Accueil
Encyclopédie internationale
des histoires de l’anthropologie

Dans le labyrinthe de l’anthropologie et de l’histoire : Vie et œuvre de Julio Caro Baroja

Carmen Ortiz García

Instituto de Historia, CSIC/Consejo Superior de Investigaciones Científicas – Madrid

2018
Pour citer cet article

Ortiz García, Carmen, 2018. « Dans le labyrinthe de l’anthropologie et de l’histoire : Vie et œuvre de Julio Caro Baroja », in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.

URL Bérose : article1280.html

Télécharger en pdf

Julio Caro Baroja est né à Madrid, le 13 novembre 1914, dans une famille d’intellectuels renommés, dont les plus célèbres sont ses oncles le romancier Pío Baroja (1872-1956) et Ricardo Baroja, peintre (1871-1953). Tout au long de sa vie active et jusqu’à sa mort, survenue le 18 août 1995 à Vera de Bidasoa (Guipúzcoa), il mène des recherches qui comptent parmi les plus originales et les plus reconnues sur le plan international pour un auteur espagnol dans le domaine de l’anthropologie culturelle et de l’histoire sociale.

Après avoir passé son baccalauréat à l’Instituto Escuela, associé à la libérale Institución libre de enseñanza, il commence des études d’histoire à l’Université centrale de Madrid. Elles sont interrompues par les années de guerre civile qu’il passe dans la maison familiale des Baroja, dans la ville frontalière de Vera de Bidasoa. Il reprend le chemin de l’université après la guerre, et obtient un doctorat d’histoire ancienne en 1942, avec une thèse sur les cultes et rites anciens dans le folklore espagnol (Viejos cultos y viejos ritos en el folklore de España) qui sera au cœur de la trilogie qu’il consacrera par la suite au cycle des fêtes traditionnelles. Dans l’immédiat après-guerre, Julio Caro tente une carrière universitaire ; entre 1943 et 1945, il travaille comme assistant à l’Université centrale et à l’Institut d’anthropologie nouvellement créé au sein de l’organisme mis en place par la dictature pour centraliser l’activité scientifique du pays, le Conseil supérieur de la recherche scientifique (Consejo Superior de Investigaciones Científicas, CSIC). En 1944, il est nommé directeur du Musée du peuple espagnol (Museo del Pueblo español), fondé par le gouvernement républicain peu avant la guerre et consacré à l’ethnographie espagnole, poste qu’il occupe jusqu’en 1955.

Plusieurs de ses tentatives pour obtenir un poste d’enseignement à l’université échouent, sans aucun doute en raison de l’entreprise d’épuration idéologique de la science et de l’enseignement supérieur menée par la dictature franquiste. Aussi Julio Caro décide-t-il de rester hors de l’Université, renonçant à son ambition d’y faire carrière. Il sera cependant sporadiquement lié à divers centres universitaires comme l’université de Coimbra où il enseigne entre 1957 et 1960. Cette même année, il est invité par Isac Chiva à donner un séminaire en tant que directeur d’études à la VIe section de l’EPHE (École pratique des hautes études) à Paris. Dans les années 1980, il est nommé professeur à l’université du Pays basque et il donne une importante série de cours annuels au CSIC à Madrid. Cette situation en marge du système académique l’empêchera de faire école, de former des disciples susceptibles d’assurer la continuité de son œuvre, conférant à son projet de recherche une tonalité très personnelle ou « privée », comme il aimait lui-même à dire.

Cet éloignement vis-à-vis d’une université franquiste sclérosée ne signifie pas pour autant qu’il était isolé ni que ses enquêtes manquaient de reconnaissance, tant au niveau national qu’international. Julio Caro se lie ainsi d’amitié et fait du terrain avec deux anthropologues étrangers très importants dans l’histoire de la discipline en Espagne. Entre 1949 et 1950, il conseille et accompagne George Foster dans un vaste travail de terrain qui débouche sur d’importants résultats et, en 1951, Caro a l’occasion de voir à l’œuvre la puissante anthropologie états-unienne développée par l’école de Franz Boas lors d’un séjour parrainé par Foster à la Smithsonian Institution à Washington. Le tandem qu’il forme avec George Foster fera de Caro un contact et une référence au niveau local pour les anthropologues états-uniens dans les années 1970 et 1980 à qui l’Espagne offre un terrain favorable pour mener à bien leur enquête ethnographique sur des communautés locales (M. Kenny, W. A. Douglass, D. Greenwood, etc.). Mais c’est surtout avec un autre anthropologue anglo-saxon, finalement installé en France, Julian Pitt-Rivers, que Julio Caro entretiendra une longue relation d’amitié et de coopération mutuelle, depuis leur rencontre en 1949, alors que l’anthropologue britannique était installé dans le village andalou de Grazalema où il réalisait l’ethnographie de sa thèse qui donnera naissance à son fameux People of the Sierra, publié en 1954 et dédié à Julio Caro Baroja. Grâce à Pitt-Rivers, Caro effectue deux séjours de recherche à Oxford à l’Institut d’anthropologie sociale, dirigé par Evans-Pritchard, en 1952 et 1953. Pitt-Rivers introduit également son collègue espagnol dans le groupe des anthropologues qui, sous les auspices de la Wenner-Gren Foundation, organise, lors de leur première rencontre à l’été 1959 à Burg Waterstein, la recherche européenne et américaine autour d’un nouvel objet d’étude, l’anthropologie sociale de la Méditerranée.

Bien que Caro ait été élu membre de l’Académie d’histoire espagnole dès 1963, ce n’est que dans la période démocratique, après la mort de Franco, qu’il sera reconnu comme une référence intellectuelle par les nouvelles générations de chercheurs en sciences sociales qui lui consacreront un premier hommage en 1978. Il recevra par la suite les plus grands honneurs académiques (en 1983, prix Prince des Asturies pour les sciences sociales, élu membre honoraire du Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, et en 1985, Prix national de littérature et membre l’année suivante de l’Académie de la langue espagnole). Sa puissance de travail se manifeste, au cours des années 1980, par la publication d’un grand nombre de livres et d’études ainsi que d’articles dans les journaux. Il crée dans le même temps une œuvre littéraire et montre un goût de plus en plus vif pour la peinture et le dessin qu’il pratiquera jusqu’à la fin de sa vie. Resté célibataire, sans enfants, Julio Caro vit ses dernières années retiré dans la maison familiale au Pays basque, entouré de l’affection et des soins de son frère Pío Caro Baroja et de ses proches.

Julio Caro Baroja a toujours été un anthropologue qui montra un fort penchant historiciste. Ses relations difficiles avec l’anthropologie sociale britannique de son époque, tout comme le jugement dépréciatif attaché à ses travaux, considérés comme excentriques et incompatibles avec l’anthropologie sociale moderne qui avait pris pied dans l’université espagnole au cours des années 1970, s’expliquaient fondamentalement par son attachement résolu à la nécessité méthodologique de donner une profondeur historique à l’analyse anthropologique de la culture. Dans sa longue carrière de chercheur, on peut distinguer des variantes dans la façon dont il fait intervenir le contexte historique dans l’analyse socioculturelle de phénomènes très divers. Cependant, au-delà de cette évolution logique de sa pensée, sa recherche s’apparente à un projet global de connaissance de la réalité environnante, guidé par le principe fondamental que l’on peut combiner l’observation ethnographique synchronique avec le recours à des sources ou à des contextes historiques précis. Aussi n’y a t-il pas de contradiction dans l’utilisation des deux registres, ni de prééminence de l’un sur l’autre. Au contraire, la méthodologie, le recours à l’un ou à l’autre, dépendra des intérêts, des thèmes, des objectifs, en un mot, du cas concret rencontré dans chaque enquête.

Par-delà les évolutions méthodologiques, la diversité des problèmes et des questions posés au cours de la recherche, qu’elle fasse appelle à la réalité ethnographique ou au contexte historique, l’énorme bibliographie de Julio Caro Baroja (plus de mille titres dont trente-cinq livres) dénote une œuvre d’une grande cohérence. Loin de la dispersion qui lui est habituellement reprochée, elle forme un projet unique, développé selon de multiples lignes, pour comprendre, d’une part, la réalité – celle avec laquelle on ressent une proximité – et, d’autre part, la connaissance qu’on élabore de cette réalité, qui inclut le savoir scientifique, la connaissance intellectuelle (d’où l’importance qu’il accorde à l’histoire de l’anthropologie), ainsi que d’autres formes de construction rationnelle ou pseudo-rationnelle de ce même monde environnant – et qui constituent l’objet central de son travail sur les mentalités magiques ou les visions du monde d’individus ou de groupes marginalisés –, et qui s’étend enfin aussi aux idées rationnelles ou avancées pour justifier la différence et les actions du pouvoir sur cette différence.

Un lieu commun très répandu catalogue Julio Caro Baroja comme anthropologue spécialiste des études sur les Basques. Il est en effet issu de deux lignées basques ; ses premiers professeurs et ses premières publications se consacraient à la culture et à la langue basques qui ont inspiré sa vocation anthropologique. Son premier livre, publié alors qu’il n’a que vingt ans, s’intitule Tres estudios etnográficos relativos al País Vasco (Trois études ethnographiques sur le Pays Basque) (1934). Il tirera également de ses premières recherches sur le terrain, menées sous la direction méthodologique de J. M. de Barandiaran, un prêtre basque, disciple de l’école allemande des cercles culturels (Kulturkreise), une monographie de « communauté » dans la localité où Caro passera de longues périodes tout au long de sa vie, La Vida rural en Vera de Bidasoa (La vie rurale en Vera de Bidasoa) (1944). Les matériaux qui fondent les analyses importantes qu’il publie dans les années 1940 seront préférentiellement basques ; il s’agit de Algunos mitos españoles (Certains mythes espagnols) (1946), Los pueblos del Norte de la Península Ibérica (Les peuples du nord de la Péninsule Ibérique) (1943), Los pueblos de España. Ensayo de etnología (Les peuples de l’Espagne. Essai d’ethnologie) (1946), et surtout, enfin, de Los vascos. Etnología (Les basques. Ethnologie) (1949). L’historicisme, la mise en relation de l’ethnologie et de la préhistoire, l’adhésion aux postulats de l’école diffusionniste austro-allemande sont les traits caractéristiques de tous ces travaux. Les Basques ne seront pas seulement un sujet d’étude scientifique pour Caro Baroja dans cette période de sa vie scientifique clairement sous influence allemande. La culture, la langue et l’identité du Pays basque constitueront un motif permanent de réflexion pour l’auteur, qui peut être considéré comme l’un des plus grands connaisseurs de ce domaine. Dans les années 1970 commence la publication de la série de ses Estudios Vascos (Etudes Basques), qui rassemble tous ses écrits, incluant également l’analyse des conflits politiques et la question de la violence qui entoure l’idéologie nationaliste basque du dernier tiers du XXe siècle, totalisant 19 volumes parmi lesquels El laberinto vasco (Le labyrinthe basque) (1984) et Problemas vascos de ayer y de hoy (Les problèmes basques d’hier et d’aujourd’hui) (1986).

La décennie que Julio Caro passe en tant que directeur du Musée du peuple espagnol à Madrid (1944-1955) inaugure une veine de recherches consacrées à la culture matérielle et à la technologie traditionnelle, singulière, et dans laquelle ses talents de dessinateur se révèlent particulièrement utiles. Ses carnets de terrain sont publiés en 1979 et ses articles technologiques réunis dans un livre, Tecnología popular española (Technologie populaire espagnole) en 1983.

Les années 1950 représentent une rupture dans les orientations, méthodes et sujets de recherche que choisit Julio Caro. Si, auparavant, ses lieux d’investigation privilégiés étaient situés au Pays basque, son travail à Madrid et les relations qu’il entretient avec ses collègues espagnols et étrangers lui fournissent l’occasion d’entreprendre des études de terrain très différentes. Parmi celles-ci, la plus notable sera le travail effectué en 1953 parmi les groupes nomades du Sahara occidental, alors colonie espagnole. Ce terrain donnera lieu à deux livres exceptionnels, à la fois dans l’histoire de son auteur et dans l’histoire de l’anthropologie espagnole, Estudios saharianos (Études sahariennes) (1955) et Estudios mogrebíes (Études maghrébines) (1957). Ces livres portent non seulement sur la vie, l’évolution historique et le type de culture de plusieurs tribus nomades du désert, mais aussi sur la manière particulière dont le colonialisme africain s’est développé en Espagne. Travail exceptionnel à trois titres : c’est la seule ethnographie faite par Caro en dehors de son environnement culturel et linguistique habituel ; sa qualité est d’autant plus remarquable que ce terrain n’a duré que trois mois – suivi de plusieurs autres consacrés à des recherches bibliographiques à Oxford –, et enfin, l’œuvre est d’autant plus rare (et appréciée des Sahraouis actuels) que la communauté anthropologique espagnole, jusqu’à une date récente, produisait peu de monographies qui ne s’intéressaient pas au territoire national.

Si, dans les années 1940, l’influence allemande était évidente, dans les années 1950 et 1960, ses intérêts sont davantage liés au monde anglo-saxon et à certaines idées fonctionnalistes et structuralistes. Mais le positionnement ouvertement historiciste de Caro Baroja n’était pas compatible avec la version classique du fonctionnalisme exposée par Malinowski ou Radcliffe-Brown, fondée sur la synchronie et inspirée par le modèle de sociétés relativement isolées et simples. Ses travaux reprennent la critique et l’adaptation de la théorie fonctionnaliste aux sociétés complexes à tradition écrite proposées par Evans-Pritchard, sans qu’on puisse l’affilier pour autant à l’école d’anthropologie sociale britannique. On peut dire qu’à ce stade de sa carrière, Caro a trouvé sa propre méthode, à distance de toute école théorique ou méthodologique, qu’il qualifie de « structuralisme historique », expression qu’il emploie pour la première fois en 1961 dans son travail le plus célèbre, Las brujas y su mundo (Les sorcières et leur monde).

Julio Caro Baroja atteint sa période de maturité en tant que chercheur entre les années 1960 et 1980, quand il adopte l’étiquette d’historien social qui lui convient mieux que celle d’anthropologue à proprement parler. Il considère l’histoire sociale – ou l’anthropologie historique – comme la discipline à laquelle se consacrent les anthropologues qui étudient le développement historique d’une société. En vingt ans, Caro publie un nombre impressionnant d’articles et de livres, tous d’une qualité remarquable. On est frappé, par exemple, par la liste de ses publications dans un de ses domaines privilégiés à cette époque, le monde religieux et les conflits entre croyances. Elle commence avec Los moriscos del reino de Granada (Les morisques du royaume de Grenade) (1957), se poursuit avec son livre sur les sorcières, Los judíos en la España moderna y contemporánea (Les Juifs dans l’Espagne moderne et contemporaine) (1961-1962), El Carnaval (Le carnaval) (1965), suivi par deux autres monographies sur le cycle des fêtes traditionnelles au printemps et en été, en 1979 et 1984 ; Vidas mágicas e Inquisición (Vies magiques et Inquisition) (1967), Inquisición, brujería y criptojudaísmo (Inquisition, sorcellerie et cryptojudaïsme) (1970), De la superstición al ateísmo. Meditaciones antropológicas (De la superstition à l’athéisme. Méditations anthropologiques) (1974), Las formas complejas de la vida religiosa (Les formes complexes de la vie religieuse) (1978) et elle s’achève avec Introducción a una historia contemporánea del anticlericalismo español (Introduction à une histoire contemporaine de l’anticléricalisme espagnol) (1980).

L’attention accordée par Caro à la pensée archétypale – illustrée dans son livre El mito del carácter nacional (Le mythe du caractère national) (1970) – et aux caractérisations locales des groupes et des individus en fonction de leur métier, de leur famille ou de leurs croyances traverse l’ensemble du travail qu’il consacre à la croyance et à la pratique religieuses. Il porte aussi un grand intérêt à la biographie, à la fois comme genre littéraire et comme méthode efficace de connaissance anthropologique, comme il le défend dans son discours d’entrée à l’Académie espagnole, consacré au Género biográfico y conocimiento antropológico (Genre biographique et connaissance anthropologique) (1985). Sa propre biographie, un de ses livres les plus populaires, écrit sous la forme de souvenirs de famille, Los Baroja (1972) se détache des portraits de collègues et d’enseignants qu’il a laissés. Mais on reconnaît l’importance qu’il accorde à la biographie individuelle en tant que forme de connaissance anthropologique et historique essentiellement dans des livres comme El señor inquisidor y otras vidas por oficio (Le Seigneur inquisiteur et d’autres vies par métier) (1968), Vidas mágicas e Inquisición (Vies magiques et Inquisition) (1967) ou Vidas poco paralelas (con perdón de Plutarco) (Vies peu parallèles (avec le pardon de Plutarque) (1981).

Enfin, l’une des critiques récurrentes adressées à l’œuvre de Caro Baroja porte sur l’érudition excessive et permanente qui caractérise tous ses livres, en rendant parfois la lecture difficile. À cela s’ajoute le reproche d’un défaut de soutien théorique ou méthodologique qui structurerait cette avalanche de données. Caro Baroja fait pourtant montre d’un souci constant d’étayer l’interprétation des faits culturels par une théorie, même si cela n’exclut ni les difficultés ni les doutes. Plusieurs de ses livres rappellent les principes qui ont été historiquement au fondement de la pensée anthropologique, pour montrer la variété des réponses successivement apportées aux mêmes questions fondamentales et comment, en fonction de différents facteurs, certaines ont eu une plus grande portée que d’autres. Déjà en 1949, il avait exposé pour la première fois les concepts clés et l’histoire la plus récente de la discipline anthropologique dans Análisis de la cultura. Etnología-Historia-Folklore (L’analyse de la culture. Ethnologie-Histoire-Folklore) (1949). Il y reviendra dans les deux derniers livres qu’il consacrera aux moments fondamentaux de la pensée anthropologique : La aurora del pensamiento antropológico. La antropología de los clásicos griegos y latinos (L’aurore de la pensée anthropologique. L’anthropologie des classiques grecs et latins) (1983) et Los fundamentos del pensamiento antropológico moderno (Les fondements de la pensée anthropologique moderne) (1985). Deux autres livres, La cara, espejo del alma. Historia de la fisiognómica (Le visage, miroir de l’âme. Histoire de la physiognomonie) (1987) et Las falsificaciones de la historia, en relación con la de España (Les falsifications de l’histoire, par rapport à celle de l’Espagne) (1991), témoignent pour leur part de la curiosité de l’auteur pour les fourvoiements de la connaissance « scientifique » de l’humanité et de ses faits. Il y exprime par ailleurs son attachement au caractère cumulatif des connaissances auquel, historiquement – il y insiste – n’ont pas contribué que les paradigmes scientifiques et les innovations du moment ainsi qu’on semble le croire aujourd’hui.

Dans le développement de l’anthropologie espagnole, discipline qui a peiné à obtenir une légitimité scientifique et universitaire, et qui ne s’est pas distinguée par son originalité sur le plan théorique, le travail de recherche de Julio Caro Baroja occupe indiscutablement une place centrale. Outre ses nombreux apports à la connaissance de notre culture, il convient de souligner que sa vision générale de l’anthropologie comme discipline différait beaucoup de la conception classique qui fait du choc culturel et de l’observation du présent ethnographique les conditions nécessaires d’une approche anthropologique de l’altérité. S’il existe une illustration claire, voire paradigmatique, dans notre champ scientifique, des relations qui peuvent être établies entre l’anthropologie et l’histoire dans l’étude de sociétés complexes, c’est bien l’œuvre de Julio Caro Baroja.

Bibliographie

Publications monographiques de Julio Caro Baroja

-Tres estudios etnográficos relativos al País Vasco (Madrid : Caro Raggio, 1934).

- Viejos cultos y viejos ritos en el folklore de España (Tesis doctoral presentada el 7 de mayo de 1941 en la Facultad de Filosofía y Letras de la U. Central).

 Algunos mitos españoles (Ensayo de Mitología popular. Madrid : Editora Nacional, 1941.

- Los pueblos del Norte de la península ibérica (Análisis histórico cultural) (Madrid : CSIC, 1943).

- La vida rural en Vera de Bidasoa (Madrid : CSIC, 1944).

- Los pueblos de España. Ensayo de Etnología (Barcelona : edit. Barna, 1946).

- Los vascos. Etnología (San Sebastián : Biblioteca Vascongada de Amigos del País, 1949)

- Análisis de la cultura (Etnología-Historia-Folklore) (Barcelona : CSIC, 1949).

- Estudios saharianos (Madrid : CSIC, 1955) (reed. Gijón : Júcar, 1990).

 Estudios mogrebíes (Madrid : CSIC, 1957).

- Los moriscos del reino de Granada (Madrid : instituto de Estudios Políticos, 1957).

- Las brujas y su mundo (Madrid : Revista de Occidente, 1961). Traduit en anglais, 1964 ; allemand, 1967 ; français, 1972 ; portugais, 1988 ; italien, 1994.

- Los judíos en la España moderna y contemporánea (Madrid : Edics. Arión, 1961-1962), 3 vols.

- El Carnaval (Análisis histórico-cultural) (Madrid : Taurus, 1965). Traduit en français, 1979 ; italien, 1989..

- Vidas mágicas e Inquisición (Madrid : Taurus, 1967), 2 vols.

 El señor inquisidor y otras vidas por oficio (Madrid : Alianza, 1968). Traduit en allemand, 1990 ; polonais, 2000.

 El mito del carácter nacional. Meditaciones a contrapelo. Madrid : Seminarios y Ediciones, 1970. ). Traduit en français, 1975, 2001.

 Los Baroja (Memorias familiares) (Madrid : Taurus, 1972).

 Estudios Vascos (San Sebastián : Txertoa, 1973-1991), 19 Vols.

 De la superstición al ateísmo (Meditaciones antropológicas) (Madrid : Taurus, 1974).

- Las formas complejas de la vida religiosa. Religión, sociedad y carácter en la España de los siglos XVI y XVII (Madrid : Akal, 1978).

- La estación de amor (Fiestas populares de mayo a San Juan) (Madrid : Taurus, 1979).

 Cuadernos de campo (Madrid : Turner-Ministerio de Cultura, 1979).

 Introducción a una historia contemporánea del anticlericalismo español. Madrid : Istmo, 1980.

 Vidas poco paralelas (con perdón de Plutarco). Madrid : Turner, 1981.

 La aurora del pensamiento antropológico (La Antropología en los clásicos griegos y latinos) (Madrid : CSIC, 1983).

 Tecnología popular española (Madrid : Editora Nacional, 1983).

- El estío festivo (fiestas populares de verano) (Madrid : Taurus, 1984).

 El laberinto vasco. Estudios Vascos XII (San Sebastián : Txertoa, 1984).

 Los fundamentos del pensamiento antropológico moderno (Madrid : CSIC, 1985).

- Género biográfico y conocimiento antropológico (Madrid : Real Academia Española, 1986).

 Problemas vascos de ayer y hoy. Estudios Vascos XVI (San Sebastián : Txertoa, 1986)

 La cara, espejo del alma. Historia de la fisiognómica. (Barcelona : Círculo de Lectores, 1987).

 Las falsificaciones de la historia en relación con la de España. (Barcelona : Seix Barral, 1991).

  Una amistad andaluza. Correspondencia entre Julio Caro Baroja y Gerald Brenan. Traducción, introducción y notas de Carmen Caro (Madrid : Editorial Caro Raggio, 2005.

Publications sur Julio Caro Baroja

Azcona, Jesús : “Julio Caro Baroja : humanista y antropólogo”. Los Baroja : memoria y lección. (San Sebastián : Fundación Kutxa, 1998), p. 69-81.

Camarero, Gloria : “El cine en Julio Caro Baroja”. Revista de Historiografía, 4, 2006, p. 169-181.

Caro Baroja, Julio y Flores Arroyuelo, Francisco : Conversaciones en Itzea (Madrid : Alianza, 1991).

Caro Baroja, Pío : “Dibujos y pinturas de Julio Caro Baroja”, Guadalupe Rubio de Urquía (ed.), La tradición técnica del pueblo vasco : el hombre y su medio. Homenaje a Julio Caro Baroja. (Madrid : Banco de Bilbao-Vizcaya, 1997), pp. 39-51.

Carreira, Antonio : Bibliografía de Julio Caro Baroja (Madrid : Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, 2007).

Carreria, Antonio, Jesús A. Cid et Manuel Gutiérrez, Rogelio Rubio (eds.), Homenaje a Julio Caro Baroja. (Madrid : Centro de Investigaciones Sociaológicas, 1978).

Castilla Urbano, Francisco : El análisis social de Julio Caro Baroja : emprisimo y subjetividad. (Madrid : CSIC, 2003).

Foster, George : “Recollections of Julio Caro Baroja and Julian Pitt-Rivers”, en Honorio M. Velasco (dir.), La antropología como pasión y como práctica. Ensayos in honorem Julian Pitt-Rivers. (Madrid : CSIC, 2004), pp. 52-62.

Greenwood, Davydd : “Julio Caro Baroja : sus obras e ideas”, Ethnica, 2 (1971), pp. 79-97.

Gutiérrez Estévez, Manuel : “Demasiado antiguo, demasiado moderno”, Revista de Occidente, 184 (1996), pp. 45-62.

Maraña, F. Julio Caro Baroja. El hombre necesario. (San Sebastián : Bermingham, 1995).

Morales Moya, Antonio : “Caro Baroja : la moral y la historia”, Revista de Occidente, 184 (1996), pp. 63-79.

Ortiz García, Carmen : “Julio Caro Baroja, antropólogo e historiador social”, Revista de Dialectología y Tradiciones Populares, LI, 1 (1996), pp. 283-301.

Ortiz García, Carmen : “Andanzas africanas de Julio Caro Baroja”, Revista de Historiografía, 4 (2006), pp. 153-168.

Paniagua, Juan Antonio : Etnohistoria y religión en la Antropología de Julio Caro Baroja. (Fuenlabrada : Diedycul, 2003).

Pitt-Rivers, Julian : “A Personal Memoir”, Homenaje a Julio Caro Baroja. (Madrid : Centro de Investigaciones Sociológicas, 1978), pp. 887-893.

Porcel, Baltasar : Retrato de Julio Caro Baroja. (Barcelona : Círculo de Lectores, 1986).

VV. AA. : Julio Caro Baroja. Premio Nacional de las Letras Españolas 1985. (Barcelona : Anthropos, 1989).

VV. AA. : Memoria de Julio Caro Baroja. (Madrid : Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, 2005).

Velasco, Honorio M. y Caro, Carmen (eds.) : De Julian a Julio y de Julio a Julian. Correspondencia entre Julio Caro Baroja y Julian Pitt-Rivers (1949-1991). (Madrid : CSIC, 2015).

Voir aussi :

http://biblioteca.cchs.csic.es/bibliografias/caro_baroja/index_caro.php