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Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

La Tradition. Historique

Christelle Ventura

IIAC-LAHIC, Paris

2012
Pour citer cet article

Ventura, Christelle, 2012. « La Tradition. Historique », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article517.html

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Publié dans le cadre du thème de recherche « Réseaux, revues et sociétés savantes en France et en Europe (1870-1920) », dirigé par Claudie Voisenat (Ministère de la Culture, Héritages) et Jean-Christophe Monferran (CNRS, Héritages).

Le 25 juillet 1886, dans la Revue des Traditions populaires, le comité de rédaction, dirigée conjointement par Paul Sébillot, fondateur de la revue, et Henri Carnoy, secrétaire de la rédaction, publie un article demandé à Gabriel Vicaire sur « la façon dont nous comprenons les études de Folk-lore » (RTP, 1886 : 189). Gabriel Vicaire dresse dans sa lettre datée du 10 juillet 1886 à Ambérieu-sur-Bugey (RTP, 1886 : 189-191) un constat des critiques formulées à l’égard de la Revue des Traditions populaires qui paraît dans le 7e numéro de sa première année d’existence :
« On a trouvé assez généralement que la partie documentaire pure y tenait trop de place, que les matériaux choisis ne l’étaient pas toujours avec discernement et que surtout il avait été fait un véritable abus de formulettes, devinettes et autres babioles » (Idem : 189)
Gabriel Vicaire défend les entreprises de collecte et justifie l’apport documentaire de la Revue des Traditions populaires par la présence dans les colonnes de la revue de personnalités diverses travaillant sur ces ressources. Il n’est donc pas ici question d’une accumulation de transcriptions mais de la volonté d’élaborer un vaste réseau de personnalités exploitant la manne documentaire.
« Sortir du cadre un peu banal et superficiel, où se sont trop délibérément enfermés la plupart de nos Folkloristes (…) Nous faisons appel à tous les membres de la Société des Traditions populaires, et nous les prions de vouloir bien nous suivre dans la voie où nous allons entrer » (Idem : 190-191)

En avril 1887 paraît le premier numéro de La Tradition, une nouvelle revue sur les traditions populaires dirigée par Henri Carnoy et Emile Blémont. Henri Carnoy a dès lors quitté la RTP et crée ce nouveau mensuel sous-titré Revue générale des contes, légendes, chants, usages, tradition et arts populaires. Dès l’introduction du « Programme », signé par Emile Blémont, la nouvelle revue se pose en réaction à la Revue des traditions populaires en reprenant à son compte l’article de Gabriel Vicaire et annonce souhaiter remplir le programme énoncé alors, considérant que la Revue des traditions populaires a faillit dans cet objectif.
« Nous aurions voulu n’avoir pas à fonder un nouvel organe de la Tradition populaire ; et nous avons espéré longtemps que ce souci nous serait épargné. En juillet 1886, « nos idées sur le Traditionnisme » ont été formulées par notre ami Gabriel Vicaire (…). Il ne restait plus qu’à les appliquer. Ce fut le contraire qui advint (…) Il résulte que nous devons mettre nous-mêmes notre programme à exécution. » (La Tradition, n°1, avril 1887 : 1).

Mensuel paraissant le 15 de chaque mois, La Tradition se présente alors comme une revue et non un recueil.
Dans le numéro de janvier 1894, Henry Carnoy annonce la démission d’Emile Blémont de la rédaction de La Tradition. Il prends alors seul les rennes de la revue jusqu’à son interruption de publication entre avril 1897 et janvier 1900, date à laquelle il est rejoint par Beaurepaire-Froment à la direction de la revue. De janvier 1901 à décembre 1905, la revue paraît en orthographe simplifiée, sans doute sous l’impulsion de Beaurepaire-Froment qui quitte La Tradition à cette date pour fonder sa propre revue, la Revue du traditionnisme français et étranger (1906-1914), qu’il présente ainsi dans le premier numéro :
« De janvier 1900 à décembre 1905, M. de Beaurepaire-Froment a effectivement dirigé La Tradition et a fait les frais de publication des six années de la revue. M. Henry Carnoy ayant cédé la propriété de La Tradition, M. de Beaurepaire-Froment doit faire paraître une revue portant un autre titre. »