le cœur de tout vrai Breton. [5]

Luzel
Quimper, 28 mai 1861



Le temps des hésitations et des ressentiments (1863-1866)

La Villemarqué lui adresse sans doute une réponse à laquelle Luzel tarde quelque peu à réagir : ce n’est que le 20 mai 1862 qu’il fait part à La Villemarqué de son projet de publier un vieux manuscrit breton qu’il a recueilli, le mystère de sainte Tryphine. C’est l’occasion d’un sérieux différend entre les deux hommes. La Villemarqué qui, par l’intermédiaire de l’abbé Henry, aurait eu communication du manuscrit, aurait eu l’intention de le publier à son propre compte et fait des difficultés pour restituer le document à son inventeur. Dans sa lettre, Luzel se montre toutefois prudent et courtois vis-à-vis d’une personnalité si influente, appelant même ses remarques, voire sa collaboration. Quelque peu refroidies, les relations ne seront toutefois pas totalement interrompues. Luzel continue à traduire en vers des pièces du Barzaz-Breiz et, le 12 novembre 1864, le journal Le Publicateur propose même « Les fleurs de mai » avec une dédicace à La Villemarqué, datée de Keramborgne, juillet 1864.

Heureux, heureux les jeunes gens
Qui meurent avec le printemps !
Bien heureuses les jeunes belles
Qu’on recouvre de fleurs nouvelles !

De son côté, La Villemarqué, dans le troisième volume de la Bretagne Contemporaine qui paraît chez Charpentier à Paris en 1865 [6], rend un bel, mais tardif, hommage à Luzel :

On en a composé un bouquet tout frais sous le titre de Bleuniou Breiz, Fleurs de Bretagne, Clairet 1862. L’auteur est cet abbé zélé que nous connaissons déjà par son recueil de « chants religieux » [7] ; un médecin, ami aussi éclairé que le docteur Laënnec, de la poësie celtique [8], lui a prêté la main, et de leurs cueillettes réunies est résultée une gracieuse Anthologie Bretonne. [...] Trois noms nouveaux me frappent dans le recueil [...] le dernier [...] réalise les présages que fit naître son coup d’essai, la Mort du Barde de la Petite-Bretagne, publié d’abord dans la Revue de Bretagne et de Vendée, et reproduite par la Revue des Deux-Mondes. Cette élégie a prouvé, chez M. Luzel, un vrai talent qui n’a nullement besoin d’être soutenu, comme dans la pièce intitulée Breiz-Izel, par un modèle allemand quelconque, Weit-Weber ou autre. Plusieurs strophes resteront dans la mémoire de ses compatriotes.
Ce sont là des vers dont l’auteur mérite mieux que d’être classé parmi des Poetae Minores, comme l’y range un peu sans façon la préface du recueil.

C’est dans ce contexte que Luzel reprend contact, adressant à La Villemarqué un exemplaire de Bepred Breizad [9], un recueil de poésie qu’il vient de faire paraître et dont il lui avait évoqué le projet dans sa première lettre. L’un des poèmes lui est d’ailleurs dédié [10]. Celui-ci répond sans doute pour le remercier poliment et lui reprocher de n’être pas venu lui rendre visite à Keransker lors d’un récent passage à Quimperlé. Mais pas un mot sur le contenu. Luzel, qui enseigne alors à Lorient, souhaite une critique franche de son ouvrage et lui écrit à nouveau en ce sens le 22 janvier 1865, lui promettant par ailleurs une visite au printemps que son mauvais état de santé l’empêche d’envisager pour le moment. L’absence de réponse est très mal acceptée par Luzel [11] qui y voit une conspiration du silence, conséquence de l’affaire du mystère de Sainte-Tryphine, et une volonté de mainmise de La Villemarqué sur toutes les publications en langue bretonne. La Villemarqué semble toutefois lui avoir fait parvenir un diplôme de barde par l’intermédiaire de Le Scour. Luzel écrivit-il pour remercier La Villemarqué ? Anatole Le Braz cite en effet le brouillon d’une lettre [12] qui, si elle a été expédiée, ne figure pas dans le fonds La Villemarqué :

Le barde de Notre-Dame de Rumengol, M. Le Scour, vient de me transmettre un diplôme que vous lui avez adressé à cet effet… Je ne saurais vous dire, Monsieur, combien je suis sensible à cette distinction, et je vous prie de vouloir bien en recevoir l’expression de toute ma gratitude. Une seule crainte me tourmente, c’est de ne pas avoir assez fait pour mériter ce titre, et de ne pouvoir me montrer à la hauteur des obligations qu’il comporte. Mais, quoi qu’il arrive, soyez convaincu que je veux contribuer dans la mesure de mes forces à remettre en honneur la vieille langue de nos pères et à la sauver, s’il en est encore temps, comme je l’espère, de la ruine qu’on lui prédit dans un avenir non éloigné.



Une conjuration contre La Villemarqué ?

La goutte d’eau qui fait déborder le vase est la publication en 1865 du Grand Mystère de Jésus par La Villemarqué [13] qui, dans une simple note de son introduction, fait une rapide allusion à l’ouvrage de Luzel, « l’aimable professeur et poète ». Luzel n’apprécie guère. C’est le début d’une controverse, à caractère privé, par correspondance interposée, dans laquelle Luzel hésite toutefois à se lancer lui-même, préférant laisser à d’autres le soin de croiser le fer, comme éventuellement Le Scour auquel il suggère d’écrire ou plutôt de signer dans la presse un compte rendu du Grand Mystère de Jésus, dans lequel on retrouve un certain nombre de critiques qui alimenteront la future querelle du Barzaz-Breiz.

À partir de 1866, après les premières « attaques » de Paul Meyer dans la Revue critique à propos de la publication du Grand Mystère de Jésus, relayées par le docteur Halléguen, se met progressivement en marche une « conjuration » dont le centre se situe peut-être à Quimperlé même, chez l’imprimeur Clairet. Luzel, Le Men, Sauvé, Salaün, Halléguen, Audran, et sans doute le docteur Bijon s’y retrouvent pour élaborer divers projets de publication, celui notamment de Breiz Izel, une « revue celtique ». Outre la tenue de réunions pseudo-bardiques dans la forêt de Quimperlé, qui ont l’heur d’agacer sérieusement le « grand barde », l’une des premières décisions est la réédition du Catholicon, un vieux dictionnaire latin-breton de 1499. « J’ai souscrit 100 exemplaires, écrit Luzel. Nous avons mûri le projet d’une société pour la publication de pièces bretonnes rares et curieuses, mystères et autres. Les volumes seraient vendus au profit des actionnaires. [14] » Le Men songeait effectivement à créer une Association Bretonne dont il avait même rédigé les statuts, à l’écart de La Villemarqué et de la confrérie des bardes (Breuriez-Breiz) que celui-ci avait mise sur pied quelques années auparavant. L’affaire embrouillée de l’acquisition des manuscrits de la collection de Jean-Marie de Penguern, les dissensions entre Le Men, rédacteur pressenti de la future revue, et Halléguen, le bailleur de fonds, contrarieront fortement le projet.

Le Congrès Celtique de Saint-Brieuc (1867)

C’est curieusement dans cette période pour le moins agitée que la correspondance entre Luzel et La Villemarqué est la plus abondante : pas moins de sept lettres échangées entre le 30 juin et le 30 septembre 1867, dont le sujet principal est alors le Congrès celtique international qui doit se tenir à Saint-Brieuc en octobre. En juin, La Villemarqué a écrit une lettre, semble-t-il fort aimable, à Luzel pour lui demander sa participation et même sa collaboration : il souhaiterait le voir prendre en charge l’organisation d’une représentation du mystère de sainte Tryphine. Le 30 juin Luzel, visiblement flatté par la demande, répond positivement, bien qu’il soit « accablé de besogne ». Il regrette simplement le choix de Saint-Brieuc « où rien n’est aujourd’hui celtique » aux dépens de Vannes « dont le sol porte partout les traces du séjour de nos aïeux ». Il se réjouit surtout du retour de La Villemarqué sur le devant de la scène dans son rôle de guide, de meneur, de « pennsturier » (timonier).

La perspective du congrès le stimule et il retrouve un langage vif, agressif, assez proche de celui de La Villemarqué quelque trente années plus tôt au moment de son voyage au Pays de Galles. Au fait, et pour cause, de toutes les tensions qui se font jour en Bretagne, Luzel espère que le congrès sera le signal d’un nouveau souffle et surtout d’une réconciliation qu’il semble appeler de tous ses vœux. Il y voit peut-être une ultime chance d’éviter un affrontement avec La Villemarqué dont il sait pertinemment qu’il est presque inévitable, affrontement que d’ailleurs lui-même contribue à préparer en fournissant les arguments pour la critique, mais qu’il envisage non sans une certaine crainte. De son côté, La Villemarqué n’est pas dupe de ce qui se passe et est tenu informé de la teneur des réunions de ses « adversaires ». Aussi demande-t-il des précisions sur le projet de réédition du Catholicon. En post-scriptum de sa lettre, Luzel met les choses au point :

Le Catholicon s’imprime en effet chez Mr Corfmat, à Lorient, nous comptons le voir terminé pour le 25 août prochain ; mais je tiens à vous dire qu’à Mr Lemen, seul, appartient l’idée de cette publication, dont il est l’éditeur, exclusivement, et sans collaborateur [souligné].

Sincérité ? Plutôt art du double jeu, comme en témoigne sa correspondance avec Renan, Le Scour ou Le Men. En effet, c’est semble-t-il Le Men, à qui Luzel a fait part de la demande d’information de La Villemarqué, qui, le 29 juin, lui conseille cette réponse. Cela illustrerait le surnom de « caméléon » qu’Halléguen et quelques autres auraient donné à Luzel, si l’on en croit le mot griffonné, sans doute par Pierre de la Villemarqué, sur un morceau de papier conservé dans les archives, souvenir d’une conversation ou d’une confidence de son père. Mais si l’on excepte Sauvé, dont l’attitude reste sans ambiguïté, le surnom pourrait bien s’appliquer à la plupart des protagonistes de l’affaire, y compris à Le Men lui-même qui, dans la correspondance qu’il reprend avec La Villemarqué à partir de 1873, n’hésitera pas à faire endosser par Luzel la totale responsabilité de la querelle.

Sûrement Luzel est-il partagé, à cette époque, entre l’envie de « prendre sa fronde et de viser à la tête la statue du Grand Lama de la Littérature Bretonne » [15] pour lui donner en quelque sorte le coup de grâce, et le souci de ne pas rompre définitivement avec l’un des personnages majeurs et incontournables de la littérature en Bretagne, et au-delà. De fait le ton de la lettre, comme celui des suivantes demeure très courtois. Le 2 juillet il écrit à La Villemarqué pour décliner l’offre d’organiser la représentation du mystère sauf à lui adjoindre Le Scour. Il évoque également la traduction en cours du mystère de Saint-Guénolé qu’il destine à la revue d’Halléguen [16]. Quelques jours plus tard il se rend même à Keransker où il rencontre La Villemarqué et l’abbé Henry, une rencontre dont Henri d’Arbois de Jubainville révèlera la teneur plus de trente ans plus tard dans la Revue Celtique : il se réfère à une lettre que lui a adressée Le Men, le 4 septembre 1867, rapportant, sans doute d’après Luzel lui-même, la conversation qui eut lieu à cette occasion [17].

S’il est question de la méthode d’édition des chants du Barzaz-Breiz, le sujet est surtout le congrès de Saint-Brieuc et Luzel fait corriger le manuscrit de Iez koz Breiz (Vieille langue de bretagne), un poème qu’il prépare pour l’une des soirées. La Villemarqué lui chante même « un air ancien à adopter pour ce morceau », mais Luzel, qui avoue avoir « la mémoire on ne peut plus malheureuse en fait d’air », lui déclare dans une lettre du 10 septembre, ne plus se le rappeler, lui adressant par la même occasion une nouvelle mouture de son poème, « une version qui, écrit Luzel, aura encore besoin, sans doute, de l’œil du maître, car plus d’une de vos observations m’aura échappé ».

Le problème de la représentation du mystère de sainte Tryphine provoque un réel débat entre Proux, Le Scour… et Milin qui voudrait l’adapter, modifier et perfectionner le jeu des acteurs. Le 9 septembre, devant toutes les réticences, Luzel est prêt à abandonner le principe de la représentation. Seul un appui clair de La Villemarqué peut le faire changer d’avis. Il réfléchit également au programme des soirées du congrès : il demande à La Villemarqué de faire venir de la région de Quimperlé, Scaër ou Quimper des paysans en costume qui chanteraient des « vieux gwerziou » et des « sônes nouveaux », et propose la lecture de traductions versifiées des chants du Barzaz-Breiz et des poèmes qu’il a lui-même écrits. Il les soumet à l’appréciation de La Villemarqué et termine sa lettre en sollicitant l’intervention de La Villemarqué auprès du Ministre de l’Instruction publique pour une prolongation de congé. Dès le lendemain, Luzel lui adresse effectivement la lettre du Ministre, les traductions et les poèmes annoncés.

Le 16 septembre, Luzel est à Saint-Brieuc où il fait le point avec les organisateurs du congrès. L’essentiel de la lettre, comme de la suivante, le 30 septembre, est à nouveau consacré à la représentation du mystère pour lequel il demande à La Villemarqué de lui trouver des sonneurs à Quimperlé. Luzel lui indique également les pièces qu’il a retenues pour les séances du soir, et se montre enthousiaste :

Enfin, je commence à croire que nous n’avons pas eu tort d’espérer, quoi qu’on en dise, que les Bretons peuvent aussi s’entendre, oublier leurs dissentiments et leurs antipathies particulières, pour marcher d’accord quand les grands intérêts patriotiques et nationaux sont en jeu.

Même si les Gallois sont finalement quasiment absents, le congrès s’ouvre à Saint-Brieuc, le mardi 15 octobre 1867. À la soirée du 16, Luzel lit son poème en breton dont La Villemarqué donne au public la traduction française. C’est d’ailleurs pour La Villemarqué l’occasion de faire un éloge appuyé de l’auteur. Les samedi et dimanche ont lieu les représentations de Sainte Tryphine et le roi Arthur, pour lesquelles La Villemarqué a effectivement fait venir des sonneurs.

C’est alors, en plein congrès, que paraît la réédition par Le Men du Catholicon, dont l’introduction contient de violentes critiques contre le Barzaz-Breiz et son auteur. Malgré le retentissement de la mise en vente du Catholicon et les menaces de procès en diffamation de La Villemarqué, malgré des critiques exprimées par docteur Halléguen, auxquelles La Villemarqué répond sans trop de conviction, Luzel se tait. Le Men le lui reprochera. Luzel qui travaille à l’édition de ses Gwerziou se défendra en arguant que trop engagé dans l’affaire, ses dire auraient passé « pour être inspirés par le désir de vengeance et de haine » [18].

La rupture : la publication de Gwerziou (1868)

Luzel prépare activement ses Gwerziou Breiz-Izel dont il fait parvenir à La Villemarqué le prospectus annonçant la publication [19]. Sur le document on peut lire le projet de réponse de ce dernier :

Vous pouvez compter sur ma souscription et même davantage si votre recueil répond à mes souhaits : j’aurais beaucoup de chose à vous dire là-dessus, mais je les remets au mois d’avril.

La Villemarqué expédie effectivement sa souscription, puisque Luzel, dans sa lettre du 22 janvier, le remercie d’avoir été le tout premier à souscrire. Il le remercie également pour un article paru dans le numéro de janvier de la Revue de Bretagne et de Vendée [20]. Après un compte-rendu élogieux (enfin !) de Bepred Breizad où il répond notamment aux critiques de Sainte-Beuve sur l’ouvrage, La Villemarqué annonce « la publication que prépare M. Luzel des chants populaires qu’il a recueillis dans le pays de Tréguier ». Luzel évoque par ailleurs les conditions d’acquisition par Hippolyte du Cleuziou, de la collection des manuscrits des chants collectés par Jean-Marie de Penguern, une ténébreuse affaire.

Luzel a conscience de la lourde responsabilité qui est sienne dans la publication d’un recueil qui, attendu avec impatience par toute la « nouvelle école critique » pour donner le signal d’un assaut final contre le Barzaz-Breiz, doit aussi servir de modèle pour les éditions futures de chants populaires. L’ouvrage annoncé paraît sous forme de fascicules. Si La Villemarqué a pris connaissance avec attention des premiers, multipliant en marge notes et corrections, il ne prend bientôt même plus la peine d’en couper les pages. Sur une page de la première livraison, il note en marge une citation de Voltaire où celui-ci « s’élève contre ceux qui recherchent toutes les pièces et qui dans leur empressement à les publier les donnent souvent au public toute défigurées. [21] »

Dès janvier, semble-t-il, Luzel aurait rendu à La Villemarqué une visite dont il révèle la teneur dans une lettre à Renan le 19 juillet 1868 [22]. L’entrevue aurait été tendue. Après quelques menaces et éclats de voix, La Villemarqué se serait calmé et se serait même montré aimable. Admettant des arrangements, des remaniements, des ajouts, des reconstitutions à partir de plusieurs versions, il aurait souligné la légitimité du procédé au nom de la critique et du bon goût, se référant à Walter Scott. Il aurait récusé les accusations de chants inventés de toutes pièces, arguant simplement que Luzel ne les avait pas encore trouvés.

Luzel reprend et développe son argumentaire dans une lettre du 6 août, qui accompagne une épreuve de la préface. La lettre est d’une grande importance qui exprime toute la différence d’approche méthodologique entre les deux collecteurs : après avoir rendu hommage à La Villemarqué pour « les services signalés et nombreux [qu’il a] rendus à notre littérature nationale », il pointe les divergences entre les deux ouvrages. Mais, comme tous deux ont en commun « l’ambition […] de faire connaître et aimer [leur] pays », Luzel demeure semble-t-il, persuadé qu’ils seront de « loyaux adversaires, mais non ennemis » et que « toutes les fois que l’occasion s’en présentera, nous trouvera-t-on d’accord, comme l’année dernière, pour servir la cause nationale, les intérêts communs de la langue et de la patrie, et chercher loyalement et opiniâtrement la vérité, l’objet constant de nos études. » Le pense-t-il vraiment ? On ignore si La Villemarqué lui répondit réellement, dont les archives conservent un brouillon et un projet datés du 8 août dont le ton diffère sensiblement :

À M. Luzel

Ce 8 août

M. au moment de publier votre dernière livraison de votre recueil vous croyez devoir m’en adresser la préface avant cette public[ation] où vous protestez de vos sentiments et dénoncez ceux qu’on vous prête. Je viens vous accuser réception de cet envoi [?] en vous offrant mes remerciements. Je vous l’aurais [?] plus tôt si je n’étais fort affairé depuis 2 mois par suite du mariage de ma fille aînée qui aura lieu mardi prochain. Mes occupations & préoccupations d’aujourd’hui vous expliquent mon laconisme. Je n’ai que le temps de vous présenter mes [?] expressions [23].

À M. Luzel

Keransker, ce 8 août 1868

Vous vous trompez, Monsieur ; si j’étais à recommencer, je suivrais encore la méthode qui a eu l’approbation publique de Mrs Fauriel, Jacob Grimm & Ferdinand Wolf, sans parler de l’Institut & de l’Académie de Berlin. Je souhaite que la vôtre trouve de pareils approbateurs, et que votre recueil soit aussi bien accueilli que le mien du public. Inutile de vous en dire plus long ; je ne pourrais que vous répéter ce que je vous ai déjà dit ; je suis d’ailleurs fort occupé par les préparatifs des noces de ma fille aînée et vous prie d’excuser le laconisme de votre serviteur très humble,

Hersart de la Villemarqué.

Le ton est sec, la réponse sans appel. La rupture est consommée, même si l’affrontement entre les deux hommes n’est pas encore direct. Curieusement cela n’empêche pas La Villemarqué de s’inquiéter de la situation difficile de Luzel. Le 15 avril 1869, alors que la querelle est déjà bien engagée, Gabriel Milin a demandé à La Villemarqué d’intervenir pour aider Luzel qui se trouve une fois de plus dans une passe bien délicate. La maladie de sa femme qui s’aggrave sérieusement en 1869 et qui entraîne son décès en 1870, l’amène à ne réagir que tardivement comme en témoigne une lettre à Le Scour qu’il croyait à l’origine de l’appel :

Confidentiel. - N’est-ce pas vous qui m’avez fait demander de venir en aide à notre compatriote Luzel ? En ce cas veuillez me dire ce qu’il désire et à qui je dois m’adresser pour lui être utile. Mais qu’il ne sache jamais, je vous prie, ce que j’aurai pu faire pour lui. Si je réussis, je serai assez heureux et payé. [24]

Francis Gourvil, dans sa thèse, y voit une simple manœuvre de La Villemarqué pour ménager son plus dangereux adversaire. C’est pourtant bien improbable, surtout en mars 1870, quand on sait le drame personnel que représente la mort de sa femme, après une longue et pénible maladie, la tuberculose. En l’absence d’éléments concrets, on peut raisonnablement penser que, fidèle à ses habitudes de générosité, dont sa correspondance conserve de multiples témoignages, La Villemarqué n’aura pas hésité à faire son possible [25].

Toujours est-il qu’en 1872, Luzel avoue dans une lettre à Grenot : « Toutes relations ont cessé entre nous depuis la publication des Gwerziou [26] ». Tandis que la « nouvelle école critique » possède désormais avec la Revue Celtique ou Romania des publications susceptibles d’accueillir des documents issus des collectes de tradition orale et publiés selon ses exigences en la matière, la querelle sur l’authenticité du Barzaz-Breiz atteint son paroxysme à l’occasion du Congrès scientifique de Saint-Brieuc où la question est inscrite à l’ordre du jour. Luzel reprend alors contact avec La Villemarqué dans une lettre, datée du 18 avril 1872, où « question de politesse et de loyauté », il fait part à La Villemarqué du contenu de l’intervention qu’il compte faire au congrès de Saint-Brieuc, en juillet. Il fait une nouvelle fois part de son intention de critiquer la méthode et non l’homme et, afin que La Villemarqué puisse se défendre, lui donne les points qu’il projette de développer lors du congrès. Il va jusqu’à inviter La Villemarqué à lui écrire. La Villemarqué ne répondra pas, ce que Luzel interprétera comme une marque de dédain, et n’ira finalement pas à Saint-Brieuc.

La rupture entre les deux hommes est consommée et leur correspondance ne reprendra que vingt ans plus tard, en novembre 1892 ! Ils ont pourtant renoué des relations depuis bien longtemps déjà : au tout début de l’année 1881, Luzel est en effet nommé archiviste départemental à Quimper. Dès le 8 février, alors qu’il n’est en poste que depuis une semaine, Luzel assiste, comme La Villemarqué, à une réunion convoquée par le Préfet à propos du Musée d’archéologie de la Ville. Luzel raconte ces retrouvailles dans une lettre à Henri Gaidoz :

Je suis allé tout droit à lui et lui ai demandé de ses nouvelles. Il m’a fort bien accueilli, avec force démonstrations amicales, et m’a même embrassé devant toute la commission réunie, et m’a avoué que je lui avais rendu un grand service en le forçant à travailler sérieusement.

Le 30 décembre 1881, Luzel adresse à La Villemarqué Les Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne, second et troisième volumes de la collection des « Littératures populaires de toutes les nations », lancée par l’éditeur parisien Maisonneuve sur l’initiative de Paul Sébillot. Il y appose cette dédicace :

À Monsieur TH. de la Villemarqué, confraternellement et cordialement
Bloavès mad d’heoc’h, ha iec’hed
Ha caromb Breiz-Izel bepred !

(Bonne année à vous, et santé
Et chérissons toujours la Basse-Bretagne)

Dès le lendemain La Villemarqué prépare une réponse d’un rare enthousiasme. L’a-t-il réellement envoyée ? Dans le brouillon conservé dans les archives, on lit sous les ratures :

Quelle surprise ! cher confrère, quelles jolies étrennes vous envoyez à votre vieux Président ! Merci mille fois de cette manière délicate de me souhaiter la bonne année. Je reconnais bien là le cœur de Bepred Breizad. Je me suis hâté de couper vos volumes et je dévore ces délicieuses histoires. J’en pleure, j’en ris, et n’ai qu’un seul regret, celui de ne pas vous serrer la main. Vous me rendez les plus douces joies de mon enfance. Vous avez bien saisi le ton ! je crois entendre nos conteurs. Grâce à vous on va aimer et comprendre encore mieux l’âme de notre chère famille bretonne. Je n’ai qu’un seul regret : vous le devinez. Pouvez-vous toujours dire comme l’auteur de Bepred Breizad Virginibus puerisque canto [souligné] [27] ? Quoi qu’il en soit mes compliments les plus sincères.

Ce premier jet dithyrambique sera sans doute sérieusement tempéré par la suite, comme en témoignent les nombreuses ratures qui suppriment les passages et les termes les plus chaleureux. Le poids du passé empêche visiblement l’expression spontanée des sentiments et les braises de la querelle du Barzaz-Breiz sont encore suffisamment chaudes pour se rallumer au moindre souffle. Toutefois, les deux protagonistes semblent bien avoir passé un pacte tacite de non-agression, conscients sans doute qu’il est trop tard pour que l’un ou l’autre change d’avis. Tous deux se retrouvent désormais régulièrement aux séances mensuelles de la Société archéologique du Finistère, dont La Villemarqué est le président depuis le 1er juillet 1876. Luzel y est admis comme membre, le 25 juin 1882, parrainé par La Villemarqué lui-même et par Audran, et en devient, dès le 5 août de l’année suivante, le vice-président.

Les dernières lettres sont brèves et tournent autour de la maladie et de la mort, et des séances de la Société archéologique du Finistère auxquelles La Villemarqué assiste de moins en moins souvent : « Soignez-vous, et revenez nous, avec votre ardeur et votre gaité ordinaires, à notre séance de mai, le mois des fleurs et de la renaissance », lui écrit Luzel le 15 avril 1894, avant d’ajouter une formule en breton :

Doue da roio d’eoc’h iec’hed
ha nerz da labourad bepred !
a greiz calon

(Que Dieu vous donne la santé
et la force de toujours travailler
Cordialement)

« Que Dieu vous donne la santé et la force de toujours travailler », c’est la formule qui termine à nouveau la lettre du 1er juin où Luzel lui fait part de toute sa déception de ne pas l’avoir vu à la séance de la veille. Nouvelle déception, nouvelle lettre, le 1er décembre où Luzel donne rendez-vous à son président pour la séance de décembre, achevant sa lettre par une nouvelle formule d’encouragement en breton :

Stourmomb, stourmomb euz ar gozni
’zo pounnar war scoaz peb-hini
hai ec’hed d’eoc’h

(Luttons, luttons contre la vieillesse
qui est lourde sur les épaules de chacun,
et bonne santé à vous)

Ce seront les derniers mots de Luzel à La Villemarqué. Le 27 décembre 1894 c’est une fois encore Luzel qui, en tant que vice-président, mène la séance de la Société archéologique où sont formulés des vœux de bonne année et de rétablissement à La Villemarqué. Mais à la séance suivante, à la fin du mois de janvier 1895, c’est Luzel qui est absent, touché à son tour par la maladie. Son état s’aggrave au point que, veillé à son domicile quimpérois de la place de Brest par son ami Anatole Le Braz, il y meurt le 26 février, jour du mardi-gras, à deux heures du matin.

Averti par Anatole Le Braz [28], l’abbé Jean-Marie Abgrall [29], le futur chanoine, s’empresse d’écrire à la Villemarqué pour lui raconter les derniers moments de l’auteur des Gwerziou Breiz-Izel :

J’ai été le voir hier matin ; il avait sa connaissance mais ne pouvait plus parler. Je lui ai fait de mon mieux mes exhortations pour se mettre en grâce avec le bon Dieu ; puis je lui ai donné l’extrême-onction, en présence de notre confrère M. Le Braz. Le soir, à 6 heures, je suis retourné et j’ai dit les prières des agonisants. [30]

Dans la biographie qu’il consacre à son père, Pierre Hersart de la Villemarqué, rapporte que celui-ci « manifesta une sympathie réelle à la nouvelle de sa mort » et qu’il « avait à son chevet les dernières lettres de Luzel ». La Villemarqué, lui-même très malade, meurt quelques mois plus tard, le 8 décembre 1895.

Luzel venait peut être enfin d’obtenir une forme de reconnaissance qu’il avait en vain recherchée toute sa vie de la part de La Villemarqué. Retraçant les grandes lignes de la vie de son ami et maître Luzel, Anatole Le Braz résume parfaitement trente années de relations tumultueuses :

...Les vacances le [Luzel] ramenaient à Keramborgne avec un sentiment d’aise qui, d’année en année ne fit que s’accroître. Il y arriva, certain été, le Barzaz Breiz sous le bras. La lecture de ce livre lui avait été comme une révélation. « L’œuvre de M. de la Villemarqué, m’a-t-il dit souvent, était devenu ma bible ». Il devait un jour cesser d’y croire, sans cesser de l’admirer. Du moins eut-elle le mérite, en lui découvrant la richesse poétique du génie local, de stimuler, sinon d’éveiller en lui, l’instinct impérieux du chercheur. [31]




[1Auguste Brizeux.

[2Dans la Revue Française des mois d’août-octobre 1858 : « Il existe un livre trop peu répandu en France qui est tout simplement un des plus beaux livres qui aient été composés en aucune langue. Ce livre s’appelle le Barzaz-Breiz c’est-à-dire Bardits bretons. C’est un recueil de poésies, de chants populaires bretons rassemblés et traduits par M. Théodore Hersart de la Villemarqué avec une science, un dévouement et un patriotisme digne de tout éloge... Le Barzaz-Breiz renferme une abondante et admirable moisson de ces poésies dont quelques-unes sont au-dessus de tout éloge. Dans quel livre du Nord ou du Midi, d’où qu’il vienne, trouverez-vous rien de plus fort, de plus sombre, de plus terrible que la Peste d’Elliant ? Quelles magnifiques et superbes épopées que le Tribut de Noménoé et Morvan Lez Breiz ? J’ai moi-même recueilli la plupart des chants publiés par M. de la Villemarqué avec quelques différences souvent. Mais je préfère ne donner ici que des poésies complètement inédites. » Cela résonne singulièrement comme un écho aux éloges quelques peu dithyrambiques que l’écrivain George Sand adressait en 1852 dans la revue L’Illustration. Les chants cités sont d’ailleurs les mêmes !

[3À partir de 1845, Luzel a bénéficié de plusieurs missions officielles pour recueillir des manuscrits de mystères bretons.

[4Le texte breton a été publié par Joseph Ollivier dans Ma c’horn Bro, Quimper, Le Goaziou, 1943. L’orthographe a été revue par Ollivier et la fin du premier vers est un peu différente : « n’ho meus morse gwelet » (« je ne vous ai jamais vu » à la place de « n’ho anavean ket »(« Je ne vous connais pas »).

[5Traduction de Francis Gourvil, Théodore-Claude-Henri Hersart de la Villemarqué…, op.cit., p. 150-151.

[6« Épilogue. La renaissance bretonne ».

[7L’abbé Henry (1803-1880).

[8André-Julien Bijon. Fils d’un ferblantier de Pontivy, ville où il est né le 27 septembre 1822, il a d’abord été chirurgien de la marine et interne des hôpitaux maritimes à Brest avant d’être reçu docteur en médecine à Paris en décembre 1847. C’est alors qu’il vient s’installer à Quimperlé où il exercera jusqu’en 1873, date à laquelle il choisit de s’adonner pleinement à sa passion de la peinture qui lui avait déjà valu un prix à Paris en 1855 et à Nantes en 1861.

[9Le recueil de poésies de Luzel Bepred Breizad / Toujours Breton en 1865.

[10Il s’agit de « Peden ar mederrien euz ar mintin / Prière du matin des moissonneurs », qui porte cette dédicace : « Da Varz breiz-Izell, / An Aotro Th. Kermarker » (Au Barde de la Basse-Bretagne / Monsieur Th. De la Villemarqué) ».

[11D’autant plus, par exemple, que le recueil s’ouvre par le poème « Breiz-Izel », dont La Villemarqué avait fait l’éloge.

[12Anatole Le Braz, Le Théâtre celtique, Paris, Calmann-Lévy, 1905, p.122.

[13Le grand mystère de Jésus : passion et résurrection : drame breton du Moyen-Age avec une étude sur le théâtre chez les nations celtiques, Paris, Didier, 1865.

[14Lettre de Luzel à Le Scour du 5 février 1867 Archives Départementales du Finistère, 44J 120.

[15Lettre à Renan du 30 mai 1866, publiée par Pierre Le Roux dans les Annales de Bretagne, tome XL, 1933, p. 556.

[16Il ne sera publié que bien plus tard, en 1889, chez Cotonnec à Quimper.

[17D’Arbois de Jubainville, Revue Celtique, XXI, 1900, p.262.

[18Lettre à Le Scour, Archives départementales du Finistère, fonds Jaffrennou 44J120.

[19Daté de Lorient le 7 janvier 1868.

[20« Trois bonnes récoltes », p. 45-54.

[21Il s’agit du passage d’une lettre de Voltaire à l’abbé Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet, dateé de Ferney le 5 janvier 1767. À propos d’une épître du philosophe de Sans-Souci, dans laquelle il manque un e muet, Voltaire écrit exactement : « Elle a été imprimée à son insu par ceux qui cherchent toutes les pièces manuscrites et qui, dans leur empressement de les imprimer, les donnent souvent au public toute défigurées. » Voltaire, Œuvres complètes. Correspondance VIII (1765-1767), Bibliothèque de la Pléiade, 1893, lettre 9824, p.826.

[22Publiée par Pierre Le Roux, Annales de Bretagne, op. cit., XL, 1932-33, p. 715-716.

[23Fonds La Villemarqué, 3.37.

[24Fonds La Villemarqué, 3.36.

[25Archives départementale du Finistère, fonds Taldir Jaffrennou, 44J120.

[26Lettre conservée à la Bibliothèque municipale de Quimper, ms 50, lettre du 5 juin 1872.

[27« Je chante pour les jeunes filles et les enfants », citation d’Horace, Odes, III, I, 4.

[28Anatole Le Braz (1859-1926)

[29Abbé Jean-Marie Abgrall (1846-1926)

[30Archives La Villemarqué.

[31Lettre à Louis Terrier publiée dans le journal de Quimperlé L’Union Agricole et Maritime du 1er mars 1895.